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lundi, 24 septembre 2018

Motivations...

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Monsieur le Directeur des Ressources Humaines de « La retraite enchantée».

Si je tiens absolument à travailler dans votre mouroir résidence pour seniors, c’est qu’après avoir pesé les avantages et les inconvénients du poste de « brancardier et aide aux autres menus travaux » que vous proposez vis à vis des postes de caissier  d’assistant financier chez Casifour ou de manutentionnaire chef de gondole chez Carrechan il m’est apparu que vous l’emportiez haut la main.
Ce n’est évidemment pas le salaire qui est l’élément déterminant puisque vous proposez le même que vos homologues d’autres entreprises, soit 9,88 €uros bruts de l’heure.
Ce n’est pas non plus l’habitude que vous avez de proposer des horaires qui, pour réduits qu’ils sont, mobilisent entre huit et douze heures par jour pour un horaire effectivement payé ne dépassant pas vingt à trente heures par semaine.
C’est sans doute, ai-je pensé car au fait de vos problèmes, pour maintenir chez le salarié une obéissance de bon aloi,
Je ne m’étendrai pas non plus sur le fait que ces heures sont étalées parfois sur six jours.
Il faut bien user de stratagèmes efficaces si on veut que le personnel ne perde pas son temps, donc le vôtre, à chercher un autre employeur, ce qui mettrait vos plannings en difficulté.

Non Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, ce qui m’a conduit à opter pour l’emploi passionnant que vous proposez, c’est l’absence de risque inhérent au métier de brancardier-aide-soignant-technicien de surface.
Surtout dans une maison de retraite telle que la vôtre.

En effet, considérez, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, que le poste d’hôte de caisse, outre la tentation bien compréhensible, vu la modicité de la rétribution allouée, de confondre le tiroir caisse avec sa poche, il y a le risque inacceptable de prendre un mauvais coup dû à la panique d’un braqueur au son de la sirène déclenchée par un collègue, héros à peu de frais, le braqueur n’étant pas devant sa caisse mais devant la mienne.
Considérez aussi, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, que la tentation est bien grande, pour un  manutentionnaire « Manager de Rayon », de chaparder la boîte de cassoulet qui lui permettra le seul repas un peu nourrissant de la journée, repas que ses maigres émoluments ne lui permettraient qu’une fois par semaine.
Toutes tentations qui conduisent inéluctablement au licenciement pour faute lourde…
Tandis que dans votre petite entreprise de pompage de ressources de vieillards  maison de retraite, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, le risque encouru par le brancardier-aide-soignant-technicien de surface est quasiment nul.
En effet, dans votre « Résidence pour Seniors », qui irait se plaindre de la glissade fatale d’un impotent ?
Qui songerait à réprimander le brancardier qui échappe malencontreusement la vieillarde qui a un pied dans la tombe et du coup le deuxième, vous laissant hériter ce superbe appartement du IXème près de Saint Georges ?
Surtout si c’est celle-là même qui appelle à longueur de journée les trois infirmières qui s’occupent de vos deux cents pensionnaires ?
Personne, rassurez-vous !
Le fait de ramasser un porte-monnaie qui traîne négligemment sur une table de nuit n’est pas répréhensible, d’autant que les vieux perdent souvent la tête et donc leur porte-monnaie.

Voilà pourquoi, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, je tiens absolument à travailler dans votre Résidence pour Seniors.
Le « deal » comme disent les jeunes gens, est correct : Au décès du pensionnaire, à vous son appartement, à moi le porte-monnaie.

Surtout que vous serez absolument assuré de ma discrétion si, par un hasard malencontreux, j’en venais à remarquer, comme lors de mon premier entretien avec vous, que certaines de vos infirmières, surmenées par des journées de douze heures, dont cinq heures supplémentaires rémunérées 11,25 €uros brut jamais versés –je leur ai demandé- ne peuvent se retenir de gifler certaines pensionnaires baignant dans leurs déjections.
Et puis il y a la prime impromptue de ce métier : Le brancardier ne travaille pas en permanence pendant sa vacation.
Ce qui amène le salaire par heure de travail réel quasiment à des émoluments de cadre supérieur.
Ce temps serait mis à profit pour surveiller les autres membres du personnel, toujours prêts à fomenter des troubles ou monter des cellules syndicales du plus mauvais effet auprès des investisseurs.
Soyez certain, Monsieur le Directeur des Ressources Humaines, que vous aurez en moi un fidèle soutien pour vous signaler discrètement ces brebis galeuses.
Cette dernière remarque montre bien que je suis tout à fait conscient des impératifs qui s’imposent à toute entreprise moderne et soucieuse du dividende attendu par vos investisseurs.

 

Commentaires

Tellement vrai...

Écrit par : mume | lundi, 24 septembre 2018

Tu me fais peur et tu oses dire que je ne crois plus en l'Homme.

Écrit par : heure-bleue | lundi, 24 septembre 2018

Froid dans le dos...

Écrit par : la Mère Castor | lundi, 24 septembre 2018

Tu crois que ça existe vraiment ?

J'ai jamais eu envie de ce genre d'établissement, mais alors là !!!! autant se flinguer avant !

(en tous les cas, tu es bien renseigné sur les taux horaires, c'est exactement ça mais aussi pour ceux et celles qui se déplacent. Bon ce n'est pas une tribune politique, donc je ne parlerai pas du courrier que j'ai reçu d'une société de services.)

Écrit par : Sophie | lundi, 24 septembre 2018

Malheureusement... c'est à peine exagéré...
Ma belle fille actuellement à mi temps, fait de horaires "coupés" avec 40km de route aller/retour,
dans un Etablissement de soins...

Écrit par : Fabie | lundi, 24 septembre 2018

Mon dieu mon dieu, ça déprime grave là.

En plus chez nous, la plupart de ces postes sont assurés par des Africains d'origine. ...

Écrit par : Pivoine | lundi, 24 septembre 2018

Ouh pinaise Marge !
¸¸.•*¨*• ☆

Écrit par : celestine | lundi, 24 septembre 2018

Merci pour ce texte virulent, audacieux et drôle dans toute sa cruauté. J'ajoute ; tellement vrai et je sais de quoi je parle !...

Écrit par : lakevio | lundi, 24 septembre 2018

Hélas oui, tellement vrai, il n'y a plus que de ces boulots là à présent. A peine carricaturé et d'ailleurs plus d'une fois, la réalité dépasse la fiction !

Écrit par : delia | lundi, 24 septembre 2018

Oh,la la ! Merci pour le moral :)

Écrit par : Nina | lundi, 24 septembre 2018

J'adore ton humour grinçant ! J'ai vu que tu es venu voir la Bourlingueuse, mais elle n'était pas encore assez réveillée pour éditer son post

Écrit par : Gwen | lundi, 24 septembre 2018

Eh bien Monsieur X. (qui n'avez pas signé votre lettre de motivation), moi la DRH de cette accueillante Maison de Retraite, je viens immédiatement vous informer que nous sommes prêts à vous engager
. En effet, de toute évidence, vous êtes très informé et comprenez les réalités de nos dures obligations envers nos anciens et envers nos actionnaires. Je vous félicite d'avoir pris conscience des abus exercés par les autres établissements que vous citez (Comme vous je pense que la Grande Distribution est vraiment trop exigente envers ses employés en CDD ou temporaires).
Je précise ici que c'est surtout la dernière partie de votre demande qui retient toute notre attention ; on ne dira jamais assez combien il est appréciable de pouvoir compter sur certains personnels lorsqu'ils constatent des comportements absolument inadmisibles et contraires à la bonne marche de nos établissements et de leur réputation !
Je vous invite donc à revenir dans mon bureau dès cette demaine afin de prendre vos fonctions (pour une période d'essai de 3 mois) le lendemain même.
Je vous dis à très bientôt donc et vous prie de croire........

Écrit par : mimazhan | lundi, 24 septembre 2018

Gloup, on rigole bien chez toi. Mais, tout est si juste, si remarquablement bien raconté. Si, si.

La caissière, c'est vrai, j'ai eu travaillé comme ça 6/7 en mi-temps, la belle-soeur de ma fille est caissière à 30heures et travaille aussi en pointillé, fait aussi des heures sup...C'est ça la réalité d'aujourd'hui, que veut notre président pour tous les chômeurs, bosser une heure par ci, une heure par là, comme font les English et les allemands. Le modèle anglais ou allemand me fait doucement marrer. C'est ça qu'on veut pour nos jeunes ?
Quant aux maisons de retraite, on en parlait justement dimanche avec ma belle-soeur, qui disait, qu'heureusement, elle y allait tous les jours pour voir et s'occuper de son père devenu aveugle et en fauteuil roulant. Elle l'aide à manger son repas du soir et m'a dit que, pour les autres, le reportage vu à la télé ressemblait à ce qu'elle voyait tous les jours. Le pauvre, complètement amorphe quand elle arrive, retrouve un semblant de vie quand il voit arriver sa fille. Mais, pourquoi, bon dieu, ne trouve t-on pas d'autres formes d'hébergements plus humaines pour nos anciens et ne rase t-on pas toutes les maisons de retraite, ces mouroirs à fric pour fonds de pension ! Pour nous, ce sera demain. Que dieu ait pitié de nous ! Je remercierai presque dieu que belle-mère et mère n'aient pas eu à connaître ça..

Bon, allons voir si je vais rigoler ailleurs.

Écrit par : julie | lundi, 24 septembre 2018

et c'est moi qui manque de confiance dans le genre humain, hahaha ;-)

Écrit par : Adrienne | lundi, 24 septembre 2018

Enfin un salarié raisonnable qui renonce à chercher un emploi où il pourrait être grassement payé et tout dépenser dans de la consommation qui ne fait que polluer la planète.
En plus, s'il peut aider les vieux à mourir plus rapidement dans le cadre d'une saine politique de régulation de la population humaine, on ne peut que s'en réjouir.
Voilà un être humain qui a bien fait de traverser la rue.

Écrit par : alainx | lundi, 24 septembre 2018

voilà une lettre type à concerver précieusement ....on ne sait jamais ...ça pourrait servir ...!

Écrit par : emiliacelina | lundi, 24 septembre 2018

quelle lettre de motivation !!

Écrit par : ang/col | lundi, 24 septembre 2018

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