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mardi, 09 octobre 2018

Le plus bio du quartier.

Dites-moi, lectrices chéries, psys gratos chéries.
Vous ai-je déjà parlé de ma mère ?
La note qu’Adrienne a écrite ce matin, surtout l’effet dévastateur sur l’intestin fraternel de l’idée de faire la vaisselle, m’a rappelé de ces nombreux démêlés d’après dîner.
Évidemment le souvenir de la benjamine se précipitant à mi-étage la dernière assiette dans les mains de la cadette et la bouteille d’eau dans celles de ma grande-sœur, m’est revenu aussitôt.
Quant à moi, élevé dans la plus pure tradition machiste, il n’était pas question que je débarrassasse quelque table que ce fût.
En revanche, ma mère affolée à l’idée de savoir l’un de nous inoccupé, donc prêt à faire une bêtise,  me confiait la tâche ô combien ingrate de ranger les chaises autour de la table.
Il n’y paraît pas. Mais ranger six chaises autour d’une table pour quatre dont les rallonges étaient rentrées dans leur logement n’était pas une mince affaire.
Un soir cependant,  ça ne se passa pas comme prévu.
À peine le dîner terminé, ma mère fut prise de violentes douleurs.
Mon père, toujours secourable dans ces cas là, lâcha légèrement « je savais bien que le prix du gâteau allait lui rester sur l’estomac… »
Nous avons tous pensé que c’était grave car ma mère ne lui jeta pas à la figure le « Gaby !!! » des moments de colère.
Désarçonné, il redevint « Lemmy » le temps de descendre chez le bougnat appeler le médecin.
Lequel arriva, tâta le ventre de ma mère.
Ma mère bondit comme Abraracourcix dans « Le tour de Gaule d’Astérix » qui ne sortirait que trois ans plus tard dans « Pilote » le journal des lycéens tout comme Hara-Kiri…
Le médecin, un type au diagnostic fiable, la fit hospitaliser.
On retira la vésicule biliaire de ma mère, légèrement encombrée par un caillou gros comme une olive.
Je revois ce calcul dans sa petite éprouvette de verre bouchée par un tampon de coton.
On ne mettait pas à l’époque ce genre de chose dans de petites boîtes de plastique comme aujourd’hui et ce qui devait arriver arriva : L’éprouvette chut et se brisa, le caillou roula sous la glacière où il resta.
Ce caillou, une fois perdu de vue, se mit à grossir au hasard des récits de l’opération subie par ma mère.
Il atteignit, selon mon père, aux moments les plus dramatiques, la taille d’une pêche jaune importée d’Espagne.
Cela dit, pour être allé souvent voir ma mère à l’hôpital Lariboisière, je dois avouer que si ce caillou avait eu la taille d’un melon, je n’aurais pas été autrement étonné.
Imaginez-vous, lectrices chéries qui avez subi une cholécystectomie.
Si elle ne laissa chez vous que quelques petits trous vite disparus,  elle laissa chez ma mère, étripée de la pointe du sternum au pubis, une cicatrice monstrueuse.
Elle eût passé les vacances dans les geôles de la rue Lauriston en 1944 qu’elle n’eût pas été plus « défigurée du ventre » selon les mots de ma petite sœur.
Elle s’en remit néanmoins, presque heureuse d’avoir vécu une telle aventure qui allait lui servir des années durant à meubler les conversations quand elles se languissaient.
C’est de ce temps qu’elle prit l’habitude qui dura quasiment jusqu’à la mort, chaque fois qu’on lui demandait quelque chose qu’elle ne savait trop comment refuser, de nous dire « Oh… Tu sais mon petit garçon… Ça m’a fichu un sacré coup cette opération… Je ne sais pas si je tiendrai jusqu’à…»
Selon le moment, elle ajoutait dans un soupir « jusqu’à Noël », « jusqu’à Pâques » ou « ton anniversaire ».
Voilà où mène une cholécystectomie au début des sixties…

Commentaires

Chez nous, 3 filles et un garçon, les tâches se répartissaient 2 par 2,
2 mettaient la tables, 2 la débarrassaient; pas de souvenir que l'un de nous s'éclipsait...

Quant aux interventions chirurgicales, je dis souvent que je suis un vrai patchwork, des cicatrices un peu partout, mais bon il y a très longtemps que je ne mets plus qu'un maillot de bain 1 pièce. ;)

Écrit par : Fabie | mardi, 09 octobre 2018

Tu oses nous demander si tu nous as déjà parlé de ta mère ???? hi hihi

Il y avait un grand écart d'âge entre les trois filles et j'étais la petite dernière ; non que j'aie été le souffre-douleur des aînées, mais quand même soeur cadette exagérait (habitude qu'elle a gardée toute sa vie). De 7 ans mon aînée, elle avait toujours quelque chose de super urgent à faire, qui nécessitait qu'elle s'isole ailleurs que dans la cuisine (lieu de vie tout de même) ou qu'elle sorte pour une raison connue d'elle seule. Lorsque je regimbais, ma mère réglait le conflit à coup de torchon sur les mollets, torchon qu'elle nous mettait ensuite dans les mains.

Je me souviens être allée voir à l'hôpital quelqu'un qui nous montra 3 cailloux brunâtres, dont je me demandais (et me demande toujours) comment ils avaient pu se former.

J'ai la chance d'avoir une peau qui cicatrise admirablement : ce doit être pour ça que les chirurgiens ont tant de plaisir à "la travailler" ..... (je ricane)

Écrit par : Sophie | mardi, 09 octobre 2018

Le "petit coin" était l'endroit idéal pour s' isoler en faisant des mots-croisés. Maintenant, je n'ai plus besoin de "m'isoler" :)

Écrit par : Nina | mardi, 09 octobre 2018

J'aime bien quand tu racontes tes souvenirs. D'ailleurs, au fait, n'es-tu pas d'origine berrichonne par ta mère ? Dans ce cas, son attitude se comprend. A la campagne, ça se passait toujours comme ça.

Ma mère a aussi subi cette opération, comment t'appelles ça ? Une cholyctomie ? Quand elle allait à la clinique pour se faire opérer pour X raisons, là, nous étions sages comme des images, ne rechignant pas à savoir lequel débarrasserait la table. Ah, sa vésicule, on en a entendu parler longtemps aussi ! Me demande aussi si le petit (ou gros) caillou n'était pas exhibé à la vue de tous. D'ailleurs, quand elle partait se faire opérer ou qu'elle allait accoucher des derniers nés, nous avions peur qu'elle ne revienne pas. Une mère reste toujours une mère, même la plus terrible. La peur d'atterrir à la DDASS ou d'être vendue aux romanichels me terrorisait tellement. Même sans sa vésicule, ma mère a toujours aimé bien manger et a vécu jusqu'à 90 ans. Nous étions une belle tablée, toujours entre 8 et 10..Et, bien-sûr, comme tu le dis, cette corvée était réservée aux filles, enfin, disons que les garçons, dès qu'ils atteignaient l'âge vénérable de 14 ans, échappaient à ça, sous prétexte qu'ils devenaient des hommes, que ce n'était pas assez viril. Ca se passe encore comme ça, suffit que je me rappelle du dernier repas chez feu ma mère, il y a 15 jours... les hommes ne se sont pas levés de table, nous leur avons, nous femmes, apporté les plats, ensuite, ils se sont levés de table sans demander si nous voulions un coup de main. Mais, bon, à leur décharge, ils avaient d'autres choses plus viriles à faire, comme ramoner les cheminées, préparer les poêles pour l'hiver (poêles dont ça m'étonnerait qu'on se serve, à la rigueur pour la Toussaint, désherber….). Les garçons avaient droit aussi à leur premier verre de vin vers 14 ans. Grâce à "cette intronisation précoce", certains sont devenus par la suite des ivrognes patentés…

Une de mes belles-soeurs (une que ma mère aimait bien et n'a jamais critiqué) lui a posé, peu de temps avant qu'elle meure, la question "pourquoi avez-vous toujours montré de la préférence envers vos garçons ?"...Elle n'a pas démenti et a dit "c'est vrai, je ne sais pas pourquoi". D'ailleurs, le mari de cette belle-soeur, mon frère donc, est très affecté par la mort de notre mère. Il reste prostré toute la journée sans dire un mot. Ma belle-soeur a dit que ça lui avait fait du bien d'être en famille, il y a 15 jours. Pourtant, avant ses 14 ans, lui-aussi a ramassé pas mal de baffes. Mais, à 14 ans, finies les baffes, finis les coups de martinet, finies les corvées de vaisselle. Les garçons devenaient des rois à qui tout était dû. Bizarre, bizarre.

Pardon pour mon long com. Mais, tes souvenirs ravivent les miens, la mort de ma mère est trop récente. Bizarre d'ailleurs, étant donné qu'elle n'a jamais été très gentille envers ses filles, quoique, sur la fin de sa vie, elle s'accrochait de plus en plus à nous ses filles. Une fois nos parents morts, ne restent que les souvenirs. Mais, toi, tu avais au moins la chance que ta mère adore ton père, malgré ses "Lemmy" tonitruants. Si, si, quand tu nous parles d'elle, on ressent aussi son amour envers Lemmy. Un enfant ressent ces choses-là. Et moi, je ne peux pas dire que mon gentil père….bref, tu racontes vraiment bien.

Écrit par : julie | mardi, 09 octobre 2018

C'est vrai que tu racontes bien...

Écrit par : manoudanslaforet | mardi, 09 octobre 2018

un sacré personnage ta mère !

Écrit par : ang/col | mardi, 09 octobre 2018

chaque fois que tu parles de ta maman, je constate de nombreux points communs avec ma belle-mère (et dans notre cas ce mot n'a rien de péjoratif, on s'aimait beaucoup :-))

Écrit par : Adrienne | mardi, 09 octobre 2018

c'est chouette! Tu me fais rire le matin! J'ai aussi eu ce genre de caillou mais assez petit il s'est logé dans le canal du pancréas et je me suis retrouvée à l'hosto pour 3 semaines avec une pancréatite! Je suis passée tout près de la catastrophe! Très mauvais souvenirs! Seul benefice la perte de 10 kg! ....mais ça n'a pas duré ...helas!

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 10 octobre 2018

Désolée, j'ai eu beau tourner sept fois ma langue dans ma bouche,

votre phrase
"Elle eût passé les vacances dans les geôles de la rue Lauriston en 1944 "...
ne passe décidément pas.

sans doute parce que mon père fut le matricule 40 398 à Neuengamme
j'imagine que vous pourrez comprendre

Écrit par : lucile Avril | mercredi, 10 octobre 2018

Je ne connais pas le matricule de mon beau-père dans le même genre de camp.
En revanche, mon père a fait partie des gens qui ont probablement aidé votre père à revenir du sien.
Que vous soyez sensible, soit.
Je trouve juste votre susceptibilité terriblement mal placée.
Mon épouse aurait trouvé la chose choquante, placée comme elle l'est sur le sujet, n'ayez crainte, elle me l'aurait dit vertement et j'aurais tourné la chose autrement.

Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 10 octobre 2018

Comme quoi, mieux vaut ne pas avoir à vivre une cholécystectomie !

Écrit par : livfourmi | jeudi, 11 octobre 2018

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