Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 09 février 2019

Le ver de trop...

Ouais, bon, je sais…

20180629_155914 (1).jpg

Hier nous sommes allés au cimetière du Montparnasse et nous avons bien ri.
Heure-Bleue a un talent inné pour désacraliser n’importe quoi.
Dans une des allées menant au tombeau de Charles Baudelaire, un vieux monsieur avançait péniblement, à petits pas mesquins, on sentait bien qu’il y allait quasiment à reculons.
Cette démarche incertaine nous a d’abord inquiétés.
Va-t-il arriver au bout de l’allée ?
Ne va-t-il pas tomber sous peu ?
Heure-Bleue a eu à ce moment une illumination, de celles qui la rendent célèbre.
« Tiens ! Celui là est venu en reconnaissance… » a-t-elle dit le plus sérieusement du monde.
J’étais effectivement déjà venu dans ce cimetière mais il y a longtemps et m’étais sorti de l’esprit qu’il était si bien rangé.
C’est sans doute pour ça que je préfère, et de loin, le cimetière du Père Lachaise ou, mieux encore, le cimetière de Montmartre, beaucoup plus drôles et en foutoir.
Nulle part comme dans les cimetières –ou dans les bus- on ne voit combien l’humour de la nature est si bien exposé.
Je me rappelle ainsi un tombeau au cimetière du Père Lachaise, une copie à l’échelle ¼ du tombeau de Napoléon dans laquelle repose un certain monsieur Martin, tout à fait inconnu des foules.
Que dire des tombes que l’on voit au cimetière de Montmartre, où « Dédette et Poulet » reposent ensemble de leur dernier sommeil.
Certaines tombes vous poussent à refréner un fou-rire.
D’autres vous serrent le cœur, pleines de poésie.
D’autres encore vous font sentir la douleur des séparations éternelles.
Certaines vous parlent de ce manque de l’une qui ne cesse qu’avec la mort de l’autre…
Hier, « percé jusques au fond du cœur » par une bise effroyable, j’ai pensé en voyant cette tombe, qu’il y avait quand même eu quelqu’un pour penser qu’il y avait peut-être des morts frileux.
L’idée de la couette de verdure m’a, sur le moment, parue astucieuse bien que je ne sois pas pressé d’en vérifier l’efficacité…

20190208_161018.jpg

J’ai aussi constaté ce vendredi après-midi  que la dernière volonté d’un mort ne pesait pas lourd quand à ma grande surprise, je n’ai pas vu sur la tombe de Baudelaire, l’épitaphe qu’il avait préparée.

« Ci-gît qui, pour avoir par trop aimé les gaupes,
Descendit jeune encore au royaume des taupes. »

Il est vrai que Baudelaire repose dans un tombeau qui n’est pas le sien mais celui de son beau-père mort depuis dix ans.
Tout de même, que j’eusse aimé lire cette épitaphe.
Je suis sûr qu’Heure-Bleue m’aurais demandé « C’est quoi une gaupe ? »
D’ailleurs ça n’a pas raté.
À peine lui ai-je lu cette note –elle aime que je les lui lise à haute voix, les siennes et les miennes - qu’elle a dit « Oui, au fait, une « gaupe » c’est quoi ? »