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dimanche, 10 février 2019

La disparition...

Je la revois bien.
Très bien même.
Je l’avais vue la première fois en me rendant dans la petite pièce où vivait celle qui deviendra la lumière de mes jours.
Elle me fut présentée comme « l’amie d’enfance ».
Toutes deux étaient épaisses comme des « sandwiches SNCF » et toutes deux vêtues d’un « Newman » et d’une chemise.
Nous étions tous vêtus légèrement car il faisait très beau en ce printemps 1971.
Nous sommes repartis tous deux vers le métro, un peu empruntés, comme peuvent l’être deux jeunes gens de vingt-deux ans qui se croisent pour la première fois et échangent quelques paroles.
Oui nous avions vingt-deux ans…
C’est si loin et si près…
Elle retournait chez elle.
Je retournais chez moi dans le Marais car je ne m’incrustais qu’à doses homéopathiques chez la lumière de mes jours.
Arrivés à la station « La Chapelle » sur le quai du métro aérien, elle me regarda avec attention.
J’ai d’abord pensé que c’était pour tenter de voir si j’étais un danger pour son amie mais non, c’était simplement pour savoir.
- Tu viens d’où ?
- Comment ça ?
- Oui, d’où ? De quel pays ?
Je me rappelle avoir pensé « encore… »
- Pourquoi ça ?
- Parce que tu es quand même euh… « typé »…
Elle a ajouté « même très typé ».
Que voulez vous que je réponde à ça ?
- Je suis né à Paris.
- Ah ?
Toutes deux avaient de magnifiques yeux verts mais elle était une fille au teint mat, aux cheveux châtain clair, mi-longs et raides, pas frisés ni roux comme celle qui allait devenir la lumière de mes jours.
Elle connaissait depuis peu celui qui allait devenir son mari.
C’était un garçon au teint clair et aux cheveux bruns et est devenu lui aussi un ami.
Nous irons boire un café avec lui lundi.
Elle ne sera pas là.
Elle ne sera plus jamais là.
Elle ne sera plus là que dans nos esprits…
Les rangs s’éclaircissent beaucoup depuis quelques mois.
Nous sommes hélas arrivés à un âge embêtant.
Nos enfants sont mariés depuis des années.
Nos enfants sont trop grands pour en faire d’autres.
Nos petits-enfants sont trop jeunes pour en faire.
Pas de mariages, pas de naissances.
Ne nous restent que des morts à apprendre, des proches à enterrer et se rappeler.