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samedi, 12 octobre 2019

À l'encre de ses yeux...

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La lumière de mes jours m’a offert ce livre que j’ai aussitôt commencé.
Je vous le dis, lectrices chéries, ce Modiano est un type démoniaque !
Dès que je commence un de ses bouquins, j’en sors immédiatement pour vivre le mien.
Il me prend par la mémoire et me traîne dans des rues où nous avons usé les mêmes pavés.
Quand ce ne sont pas les mêmes rues ni les mêmes souvenirs, il ravive les miens et me pousse à m’enivrer de l’ambiance de ces moments enfuis.
Peu de mes souvenirs sont tristes, très peu même, mais assez curieusement, le rythme de ses phrases me pousse à clore les paupières pour revivre d’autres instants.
Je les ouvre à nouveau pour me replonger dans le Paris qu’il conte et, deux chapitres plus loin, je trébuche de nouveau sur un de ses souvenirs.
Je ne m’en relève que pour plonger dans les miens.
Je ne sais pourquoi, alors qu’il parcourt assez souvent le XVème, il conte toujours d’une façon qui fait irrésistiblement penser au IXème arrondissement.
Je suis sûr que ce type a traîné rue d’Hauteville et que les cafés où il s’est accoudé sont ceux qui étaient établis dans le quartier de mon lycée.
À certains moment, je sais qu’il a marché rue du Faubourg Poissonnière. Je reconnais certains détails.
Il me suffit à nouveau de fermer les yeux pour être dans ses pas.
Je le suis, descendant la rue, passant sans le dire devant le lycée Lamartine.
Ne me demandez pas pourquoi je sais qu’il est passé par là, je le sais, c’est tout.
D’ailleurs il y a peu, je l’ai entendu.
J’ai entendu cette élocution qu’on dit hésitante.
En réalité, il s’arrête, il dit quelque chose et pense déjà autre chose.
Il est déjà à revivre quelque chose qu’il n’a pas envie de nous dire mais qu’on devine.
Si vous avez déjà foulé les pavés de bois de la rue Rambuteau ou de la rue des Moines, ceux qu’on ressentait encore dans les années soixante, à la souplesse soudaine de la démarche, sous la fine couche d’asphalte, vous savez que vous avez changé de monde.
Si vous connaissez Paris et ouvrez un livre de Modiano, quel que soit le chapitre que vous commencez, vous foulez des pavés que vous connaissez sur le bout de la semelle.
Vous traversez des rues riches d’années que vous avez traversées, d’aventures que vous avez vécues, de vies que vous avez croisées…
Bref, Modiano vous montre des pans de votre vie qui vous comblent et que vous n’auriez jamais pensé à évoquer s’il n’avait pas forcé la serrure de votre boîte à souvenirs.
Modiano, c’est comme « SEB », c’est bien…
Non, en réalité c’est mieux.
Ça ne s’abîme pas avec le temps.
Il me fait toucher du doigt que le temps érode plus facilement mes genoux que mes souvenirs…

Commentaires

Oui, revivre les allées et venues dans les rues de sa jeunesse est un plaisir émouvant.

Écrit par : Nina | samedi, 12 octobre 2019

Plaisir que tu partages avec nous et c'est bien. C'est fabuleux même. il m'est arrivé de ressentir ce que tu décris avec le livre de Modiano. Moi c'était avec un autre livre, mais je crois que j'en avais parlé sans doute chez moi. (https://deshirondellesetdespapillons.blogspot.com/2019/05/un-livre-une-histoire.html). (excuses pour la pub ! lol! ) et c'est vrai qu'en plus du bonheur de retrouver des indices, connus, on en retire une impression étrange mais agréable.

Écrit par : delia | samedi, 12 octobre 2019

Bon, comme j'ai dit ailleurs ce que je pensais de votre "relation", je ne re-itère pas : ton billet confirme seulement mon comm. d'alors !

Écrit par : Sophie | samedi, 12 octobre 2019

ultra-fan, à ce que je vois ;-)

Écrit par : Adrienne | samedi, 12 octobre 2019

La lumière de tes jours te connaît par coeur et sait te faire plaisir.
J'adore ta dernière phrase, tellement vraie mais elle m'a fait sourire ; et ton titre m'a évoqué une chanson de Cabrel tellement importante pour moi !

Écrit par : Praline | samedi, 12 octobre 2019

évidemment pour toi, le Parisien chevronné et amoureux de sa ville, Modiano est un auteur idéal pour toi....

Écrit par : Coumarine | samedi, 12 octobre 2019

Un aveu : Quand j’ai vu l’émission d’A. Trappenard consacrée à P. Modiano, puis que, peu après, j’ai lu avec bonheur son dernier livre, j’ai énormément pensé à vous deux, étonnants piétons de Paris d’hier et d’aujourd’hui…
Vrai, je ne suis pas étonnée de lire ce billet savoureux qui exhale vos plaisirs de lecteur et de promeneur déambulant presque en symbiose avec notre grand écrivain. Ses récits ne pouvaient que vous donner à rêver, à vous souvenir, à partager quasiment les même pavés !
HB a dit récemment avoir beaucoup apprécié la récente « Grande Librairie » où il était invité. Moi aussi j’ai bien aimé ; néanmoins, c’est grâce à l’émission d’Augustin Trappenard sur C+ que mon plaisir « d’être avec lui dans les rues de Paris » (ou chez Augustin) fut décuplé. C’est pourquoi, ne sachant pas si vous recevez Canal+ , je vous incite vivement à faire tout votre possible pour revoir ce « 21 cm » si spécial, si exraordinaire…
Voici quelques liens, insuffisants je sais… https://www.actualitte.com/article/monde-edition/la-rentree-de-21-cm-avec-patrick-modiano-sur-canal/96732
( Rentrée de prestige pour une quatrième saison de 21CM le canal littéraire puisque Augustin Trapenard reçoit Patrick Modiano, dernier Prix Nobel français de littérature en 2014.)
https://www.canalplus.com/articles/divertissement/la-liste-de-lecture-de-septembre-1
https://www.canalplus.com/decouverte/21cm/h/12375618_50001
https://www.facebook.com/pg/21cmofficiel/posts/

Bravo HB pour ce beau cadeau ; bravo M le goût pour ce billet délicieux.

Écrit par : mimazhan | samedi, 12 octobre 2019

Les commentaires sont fermés.