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mardi, 26 novembre 2019

Lasciate ogni speranza voi ch’entrate

 

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Je vais tenter de vous dire, lectrices chéries, pourquoi la Divine Comédie est le livre à lire, « the book to read » qui me semble au moins aussi important que la Bible.
Ce n’est pas une mince affaire qu’expliquer pourquoi vous êtes poussé à lire et relire un bouquin, pourquoi il vous a frappé, quels sont les ressorts plus anciens qui vous y ont amené.
Amené d’abord à faire l’effort de le lire, alors que vous êtes entré dans la vie active.
Puis à l’apprécier pour ce qu’il vous apporte, le regard qu’il vous amène à porter sur le monde.
Enfin à l’aimer.
Je l’ai découvert dans la boutique de ma libraire préférée il y a trente-neuf ans.
En fouinant derrière le grand « meuble-étal-présentoir » des livres de poche.
A l’arrière de ce meuble étaient plutôt entassés que rangés de vieux bouquins qui auraient dû être « retournés » depuis cinq lustres au bas mot.
J’y ai trouvé un vieux « Classique Garnier » qui m’a rappelé les bouquins qu’on avait au lycée.
La Divine Comédie de Dante Alighieri.
Je ne savais que trois choses de ce bouquin.
La première était qu’il était censé avoir été écrit en une seule nuit, celle d’un Vendredi Saint si je me souviens bien.
La seconde est qu’il était dédié à une Béatrice dont j’ignorais tout sauf qu’elle avait tapé dans l’œil de Dante..
La troisième était que, comme la Bible de Martin Luther était la source majeure de la langue allemande et Chaucer celle de la langue anglaise, la Divine Comédie était la source principale de la langue italienne.
Je ne savais donc pas grand’ chose de Dante…
Je me suis donc plongé dans « La Divine Comédie ».
Avec difficulté au début car mon métier n’était pas de ceux qui poussent pas à lire des bouquins en vers tous les jours.
Puis, le rythme pris, la première lecture se passa bien et se contenta de me laisser un souvenir agréable et même de me remémorer quelques tirades que je me récitais dans les embouteillages.
Quelques années plus tard, moins de cinq, je le relus.
Là, les souvenirs affluèrent.
Ceux des cours de latin.
Si vous avez été obligé de vous taper l’Enéide en VO, vous avez de quoi je parle.
Ces cours sont comme la langue d’Esope, la meilleure et la pire des choses.
Ça peut être aussi bien passionnant que d’un ennui mortel si le prof n’est pas terrible.
Apparaît plus tard un éclair de compréhension.
C'est-à-dire le moment où je comprends que la facilité est un piège.
Sale découverte pour un type rétif à l’effort…
Finalement, la « Divine Comédie » est comme la Bible :
Chacun y trouve ce qu’il y cherche…
C’est un bouquin qu’on peut lire avec diverses visions.
C’est une remarquable construction intellectuelle qui comble l’esprit.
De l’adolescence et ses rêves d’absolu à l’âge mûr et ses rêves relatifs…
Ouaip, lectrices chéries !
Ne me regardez pas comme ça, je ne suis pas encore vieux, juste déglingué.
Trop mûr quoi…
Âge mûr où on sait « qu’on a fait le plus gros » et que « vous qui entrez ici, laissez toute espérance »…
Hélas, depuis la tempête de 1999, je ne l’ai pas relu, il a sombré corps et biens avec les autres biens confiés au garde-meuble pendant que nous étions, Heure-Bleue et moi en en « Terre Promise » qui n’a pas tenu ses promesses.
Mais je le rachèterai.
Et en « Classique Garnier » où ils viennent de ressortir.
Comme disait Philippe Khorsand dans la publicité MAAF « Je l’aurai un jour, je l’aurai ! »