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lundi, 27 janvier 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 24

devoir de lakevio du gout_24.jpg

Mais que regarde, qu’attend –ou non- cet homme à la fenêtre.
Je sais qu’il regarde par la fenêtre d’un appartement que je reconnais près de la gare Saint Lazare.
Attend-il ou regarde-t-il simplement cette femme qui s’éloigne du côté à l’ombre de cette rue ensoleillée ?
Si vous avez une idée de ce qui occupe ses pensées, dites le lundi.

Devant la fenêtre, je la regarde partir.
Elle n’a même pas le pas décidé habituel, celui qu’elle a quand elle va faire quelques achats, pressée d’arriver au bas de la rue de Rome.
Je la revois alors ces jours là, traversant la rue de la Pépinière et se hâter vers la rue Tronchet jusqu’à la Madeleine.
Là, je la regarde, je sais qu’elle part et j’ai peur qu’elle ne parte pour de bon.
J’ai beau me tenir devant la fenêtre, debout, fier, les mains dans les poches et regardant le monde comme s’il m’appartenait, il traîne au fond de moi cette crainte qui se tapit chaque fois qu’on s’est disputé et qu’elle claque la porte.
J’ai peur qu’elle ne revienne pas.
Elle me manque déjà terriblement alors qu’elle vient de partir.
Habituellement, quand elle sort je sais qu’elle reviendra et qu’elle me manque alors de façon légère, goûtant déjà le plaisir et le soulagement de la voir revenir.
Je ne pensais pas la posséder, je suis assez raisonnable pour savoir que la possession d’un être vivant est illusoire.
Je le sais bien, j’ai un chat…
Elle, je n’ai jamais pensé la posséder, jamais.
Elle acceptait de vivre avec moi et c’était un beau cadeau de la vie.
Quant à m’appartenir, il ne faut pas rêver.
Un appartement vous appartient, une montre aussi.
Mais elle, comme le chat…
Je ne sais même pas pourquoi elle s’est sentie froissée à cette remarque sur la longueur de sa robe.
C’est peut-être la mode mais je pense que cette robe est plus faite pour balayer le trottoir que pour suggérer les trésors qu’elle cache.
Je n’aurais peut-être pas dû le lui dire.
Je savais bien qu’elle est susceptible et que pudique comme elle est, rien qu’à lui parler de « trésors qu’on cache » alors qu’elle sait que je pense aux siens en le disant la met mal à l’aise.
Je me demande encore comment elle a accepté de vivre avec moi et me permettre toutes ces privautés qui ont conduit à la naissance de notre fille.
Encore une qui va me donner du souci, surtout si elle a le caractère de sa mère.
Toujours face à la fenêtre, le la vois soudain, elle vient de faire volte face et revient sur ses pas.
J’espère qu’elle n’est plus fâchée.
Je déteste quand elle est fâchée…
Je me déteste quand elle est fâchée…