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mardi, 10 novembre 2020

Mon dieu quel malheur, d'avoir un mari bricoleur...


Adrienne a parlé ce matin d’un « voisin bricoleur ».
Le voisin bricoleur est une sorte de peste.
Un peu comme la petite sœur d’Heure-Bleue qui, dans une maison ne voit jamais un abri chaleureux et confortable mais un carrelage à laver, un tapis à brosser, des vitres à nettoyer, une cuisine à ranger et dans des chaussures des fauteuses de traces.
Elle brique et range du matin au soir, sans trève ni repos.
Sa maison sera une tombe bien rangée...
Le « voisin bricoleur » ne voit souvent que des étagères à scier, des clous à planter, des chevilles à insérer dans des murs récalcitrants et des trous à percer.
Bref, le « voisin bricoleur » vous pourrit la vie, surtout la vie des dimanches qui n’est déjà pas terrible…
Mais ce « voisin bricoleur » m’a rappelé un autre voisin bricoleur.
De voiture celui-là, un voisin dans l’immeuble de ma jeunesse à la Porte de Clignancourt…
Un des voisins, celui du deuxième étage, avait une épouse plutôt gironde mais à la vertu discutable.
Comme toujours dans ces cas-là, tout le monde le savait sauf lui.
Même moi je le savais car j’avais selon l’expression maternelle « les oreilles qui traînent ».
Ce voisin, Monsieur M. mais le Monsieur M du deuxième, pas celui du troisième avec ses deux filles et son fils, ni le « Monsieur M » patron de James Bond, avait acheté, pour meubler les dimanches de sa famille, une Panhard « Dyna » d’occasion.
D’occasion car dans le quartier, les seuls à pouvoir s’offrir des voitures neuves étaient les boulangers et les voyous.
Cette Dyna donc, si le quartier l’a entendue, je ne suis pas sûr que quelqu’un l’ait vu rouler.
Le « père M. » passait, à peine le printemps arrivé et le soleil revenu, ses dimanches non pas « dans » mais « sous » la voiture.
Il animait le passage de bruits de tapotement, de clefs heurtant le métal, de jurons et de « ssshhhh » quand il s’écorchait une main.
Je le regardais de la fenêtre du quatrième, ses jambes dépassant de la voiture, sortant de sous la voiture en une reptation bizarre qui faisait dire à mon père que ce voisin amusait « s’il faisait ça à la mère M., elle serait drôlement contente… »
Ma mère, qui avait l’oreille extrêmement fine, arrivait d’un pas vif et engueulait mon père car « quand même Lemmy, tu as des enfants ! Des filles en plus ! »
Il n’arrangeait rien en ajoutant « C’est justement parce que j’ai fait des enfants que je sais que la mère M. aimerait bien que… »
Ma mère lui collait une tape sur le bras, haussait les épaules et retournait à son occupation en bougonnant.
Nous, on continuait à regarder « le père M. » bidouiller sa voiture.
Vers cinq heures, ma mère est arrivée et nous nous sommes serrés à la barre d’appui.
« Le père M. » se mettait enfin au volant et tentait de démarrer la « Dyna ».
Devant la mauvaise volonté de ce moteur, il soulevait le capot. Et manipulait avec douceur des pièces inconnues de moi.
La voiture démarrait alors dans un bruit de tôles froissées que je n’ai jamais entendu sortir d’une autre voiture.
Mon père a commencé « tu vois bien que j’avais raison ma poule, la mère M démarrerait comme ça s’il … »
Ma mère l’aurait piétiné. Elle lui redonnait une tape sur le bras, il disait « Aïe ! » pour de faux et ça s’arrangeait.
Au moins pour un temps.
Ce n’est que plus tard que j’ai saisi le sel de ces réflexions.
Il n’empêche qu’il n’avait pas tort.
Si Mr M. s’était préoccupé de sa femme avec le soin qu’il apportait à sa « Dyna », il ne se serait peut-être pas promené avec une paire de cornes qui amusa le quartier pendant des années.
Je me demande si je ne tiens pas de mon père cet « esprit mal tourné » qui agace parfois, si ce n’est souvent, Heure-Bleue...

Commentaires

Les Panhard produisaient un bruit bien a elles...souvenirs des quelques voisins aussi !

Écrit par : mume | mardi, 10 novembre 2020

C'est bien connu : pas mal de mâles (!) surtout les machos, préfèrent leur voiture à leur femme. Et puis pas sûr que la madame apprécierait d'être manipulée à coup de tournevis et de clé à mollette. Quoi qu'en pensait ton cher papa. Et toi. ;-)

Écrit par : Yvanne | mardi, 10 novembre 2020

qu'ait pu en penser

Écrit par : Yvanne | mardi, 10 novembre 2020

Justement, feu mon père (que je connais un peu...) pensait que si ce voisin s'était plus servi de ses mains et de ce dont l'avait doté la nature avec sa femme plutôt que de tournevis et clef à molette, ses cornes n'eussent pas poussé aussi haut...

Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 10 novembre 2020

Ton père avait-il une voiture ? :-)))

Écrit par : Yvanne | mardi, 10 novembre 2020

Mon père avait une voiture mais ne se mêla jamais de mécanique...
Ce n'était pas un bricoleur.

Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 10 novembre 2020

je te lis en silence entrecoupé d'éclats de rire...

Écrit par : tanette2 | mardi, 10 novembre 2020

J'ai trop de respect pour feu ton père et toi pour ajouter quoi que ce soit ! ;-)

Écrit par : Yvanne | mardi, 10 novembre 2020

Je confirme tu tiens de ton père, ton fils aussi.

Écrit par : heure-bleue | mardi, 10 novembre 2020

"quel malheur d'avoir un mari bricoleur", mon père disait souvent cette petite phrase et je ne savais pas que ça venait de cette chanson de Patachou :-)
merci monsieur Le Goût!

Écrit par : Adrienne | mardi, 10 novembre 2020

Sache tout de même que "le Bricoleur" fait partie de mon répertoire festif !
Pauvre Monsieur M ! Etre cocu et amuser la galerie... qielle galère !

Écrit par : Gwen | mercredi, 11 novembre 2020

Les commentaires sont fermés.