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lundi, 18 janvier 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 64

Au fait, c’est bien quand vous me dites « Youhou !!! J’ai fait le devoir ! »
Ça m’évite d'aller à la pêche sur le Web au risque d’oublier des devoirs, blessant ainsi involontairement des participants.

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Je vous propose de dire ce que vous inspire cette toile de Mr Vettriano.
Une histoire qui commencerait par :
« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Et qui finirait par :
« Elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur. »

À lundi donc.

« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Cette phrase de Flaubert lui était spontanément venue à l’esprit quand il m’a abordée d’un « Un peu seule, je dirais, non ? »
Elle a ri de bon cœur.
Il aurait pu penser la partie gagnée si elle n’avait pas dit « Mon dieu ! Mais vous avez quatorze ans ou quoi ? »
À voir son air désarçonné, elle le prit en pitié et lança avec un peu de dédain dans la voix :
- Qu’est-ce que vous essayez de me vendre ? Un aspirateur ?
- Non Madaaame ! Je n’ai rien à vendre…
Elle se tut un instant, attendant la suite.
Il s’est enfin décidé :
- Mais je peux vous proposer quelque chose !
- Ah ?
- Oui ! Moâââ… En personne !
- Vous parlez d’une affaire…
Elle regarda néanmoins la mise de l’homme.
Elle en pensa qu’il ne craignait pas trop les fins de mois et son « trois-quarts » manifestement en cachemire lui inspira confiance.
Elle réfléchit quelques instants et elle se dit que ma foi, il la sortirait de son ennui et donnerait corps à ces rêves qui la laissaient languissante au matin tandis que ronflait à son côté cet ennuyeux bonhomme…
Il haussa un sourcil.
Elle lui indiqua le tabouret de bar voisin.
Il s’y assit d’un mouvement un peu trop précieux.
Elle pensa qu’il montrait par là une éducation un peu trop récente.
À peine assis il osa :
- Alors ? C’est gratuit vous savez !
Elle sourit.
- Si c’est gratuit, c’est à considérer…
La gratuité, dans ce genre de situation, elle savait ce que c’était.
Elle avait même une idée précise de ce que ça lui coûterait.
À moins que…
Au moins il avait l’air propre sur lui et elle était sûre que ce n’était pas une brute.
Alors elle se décida :
- On y va ?
À son air surpris et vaguement scandalisé, elle sut qu’il n’était pas coutumier de cette façon de faire et lui sourit gentiment.
Il régla les consommations sans même regarder l’addition, revint du comptoir et la prit par la main.
Il demanda
- Où va-t-on ?
- Mais chez vous, mon ami ! Chez vous !
Oh pour ça il n’était pas une brute.
Mais mon dieu que le temps lui dura.
Elle eut tout le temps d’admirer les moulures du plafond pendant que le pauvre homme s’échinait maladroitement…
« Gratuit... Heureusement ! S’il avait dû vivre de son talent, il serait mort de faim... » pensa-t-elle.
Quand ce fut – enfin - terminé, elle s’échappa, lui sourit gentiment, se rhabilla, prit son sac à main et partit.
Quand lui revint à l’esprit l’image de ce faux matamore elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur.