lundi, 15 février 2021
Devoir de Lakevio du Goût N° 68
Cette toile de Pissaro vous inspire-t-elle ?
Je l’espère…
Le mieux serait que vous commençassiez ce devoir par :
« Il semble que ce qui vous pousse brusquement à la fugue, ce soit un jour de froid et de grisaille qui vous rend encore plus vive la solitude et vous fait sentir encore plus fort qu’un étau se resserre. »
Et que vous le terminassiez par :
« Je vais laisser cette lettre en suspens… »
Ce serait vraiment bien, je vous assure.
***
Il semble que ce qui vous pousse brusquement à la fugue, ce soit un jour de froid et de grisaille qui vous rend encore plus vive la solitude et vous fait sentir encore plus fort qu’un étau se resserre.
Et c’est ce qui vient de me frapper.
Elle se dégage de mes bras et s’en va sans un mot. Elle s’enfuit.
Et je ne comprends pas, je ne comprends rien…
Il fait froid, un étau me serre la poitrine, effet de la solitude qui m’étreint comme elle l’étreint sans doute.
Elle est partie soudain, fâchée par une parole maladroite.
Je la regarde, incapable d’un geste, tandis qu’elle marche d’un pas vif sur le Pont Neuf, le dos contracté par la peine et le ressentiment plus encore que par le froid.
Paralysé, bêtement appuyé contre le socle de la statue d’Henri IV je la regarde s’éloigner.
Je me décide à contrecœur à rentrer chez moi chez moi, triste comme un jour sans pain
Triste comme tout jour sans elle.
Le quai atteint, je suis submergé par le chagrin.
Blessé par la vague réminiscence d’instants qui se mettaient à surnager sur la mer de ma mémoire, comme les débris d’un lien qui flottaient, ballotés et sans but autre que se cogner à mon esprit, histoire de me faire souffrir plus encore.
La Seine traversée, j’ai emprunté le quai qui jouxtait le Louvre.
J’avançais avec difficulté car ce n’étaient pas les jambes qui me faisaient défaut, c’était plutôt cette sensation d’avancer difficilement, toute la poitrine pressée par une énorme pince qui m’écrasait le cœur.
Je n’ai pas prêté attention à la passerelle des Arts, pas plus qu’au pont du Carrousel.
Mon avancée malheureuse le long du fleuve me rappelait ma douleur à chaque pas, à chaque banc.
Un éclair de lucidité me ramena à une plus juste vision des choses.
Quel imbécile égoïste j’étais !
« Ma » douleur, « Ma » peine, « Mon » amour, « Ma » solitude.
Non mais quel c… !
Et elle ? Sa douleur ? Sa peine ? Sa probable sensation de perte irrémédiable ?
Qu’est-ce que je croyais ?
Qu’elle n’avait pas mal ? Que je ne l’avais pas blessée ?
J’ai pris le petit escalier et suis entré dans les Tuileries.
Après avoir trouvé une chaise à l’abri, près de l’allée de Diane, je me suis mis à penser à sa souffrance à elle et à mon comportement.
Serrant les paupières pour éviter que les larmes ne perlent, j’ai commencé à écrire dans mon esprit la lettre que je lui enverrai dès que l’encre en serait sèche.
Les mots coulaient seuls, lui redisant mon regret de l’avoir blessée, le désir que j’avais de la consoler et bien d’autres choses que je n’ose aborder habituellement.
Je me découvrais soudain un talent ignoré.
Celui de parler d’amour, moi qui n’avais jamais su en parler…
À croire que le linceul de solitude qui m’enveloppait me permettait enfin d’entrevoir l’âme des autres au lieu de me contempler stupidement.
Alors je me suis levé, ai rangé dans ma mémoire, tout ce que je venais d’y écrire.
Je le coucherai sur le papier en arrivant chez moi c’est sûr.
En attendant, espérant n’en pas perdre un mot, je vais laisser cette lettre en suspens…
08:52 | Commentaires (23)
Commentaires
LivFourmi sait de quoi parle Modiano.
Elle le montre ici :
http://leeloo11.over-blog.com/2021/02/sur-les-quais.htm
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Adrienne dit bien la solitude.
On repère l'expérience...
C'est bref, précis et prenant.
C'est Adrienne, en, somme...
C'est là :
https://adrienne414873722.wordpress.com/2021/02/15/m-comme-modiano-et-moi/
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Alainx, malgré sa crainte de n'y pas arriver, a fait quelque chose de chouette.
Une fugue, finalement, quoiqu'il en pense...
C'est là :
https://alainx3.blogspot.com/2021/02/fuguer-pour-un-ailleurs.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Célestine a une autre vision du sujet.
Une vision remuante et étincelante, ce n'est pas Modiano mais c'est quand même Paris.
Elle m'a ramené à mon époque lycéenne (qui ne date pas d'hier...)
C'est là :
http://celestinetroussecotte.blogspot.com/2021/02/paris-fou.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Colombine nous raconte une histoire mille fois vécue.
Mais elle fait ça bien !
C'est là :
http://demainestunautrejour.eklablog.com/elle-ne-rentrera-pas-ce-soir-a206432180
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Heure-Bleue a eu évidemment quelque chose à dire sur le sujet.
Elle m'a rappelé une soirée chez des amis et quelques histoires de famille.
C'est là :
http://heure-bleue.blogspirit.com/archive/2021/02/11/devoir-de-lakevio-du-gout-n-68-3240776.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Delia a le moral qui flanche et le dit avec talent.
C'est là :
https://deshirondellesetdespapillons.blogspot.com/2021/02/fugue-en-re.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Fabie nous dit sa souffrance, et ce n'est pas Modiano qui nous parle, c'est elle et c'est terrible.
Allez la lire, c'est là :
http://monparcourscancerdusein.eklablog.com/derniere-carte-a206415654
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Emilia-Celina chez qui mes commentaires ne veulent pas s'afficher nous parle de sa conception utilitaire de l'homme.
Du coup, je cesse de la draguer, j'ai peur de devoir porter les valises...
C'est là :
http://emiliacelina.canalblog.com/archives/2021/02/15/38813762.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Mince, tu ne m'as jamais donné cette lettre.
Écrit par : heure-bleue | lundi, 15 février 2021
Il faut parfois de telles blessures et souffrances endurées pour réaliser à quel point on tient à quelqu'un. Mais ta lettre si elle ressemble à ton texte ne devrait pas tarder à la convaincre de revenir. Surtout ne change rien laisse ton coeur parler et oublie ta pudeur, ce n'est pas de circonstance.
Écrit par : delia | lundi, 15 février 2021
Elle est partie soudain, fâchée par une parole maladroite.
C'est fou ce que les amoureux sont susceptibles. Mais, vu comme tu es doué pour l'écriture, ne laisse pas cette lettre en suspens et écris lui. Si vraiment, elle ne change pas d'avis, alors, c'est qu'elle est "bouchée à l'émeri" et ne te mérite pas..J'ai écris aussi une lettre à mon amoureux, du temps où j'étais à Paris, esseulée...Qu'est-ce qu'on a pu s'écrire, même qu'on se voyait parfois avant que nos lettres n'arrivent. Ah si seulement les portables avaient existé en ce temps-là ! Bon, faut que j'enlève aussi mon en-tête, pas très glamour pour des amoureux. C'est vrai, qu'avec les années, l'amour fou ne dure pas autant que les piles duracell. Parfois, souvent même, il y a de l'électricité dans l'air...
Écrit par : julie | lundi, 15 février 2021
Surtout ne pas en perdre un mot, ce serait dommage !
Écrit par : Passion Culture | lundi, 15 février 2021
Alors soit c'est le Henri de mon histoire et les choses ont de fortes chances de s'arranger. Soit il faut le présenter à ma Céline de toute urgence, mdr !
Écrit par : ang/col | lundi, 15 février 2021
Passion Culture nous détaille en une page ce qu'est être abandonné.
Super chouette histoire que j'ai aimée.
C'est là :
http://passionculture.be/2021/02/15/en-bateau/
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Juliette nous montre que le moral d'acier, ça rouille quand même.
Mais c'est drôlement bien amené.
C'est là :
http://cearriveenfrance.over-blog.com/tag/devoir%20du%20lundi%20de%20lakevio/
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Gwen nous rappelle que nous sommes tous des enfants qui rêvent d'un destin autre que ce que leur vie semble leur promettre.
C'est bien et c'est là :
http://bourlingueuse.canalblog.com/archives/2021/02/14/38815576.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 15 février 2021
Quelqu'un qui est capable de se remettre en cause, et de se mettre à la place de l'autre ne peut que reconquérir sa bien aimée.
Écrit par : Fabie | lundi, 15 février 2021
parfois c'est plus facile à l'écrit
Écrit par : Adrienne | lundi, 15 février 2021
Un homme qui ne pense pas qu'à sa petite personne, c'est beau ! Un homme, un vrai ;-)
Écrit par : Praline | lundi, 15 février 2021
laisse tomber ta lettre et va vite lui dire tout ça de vive voix entre deux baisers! On ne peut pas en vouloir à un homme qui reconnaît qu'il a eu tort !
Écrit par : Emiliacelina | mardi, 16 février 2021
Yoho ! Bon, ben j'assure mon propre lancement alors ? Ok...
tiniak nous livre une "lettre à vif' où deux destins croisés (minuscules ?) surpassent l'Histoire (majuscule ?) :
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/02/15/38818374.html
Écrit par : tiniak | mardi, 16 février 2021
Tiniak a mis le temps mais est arrivé à nous conter ses efforts pour faire un devoir différent des nôtres.
C'est là :
http://niak65poletique.canalblog.com/archives/2021/02/15/38818374.html
Mais comme il s'y est pris avec retard, pour trouver son adresse, j'ai mis son annonce sur la note de vendredi.
C'est sur mon devoir qu'il faut prévenir.
Le lundi pas le vendredi...
Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 17 février 2021
Les commentaires sont fermés.