Le_goût_des_autres

Bon, je sais que ce n’est pas passionnant, ce que je raconte mais le boulot, c’est le boulot !
Sans discipline, on s’étiole de partout…
Hier, on a décidé qu’il fallait marcher.
Plus exactement, on a regardé la pile de cartons qui reste à ranger.
On s’est regardé, Heure-Bleue et moi et on s’est dit « Et puis m… ! On verra demain… »
Nous sommes sortis, bras dessus-bras dessous, et avons remonté l’avenue Niel jusqu’à la FNAC des Ternes.
Nous ne sommes pas entrés, un peu douchés par l’idée de livres qui seront certainement à ranger plus tard…
Nous nous sommes arrêtés chez Pou, histoire d’être déçus par quelque chose.
Ce fut réussi, la coquille Saint-Jacques de la lumière de mes jours était ratée.
Puis dans une poissonnerie.
Ça faisait longtemps que je n’étais pas entré dans un commerce où l’impression de déranger est patente.
C’est assez désagréable mais heureusement, la cliente précédente était d’une vulgarité qui réconcilie avec la voyouterie des années cinquante.
De fait, j’avais reconnu un accent que je pensais disparu depuis que mes parents avaient quitté la Porte de Clignancourt.
Un accent grasseyant, un peu comme celui d’Arletty dans « Hôtel du Nord » mais en version vulgaire, très vulgaire.
C’était une fausse blonde, elle avait même le dos vulgaire.
Quand elle est arrivée à la caisse, j’ai vu que de face, elle avait le visage vulgaire.
Bref, elle était adaptée au personnel, ils usaient du même ton…
La prochaine fois que j’achèterai du poisson, j’irai donner mes sous ailleurs.
Je n’aime pas être regardé de haut par la caissière que je nourris et qui fait semblant de n’avoir à lire que des cartes Amex et méprise la carte Visa.
On a sa fierté tout de même…
Nous sommes allés boire un café pour nous remettre de notre absence d’émotion et sommes revenus à la maison de notre pas de sénateur.
J’ai constaté une fois de plus que quand deux personnes tiennent une boutique, une ne fout rien tandis que l’autre court.
Là, c’était dans une boulangerie au nom connu.
Le prix de la baguette servait sans doute à financer les chaussures de celle qui court d’un bout à l’autre de la boutique alors que l’autre ne se retourne pas pour attraper la baguette derrière elle.
Apparemment, elle n’a qu’un doigt qui fonctionne, celui de la touche qui permet d’accepter le paiement « sans contact ».
Ce doit être ça car elle fusillait du regard ceux qui lui tendaient une pièce ou un billet…
On est passé devant une maison qui m’a donné envie de déménager une fois encore.
La lumière de mes jours ne semble pas d’accord mais ne désespérons pas…
Ce fut malgré tout un chouette samedi.
Et puis, il faut bien que je vous écrive quelque chose, sinon je ne vais plus savoir faire autre chose qu’ouvrir des cartons, les plier et les descendre à « la poubelle jaune »…