mardi, 02 août 2022
Grand Prix de Poésie RATP 2022
Hier, je suis allé acheter quelques petites choses au Monop’ de mon coin.
Le 84 était à l’arrêt qui se trouve à côté du Monop’.
J’ai eu l’attention attirée par une affichette apposée sur la vitre du bus.
Il s’agissait d’honorer le lauréat du « Grand Prix de Poésie RATP » 2022.
J’ai lu ce que le poète avait écrit.
Le lauréat est un « ado », un « gamin » de seize ans.
Parisien de surcroît…
On n’y trouve pas les envolées qui parcourent l’œuvre de Victor Hugo.
On n’y trouve pas la gaillardise qui parsème l’œuvre de Théophile Gauthier.
On n’y trouve pas le badinage qui signe les vers d’Alfred de Musset.
On n’y trouve pas la révolte qui sourd de l’œuvre d’Arthur Rimbaud.
On n’y trouve pas l’obscurité qui enveloppe les poèmes de Stéphane Mallarmé.
Non, rien de tout ça.
C’est sans doute un peu trop « gentil ».
Mais ça m’a montré que contrairement à ce que laissent penser, voire poussent à penser, les bulletins d’informations, les jeunes gens ne sont pas que des zombies au regard fixé sur un « doudou électronique ».
Ils ne sont pas tous non plus l’adolescent entièrement averti des choses de la chair grâce à l’obligeance de « Youporn ».
Celui qui en déduit qu’en deux heures de « smartphone » on peut devenir « l’empereur de la couverture ».
Le mec, le vrai, celui qui envoie une nana au septième ciel en cinq secondes.
Averti, je sais que si quelqu’un arrive là en cinq seconde, c’est le mec.
La nana, c’est plus long et des fois jamais, il s’en apercevra, la fille aussi, et à leurs dépens.
Donc, ce lauréat est un jeune homme qui correspond à ce qu’en disait il y a quelque temps une pédopsychiatre interrogée sur le sujet.
Ce lauréat est probablement l’adolescent éternel, « Un adolescent d’autrefois » et un adolescent d’aujourd’hui.
C’est l’adolescent typique, celui qui est resté « fleur bleue » et qui rêve.
Mais à mon avis, c’est un rêveur pragmatique.
Serait-il de ceux qui ont pigé que l’alexandrin est une technique imparable pour parler aux filles ?
Va savoir.
J’ai néanmoins trouvé charmante la bluette qui lui a permis de décrocher ce « Grand Prix de Poésie RATP ».
Cela dit, j’aimerais tant que la RATP trouve avec autant d’aisance des chauffeurs de bus que des poètes.
Ça m’éviterait de mettre une heure et demie là où d’habitude je mettais une demi-heure.
Mais ça c’était avant qu’Elisabeth Borne, cette hyène qui ne prend jamais le bus, ne démantèle la RATP au nom de bêtises idéologiques après avoir désorganisé la SNCF…
Délicat un jour, délicat toujours, je vous offre ce petit bijou de Théophile Gautier dont je suis sûr que la RATP n’aurait jamais osé l’afficher sur un bus alors que j’ai lu pire sur la faïence des couloirs du métro.
Ça s‘appelle « Bonheur parfait ».
Que les chiens sont heureux !
Dans leur humeur badine,
Ils se sucent la pine,
Ils s’enculent entr’eux ;
Que les chiens sont heureux !
Théophile Gautier
09:39 | Commentaires (6)
Commentaires
J'ai trouvé ce texte émouvant de candeur adolescente.
digne des 16 ans
digne de cette époque et de toutes les époques.
J'en écrivais du même genre à cet âge et je les foutais à la poubelle.
Mes petits-fils gardent leurs premières tentatives, qu'ils ont balbutié à l'ancêtre.
Ils sont heureux et cependant ne sont pas des chiens
Et fort heureusement, on y ressent pas l'odeur de transpiration des Victor, Alfred ou Arthur qui ont mis des jours à suer du texte en craignant de passer à côté du succès.
Vive la créativité libérée et au pouvoir. Et merci à la Ératépé
Et que la première ministresse aille se faire voir chez Plumeau.
Écrit par : alainx | mardi, 02 août 2022
Jamais appris ce poème à l’école ! Pourtant il aurait été facile à retenir, quant à l’illustration ….
Écrit par : Dom | mardi, 02 août 2022
j'étais curieuse de le voir, cet Isidore alors c'est là, à la 23e minute ;-)
(no comment)
https://www.youtube.com/watch?v=C-FqOQLRb7I&t=6s&ab_channel=RATPgroup
Écrit par : Adrienne | mardi, 02 août 2022
Un chouette gamin.
Et je confirme mon idée de départ "Serait-il de ceux qui ont pigé que l’alexandrin est une technique imparable pour parler aux filles ?". ;-)
Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 02 août 2022
Ah qu'en termes galants ces choses-là sont mises
Je parle de Gauthier, bien sûr, et de ses chiens
A-t-il vraiment sué bien fort dans sa chemise
Pour écrire ces vers sulfureux, l'air de rien ?
Notre ado, quant à lui, à la plume transie
Me rappelle le temps où je mourais d'amour
Pour un indifférent. C'est mignon, c'est gentil
Et bien mieux qu'un texto pour écrire sa cour.
Ne parlons pas de Borne, enfin, qui les dépasse
A trop vouloir démanteler, elle outrepasse
Son rôle de ministre et ne fait rien de bien
Mais n'est-ce pas pour ça qu'on les paye ? Pour rien ?
Écrit par : Célestine | mardi, 02 août 2022
Avant de lire ta prose j'ai lu le poème et je l'aurai choisi moi aussi.! Fleur bleue j'étais ..... au fond ( tout au fond) fleur bleue je reste !
Écrit par : Emiliacelina | mardi, 02 août 2022
Les commentaires sont fermés.