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mercredi, 21 août 2024

Le temps passé.

souvenir initial.jpg

« Il s’est glissé dans nos pensées et à notre insu à travers ces jours traversés ».
C’est comme ça que commence la chanson de Jonasz « Le temps passé ».
Ça m’est venu à l’esprit cet après-midi quand le 80 a remonté la rue de Saint Petersbourg alors que nous allions traîner rue de Caulaincourt boire un cvafé au « Rêve » près du cimetière Saint Vincent.
Comme toujours quand le bus roule, je regarde les gens, les trottoirs, les boutiques et, évidemment les immeubles et surtout ce que parfois ils dévoilent de la vie de ceux qui les habitent.
Cet après-midi le bus était étrange.
D’abord les passagers étaient calmes et silencieux.
Et même courtois puisque chaque nouveau passager saluait civilement le machiniste.
Assis face à la lumière de mes jours, nous échangions quelques mots quand nous sommes arrivés place de l’Europe.
Là, tiré par je ne sais quel instinct, j’ai levé les yeux et regardé à travers la vitre.
Le bus a fait le tour de la place, est passé sur le pont de l’Europe qui n’a guère changé depuis que Caillebotte l’a peint, puis a emprunté la rue de Saint Pétersbourg qu’enfant j’ai connue comme « rue de Leningrad ».
L’immeuble de « La Poste » passé, à la station « Bucarest » le bus s’est arrêté.
Je vous ai déjà parlé de cet immeuble, le « 7 rue de Saint Pétersbourg »  qui me remue chaque fois que je regarde le premier étage, ce premier étage où un lustre vieillot diffuse une lumière chiche ?
Oui,  c’est bien celui-là.
Celui où la lumière est si chiche qu’habituellement elle n’atteint pas même les murs.
Celui qui me rappelle un copain dont la mère me semblait très belle et jouait du piano.
Eh bien cet après-midi, le chemin du souvenir s’est transformé en route neuve et sans passé.
Le bus s’est arrêté un peu après la station, mon siège juste face à l’immeuble.
J’ai eu le cœur transpercé d’un coup face à cet immeuble qui avait soudain perdu l’âme qui l’habitait.
Il m’avait toujours semblé émouvant, lié à je ne sais que quels moments de ma vie.
J’ai revu cette pièce dont le plafond et les murs étaient d’un blanc terriblement passé par les ans.
C’est un « blanc gris ».
On voit que c’était blanc mais les ans l’avaient maquillé de triste.
La pièce n’est pas bien grande mais je suis sûr qu’elle est très agréable.
Le lustre était plus que suranné bien sûr qui peinait à illuminer sur le mur que je voyais à gauche de la fenêtre, un magnifique trumeau aux dorures écaillées.
Sur le mur, à droite de la fenêtre, une bibliothèque, toute simple, faite de bêtes étagères de vrai bois, massif et sombre.
Cette bibliothèque était pleine de livres.
De livres de toutes sortes, des anciens et des simplement vieux parce qu’achetés neufs il y longtemps.
J’ai pensé alors que le bus s’en allait que j’aurais peut-être dû descendre du bus il y a quelques années.
La porte de l’immeuble se serait peut-être ouverte et mon copain en serait sorti.
Il m’aurait reconnu et nous serions allés ensemble boire un expresso.
Je n’aurais plus eu mal au genou.
Tout avait disparu soudain, l’immeuble avait été « réhabilité » autrement dit on lui avait retiré toute vie passée.
On l’avait « tué », je ne vois pas d’autre mot…
Il y a des jours, comme ça, où le calme dans un bus retire le voile des années et montre alors des choses qui passent inaperçues faute d’attention aux marques du temps…

souvenir rénové.jpg

Mais il y a pire ! 
Depuis un peu plus d’un an maintenant un nouveau drame me frappe : Je n’arrive plus à mettre mes chaussettes debout !
Et ça, c’est vraiment la marque des années.

Commentaires

Ce qui "dérange", c' est quand un nouveau décor de rue remplace l'ancien qui nous voyait passer et que de nouveaux venus s'installent comme chez eux, alors que c'est "chez nous" :))

Écrit par : Nina | mercredi, 21 août 2024

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tu recycles tes billets?
:-)

Écrit par : Adrienne | mercredi, 21 août 2024

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Ça m'arrive parfois mais là c'est un peu différent.
J'ai repensé à ce post parce que que l'immeuble a totalement changé. ;-)
J'aurais probablement dû mettre le poste initial en lien mais bon...

Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 21 août 2024

L'immeuble où j'ai passé mon enfance, dans le genre immeuble bourgeois, est devenu le siège d'une entreprise financière. La grande chambre où je dormais, au premier étage sur la rue, est devenue salle de réunion probablement pour y faire « de bonnes affaires » !
La façade est évidemment méconnaissable même si le « style » plus ou moins classé a été gardé. Sur une vue en altitude, grâce à Google, on voit que le jardin où j'aimais jouer est à présent une extension des bureaux de l'entreprise…
Aujourd'hui est un autre temps. Mais je n'ai pas vraiment de nostalgie à ce sujet. Peut-être aussi parce que je préfère largement ma vie d'aujourd'hui…

Écrit par : alainx | mercredi, 21 août 2024

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On n'a pas les mêmes soucis quand on est lycée et quand on est septuagénaire avec petits enfants...

Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 21 août 2024

Assis pour mettre les chaussettes, hélas, ce matin je n'ai même pas pu mettre mes chaussures tellement les bandages prennent de place, je suis sortie les orteils à l'air, personne ne m'a proposé une "faisabilité" pour (l'avenir)...
Prenez soin de vous.

Écrit par : mume | mercredi, 21 août 2024

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Il est des endroits qu’il vaudrait mieux ne jamais revoir, et se contenter de nos souvenirs.

Écrit par : Fabie | jeudi, 22 août 2024

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