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vendredi, 01 février 2008

Nous devrions avoir honte ! Crier au scandale !

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Nous restons désespérément muets devant un retour à la justice de l'Ancien Régime.
Madame le Garde des Sceaux, atteinte de folie répressive, a décidé de s'asseoir sur au moins deux principes du droit prévalant dans une démocratie:
- La non rétroactivité des lois.
- L'impossibilité d'emprisonner sans jugement.
Je suis assourdi par le silence du monde politique devant ce qu'il faut bien appeler une forfaiture. Seuls Elisabeth Guigou et Robert Badinter se sont élevés devant une loi qui s'asseoit sur les principes fondateurs du droit français.
L'institutionnalisation du déni de justice, ainsi que la modification du code pénal à chaque fait divers ou mouvement d'opinion, est devenue une activité à plein temps.
Où est passé l'esprit d'une justice qui prétendait jusqu'à présent "mieux vaut un coupable libre qu'un innocent emprisonné" ?
Que je sache -et n'importe quel juriste le confirmera- un coupable ayant payé sa dette est un innocent, c'est le principe même de la présomption d'innocence qui vient donc d'être tué avec cette loi.
On vient là d'instituer la présomption de culpabilité, à quand les tribunaux d'exception ?
On en est à éjecter les rédacteurs de journaux pour crime de lèse-présidence, à quand les jugements expéditifs pour délit d'opinion ?
Cette loi scélérate, loi dite de "la rétention de sûreté" vient d'être adoptée au Sénat selon la "procédure d'urgence". Cette procédure qui permet au gouvernement de s'asseoir sur un débat parlementaire toujours risqué, ses propres troupes étant parfois moins réactionnaires que prévu.
Déjà, avec ce texte, l'Assemblée Nationale avait été renvoyée à ses chères études par le Conseil Constitutionnel au prétexte futile que l'emprisonnement ad vitam aeternam y est proscrit et que la réroactivité des lois n'est pas bien vue par la Constitution .
En la matière, un précédent fâcheux, l'affaire des Sections Spéciales, avait déjà entaché durablement l'honneur de la magistrature et du gouvernement de Vichy lors de la deuxième guerre mondiale, notre gouvernement actuel vient donc de se glisser dans les pas de Pierre Pucheu et Rachida Dati dans ceux de Joseph Barthélemy pour satisfaire leurs électeurs du Front National, toujours prompts à passer par les armes leurs détracteurs sans s'embarrasser de détails comme les droits de la défense et autres bêtises de "droit-de-l'hommiste".
Les promoteurs de cette loi dite de "la rétention de sûreté" s'étaient déjà assis sur l'avis du Conseil Constitutionnel, il y a gros à parier qu'ils feront de même sur le prochain avis du Conseil Constitutionnel -qui ne manquera pas de récidiver- de même que sur la probable condamnation de la France par la Commission Européenne des Droits de l'Homme. Mais bon, les municipales seront passées...
Nous allons alors nous retrouver avec des gens que l'on maintiendra en prison à l'expiration de leur peine au prétexte d'un délit qu'ils pourraient peut-être commettre si on les laissait sortir.
De plus, alors que, selon la Constitution, nul ne peut être détenu sans jugement, on va maintenir des gens en prison parce que certains en auront décidé ainsi sans que la Constitution les y autorise, la loi de Lynch sans la pendaison, en somme...
Mieux encore, les matons devrons désormais expliquer à des gens qui viennent de passer 15 ans en taule que, ben non, ils ne vont pas sortir bien qu'ils aient été jugés avant la loi en question, celle-ci s'appliquera quand même parce que bon, peut-être bien que les lois ne sont pas rétroactives mais qu'elle s'en tape et pis d'abord ils ne peuvent pas sortir parce qu'en fait ils ne sont pas coupables puisqu'en fait ils sont fous.
Je souhaite bien du plaisir aux personnels des prisons quand ils vont devoir faire part aux détenus libérables des dernières lubies législatives d'un gouvernement prêt à tout pour satisfaire la frange la plus réactionnaire de son électorat, ça sent déjà le matelas brûlé et le maton otagisé...
Comment appelle-t-on un gouvernement qui se fout de la Constitution ? Qui décide que la justice devra être expéditive à défaut d'être efficace ?
Quand le Conseil Constitutionnel rejette un projet de loi, comment appelle-t-on un gouvernement qui s'en tape ?
Quand les victimes deviennent le prétexte de lois à but électoral, la vraie victime, c'est la justice.
Elle n'est plus que la légalisation et le bras armé de la vengeance.