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mardi, 07 mai 2019

Rockcollection.

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Je ne savais pas quoi vous écrire, lectrices chéries, quand « Rockcollection » est venue hanter ma cervelle de toutes ses chansons.
Une m’a ramené dans le garage d’un pavillon à Aubervilliers un samedi de printemps.
C’est dans ce garage, pendant que les autres jeunes gens s’agitaient sur le sol de ciment au rythme de « A hard day’s night » que je fus embrassé par une fille brune.
Elle s’ennuyait et moi aussi.
Nous ne savions danser, et très vaguement, que le « slow ».
C’est en dansant, collés l’un contre l’autre, au rythme lénifiant de « Tombe la neige » qu’elle a fait comme si.
Quand la danse prit fin, j’en fus plutôt soulagé parce que c’est quand même gênant de savoir que les filles, collées contre vous qu’elles sont, savent très bien où vous voulez en venir…
Quand Adamo, se tut, nous sommes allés nous asseoir sur la planche posée sur deux tabourets qui faisait office de banc.
Tandis que là, assis sur le banc, quand elle s’est poussée contre ma hanche, je me suis dit que c’était le moment.
Elle a fermé les yeux et a penché la tête vers moi.
Alors je l’ai embrassée.
J’ai trouvé ça super chouette, c’était doux et très agréable.
Apparemment elle a trouvé aussi et nous fûmes gais pour le reste de la « surprise-partie ».
Elle sembla heureuse de son après-midi, je le fus.
Ça ne dura pas, elle habitait loin, un bled trop lointain pour moi genre Bondy et nos atomes étaient  insuffisamment crochus.
Je me demande encore comment je m’étais retrouvé dans un garage à Aubervilliers au mois de mai 1964.
Je me souviens seulement d’un copain  de classe qui habitait du côté du Bourget et chez qui j’étais allé passer quelques jeudis et qui avait une sœur et des copines.
Je revois bien le visage de cette fille, elle était brune, avait des yeux marrons et un joli sourire mais ça ne soulève chez moi aucune émotion.
Il y a comme ça des gens que je me rappelle, des souvenirs agréables de flirts sans lendemain qui ne réveillent aucune nostalgie
Je me rappelle d’autres gens,  des disputes voire des bagarres qui ne suscitent aucun ressentiment.
Bref, ce matin, c’est « A hard day’s night » des Beatles qui fait que je ne sais quoi vous écrire, lectrices chéries.
Mais je trouverai sûrement quelque chose demain car Heure-Bleue et moi allons cet après midi vers « les beaux quartiers ».
Nous avons décidé de « donner dans le nordique » et nous hésitons entre l’expo « Hammershøe » au musée Jacquemart-André et « Ikea » à la Madeleine… 

lundi, 06 mai 2019

Bar sur aube...

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Je vous invite en poésie, grâce à Pierre et Guillaume.

 1) Commencez votre texte par les vers suivants :

"Les lampes s'éteignaient derrière les rideaux

Il ne faut pas aller trop vite

Crainte de tout casser en faisant trop de bruit."

C'est Pierre qui le dit, Sur la pointe des pieds, aux Sources du vent...

2) Terminez par ce vers de Guillaume :

"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"

Expérience menée lors d'une Nuit rhénane noyée dans les Alcools...

Entre les deux... casez ce que la nuit vous confie. En vers ou en prose, vous verrez bien ! 

 

« Les lampes s’éteignent derrière les rideaux
Il ne faut pas aller trop vite
Crainte de tout casser en faisant trop de bruit
. »
Je ne sais pourquoi ces vers de Reverdy me sont venus à l’esprit en entrant dans ce café à peine éclairé.
Il était si sombre et tellement silencieux que j’ai eu peur de le faire disparaître en poussant la porte…
J’ai demandé un verre qu’un garçon m’a servi d’un air ennuyé avant de se rasseoir à une table du fond.
La lampe, dans la niche à alcools,  était allumée qui sortait vaguement de l’ombre le comptoir.
La lumière était chiche mais ce qui éclairait vraiment la pièce et surtout mon âme était le visage de la dame assise sur le tabouret.
Je l’ai regardée un moment. Elle avait l’air triste. Pire elle avait l’air désenchanté de quelqu’un que la nature humaine avait guéri de tout espoir de gaîté, voire de tout espoir…
À la voir je me suis senti désespéré pour elle. Je l’ai regardée un peu plus attentivement, m’attardant sur ses cheveux aux reflets de cuivre que la lumière de la niche ensoleillait. Je me suis retenu de passer doucement la main dessus tant ils me semblaient beaux et doux.
Ils étaient assemblés en un chignon assez lâche, dégageant son visage et son cou. La lumière de ses cheveux donnait un éclat sans pareil à la pâleur de sa peau.
Tandis qu’elle reposait son verre sur le comptoir j’ai pris le mien et me suis approché.
Quand j’ai toussoté pour attirer son attention, elle a levé les yeux.
Elle n’a pas dit un mot, elle attendait, l’air sérieux.
J’ai, d’un léger geste de la main, montré son verre presque vide et ai osé timidement :
- Vous prenez quelque chose ?
Elle a souri.
- Oui, cinquante €uros…
De surprise j’ai ouvert les doigts.
En arrivant sur le carrelage, mon verre s’est brisé comme un éclat de rire.

dimanche, 05 mai 2019

La guerre des deux rosses

Heure-Bleue dormait encore mais à peine quand j’ai mis le pied par terre.
Je me suis levé d’une humeur badine et ai quasiment trépigné de joie en voyant le ciel bleu éclatant de Montmartre depuis la fenêtre de la cuisine.
Comme chaque matin, j’ai préparé les petits déjeuners.
- Minou…
- …
- Minouuuuuuuu !!!
- Hmmm ?
- Quelle heure est-il ?
- Huit heures et demi ma Mine…
- Tu me diras…
J’ai apporté son petit-déjeuner dans le salon et ai dit « À table ! »
Il y eut un moment de calme, nous avons écouté la radio.
Il y était question « d’habitat partagé ».
Après nous avoir entendu remarquer que c’était à peu près comme quand nous étions enfants et que nous passions jouer chez les voisins qui eux-mêmes s’entraidaient pour une chose ou une autre, j’ai craint que nous ne sombrassions dans le « c’était mieux avant » mais non.
Nous nous sommes contentés de constater que dans certaines villes de France la municipalité venait d’inventer le kibboutz ou le kolkhoze…
C’est après avoir éteint la radio que la compétition fut lancée.
Pendant que je rangeais la vaisselle, Heure-Bleue est allée dans la salle de bains.
Elle eut une remarque insidieuse.
«  Tiens… Le tube de dentifrice est presque vide… »
Je n’ai rien dit.
La course fut lancée quand la lumière de mes jours conclut « on va voir qui sera obligé de jeter le tube vide et de mettre le tube neuf… Hé hé hé… »
Deux points sont acquis désormais.
L’humeur de la maison est, grâce au bleu du ciel, au beau fixe.
Et enfin, je sais que je vais gagner la compétition.
Elle changera le tube de dentifrice.
Et de bonne grâce car ce matin, je sais que je dois lui laver les cheveux.
Et comme je lui lave toujours les cheveux gentiment –sauf quand, à cause de la chaudière capricieuse je manque l’ébouillanter- elle n’a pas le cran d’exiger que je change le tube de dentifrice.
Elle est raisonnable mais si le changement nécessaire arrivait un jour où elle n’a pas besoin que je prenne soin d’elle, elle serait absolument féroce avec cette affaire de dentifrice…
Évidemment, pendant que j’écrivais cette note, le ciel s’est couvert de gris.
Mais trop tard ! On est joyeux !

samedi, 04 mai 2019

Sonate d'automne avant l'heure.

pont-de-europe.jpg

Je dois vous dire que ce matin, le « doux bruit de la pluie, par terre et sur les toits » comme disait Paulo, me tape sur le système.
En plus il fait un froid de gueux qui me pousserait à m’en aller « les poings dans mes poches crevées » comme disait le pote du premier.
Oui, car il faut que je vous dise, lectrices chéries, que mon caban a, lui aussi les poches crevées.
Je ne sais pourquoi ces poches se trouent.
Les poches de mes jeans tiennent le coup alors que j’y mets mes clefs et que, n’ayant pas de porte-monnaie, de toute façon inutile compte tenu de ma fortune, les pièces de monnaie traînent au fond des poches de ce jean.
Pourquoi diable les poches de mon caban et de mes blousons se trouent-elles alors que je n’y mets que les tickets de bus que je viens d’oblitérer ou le ticket de caisse du Monop qui m’encombre les doigts ?
J’y mets aussi le petit sac soigneusement replié chaque fois au retour à la maison qui sert à porter les courses que nous venons de faire.
C’est un grand mystère que ces poches qui se décousent.
Ce mystère m’agace une fois l’an à peu près.
Dès que les beaux jours s’annoncent.
Je suis tranquille ces temps-ci grâce au temps de mince qui sévit mais je sens venir le moment d’enfiler une aiguille et de recoudre ces poches.
C’est une sage précaution car aller chercher au fond de sa doublure le sac qui doit servir à y mettre les courses alors qu’une foule hargneuse se presse à la caisse du Monop’ est une tâche risquée.
Je les entends déjà penser « va mourir ! Tu nous retardes ! On a téléréalité à la télé ! »
Il me va donc falloir incessamment, sous peu, voire avant, me crever les yeux pour enfiler une aiguille et recoudre ces fichues poches avant qu’une horde de clients impatients ne hurle, au choix, « les vieux à la piqûre ! » ou bien « alors, tu t’affoles un peu papy ? »
Je dois dire que se mettre à la couture avec ce temps de mince, c’est déjà tâter de l’enfer avant l’heure.
Imaginez un peu, lectrices chéries…
Un temps à se jeter dans le canal.
Un boulot à justifier l’emploi du fouet.
Une vue désolante d’un extérieur froid et trempé.
Une envie de retourner se coucher pour ne plus voir ça.
Heureusement que je suis attaché à la vie et qu’il n’y a pas d’armes ni de médicaments  à la maison…
Mais quand diable va-t-il faire beau ?

vendredi, 03 mai 2019

Joli mois de mai.

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Alors que le mois de mars me rend plutôt gai, avec sa promesse de printemps, même si à dire vrai ce mois me voit souvent gelé et emmitouflé, les mois d’avril et mai me voient surtout d’humeur chagrine.
Évidemment il y a l’explication facile de ce fichu scanner à passer, mais ce n’est pas ça, je le sais.
Il y a autre chose.
Et toujours, je ne sais pourquoi, au mois de mai me revient cette histoire de rue Turgot.
Quelqu’un que je connaissais et ai parfois oublié est mort qui y habitait.
Son nom et son visage m’échappent mais ils me reviendront je le sais.
Je ne sais quand.
J’espère seulement pouvoir être encore en état de vous en faire part quand elle reviendra à la surface de ma mémoire.
Cette affaire me cause du souci depuis… Depuis si longtemps.
Et le temps aujourd’hui n’égaie pas cette absence de mémoire étrange qui n’est ni le souvenir ni l’oubli…
Vous avez vu comme est le ciel parisien aujourd’hui ?
Il n’est pas même gris, il est seulement indécis.
Un peu triste comme ces ados qui manquent de beaucoup de choses mais ne savent pas encore quoi.
Le ciel parisien aujourd’hui est comme ces ados. Il est plein de vague à l’âme.
Il ne sait pas ce qu’il veut et semble n’avoir qu’une vague idée de ce qu’il ne veut pas.
Il est presque comme moi.
Au moins je sais que je vais aller chercher du café chez Clooney.
Peut-être même allons nous, Heure-Bleue et moi, croiser quelque scène qui va nous causer ce fou-rire qui fait tant de bien.
Pour y aller, je vais passer cette écharpe de cachemire rouge qui me plaît et devrait chasser cette impression de froid qui me réfrigère de l’intérieur.
Mais pourquoi ai-je froid alors que nous sommes au mois de mai ?
Mais bon sang, qui était-ce ?
Quel souvenir me hante et me rappelle la rue Turgot chaque mois de mai ?
Souvenir si profondément enfoui que seule une ride périodique le fait vaguement affleurer sans jamais crever la surface de ma mémoire…
C’est peut-être cette remarque de Célestine à propos du « Grand Comptoir d’Anvers », ce café qui fait face à la rue Turgot qui a créé cette ride de la mémoire, allez savoir…
Bref, on va aller chercher du café et profiter de l’animation du quartier des Grands Magasins.
Il est rare qu’on n’y remarque pas quelque chose d’intéressant.
Je suis sûr qu’on en rira.
Ça me reviendra, j’en suis sûr…