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mercredi, 01 mai 2019

Au bonheur des ogres...

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Comme vous le savez, nous avons passé quelques jours avec Tornade, Merveille et P’tite Sœur.
Je me demande si les travaux forcés n’ont pas été inventés pour que les grands-parents puissent se reposer…
Ce fut néanmoins très chouette.
Il y eut bien sûr quelques moments délicats.
Ces moments où la faim rend les enfants si hargneux que l’absence des ogres se fait cruellement ressentir…
Particulièrement chez la plus petite.
Celles censément adultes, elles, c’est autre chose : Quand la fatigue de la journée commence à obscurcir l’entendement, le ton monte pour des riens.
Elles sont capables d’entamer une chamaillerie alors qu’elles viennent de dire exactement la même chose sur le même sujet.
C’est l’effet dévastateur du « oui mais non » si fréquent dès que deux filles parlent.
Elles viennent de dire la même chose mais manifestement il doit y avoir une différence que je n’ai pas saisie au vol, un regard peut-être, ou un battement de cils passé inaperçu…
Et puis il y a Merveille…
Merveille qui grandit.
Merveille qui a besoin d’acheter un rire car on dirait le mien au même âge, le rire qui fait douter de la présence d’un cerveau en ordre derrière un front parfait.
Merveille qui sait si bien dire « Papy ! Mon papy d’amour ! Tu me fais des concombres ? Je ferai la sauce moi-même avec la crème et le vinaigre de cidre… »
Voix légèrement mourante sur la fin de « cidreeee » et papillotement de cils à l’appui.
J’épluche alors les concombres puis les émince.
Je finis la préparation du dîner, sers un vers de vin blanc à Tornade, de vin rouge à Heure-Bleue et un « baby » de Lagavulin à moi.
La table mise, nous nous asseyons.
J’ai oublié d’apporter la sauce de Merveille.
- Merveille, tu veux bien apporter la sauce de tes concombres ?
- Pfff…
Oui ! C’est bien un soupir à fendre l’âme d’un percepteur qui me répond.
- Merveille, s’il te plaît…
- Oui… Boooon, j’y vais papyyyy mais je ne suis pas ton esclave…
- Eh ! C’est ta sauce, pas la mienne…
Merveille se lève et je reconnais là ma grande sœur à douze ans, raide comme la justice mais portant la misère du monde sur ses frêles épaules, secouant la tête et les yeux au ciel pour le prendre à témoin de la cruauté des vieux et marchant d’un pas agacé vers la cuisine.
Et je ris de bon cœur car je pense qu’elle aura envie de baffer P’tite Sœur quand elle lui fera le même coup.
Vous ne trouvez pas que la stabilité de l’espèce a quelque chose de réconfortant dans ce monde où l’on exige pour toute activité une rapidité croissante ?