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dimanche, 21 mars 2021

Coup de froid...

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J’ai eu froid, d’un coup.
Je me suis levé d’un lit qui disparut dès que fus debout.
Il faisait nuit.
Je suis allé jusqu’à la porte qui soudain ne fermait plus.
La serrure n’était pas cassée, non, simplement l’huis et le chambranle ne se joignaient plus.
Un jour de plusieurs centimètres empêchait la serrure de faire son office.
En plus quelqu’un montait l’escalier...
Miraculeusement, quand il a atteint le palier et qu’il a voulu ouvrir la porte, celle-ci a accepté de se fermer.
J’ai eu peur car ma mère n’était pas là.
Mon père non plus.
Pas plus que mes sœurs et l’ameublement de l’appartement avait quelque chose de bizarre.
La moitié des meubles avait disparu au profit d’échafaudages inconnus.
Le jour s’est levé d’un seul coup, comme une lampe qu’on allume et je suis sorti.
Je suis allé jusqu’au boulevard Ornano, je  l’ai reconnu tout de suite.
Le cinéma proposait un film que j’avais déjà vu mais dont je ne pus lire l’affiche.
Je savais seulement que je l’avais déjà vu.
J’ai avancé vers la rue Ordener. Mon père arrivait vers moi.
Je l’ai appelé.
Plusieurs fois.
Plein de fois.
Il portait sa gabardine grise, celle que je lui connaissais depuis des années.
Il avançait sans regarder autour de lui.
Il ne venait pas.
Il n’allait pas.
Il partait.
Il quittait tout pour je ne sais où.
Je l’ai encore appelé.
Il ne m’a pas entendu.
Il est parti sans regarder.
Une vague de tristesse m’a alors submergé, telle que je me suis mis à pleurer à gros sanglots.
Puis le jour s’est levé.
Moi aussi.
J’ai fait la vaisselle que je n’avais pas faite la veille au soir alors que je déteste trouver de la vaisselle sale au lever...
Je me suis rappelé mon rêve en rangeant la vaisselle.
J’avais rêvé de mon père.
Je crois qu’il est vraiment mort maintenant, puisqu’il partait…
Mon père ?
C’est celui qui ressemblait à Kennedy sur la photo, avec l’air de frimer, les mains sur les hanches...
Mon père était quelqu’un de gentil.
Taquin, voire infernal mais gentil.
Vraiment gentil.
Peut-être trop gentil pour le monde où il avait vécu.

vendredi, 19 mars 2021

73ème devoir de Lakevio du Goût

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Il me semble que Lakevio a déjà donné cette toile comme sujet de devoir.
Mais j’aime ce mur.
Je le connais ce mur...
Je connais même le trottoir et le caniveau qui le bordent.
Et vous ?
Si ce mur vous inspire, dites-le lundi...

jeudi, 18 mars 2021

Et les chevilles ?

Eh bien j’en aurais appris de belles hier !
Vous savez qu’Heure-Bleue, empêchée de se mouvoir avec légèreté à cause justement de sa légèreté de réflexion, « m’a désigné volontaire » pour effectuer une bonne part des tâches qui lui sont dévolues.
Sauf le repassage évidemment, tâche dont j’ai oublié les arcanes depuis des décennies.
Rien de particulier à dire sur les courses, la cuisine, la vaisselle, faire le lit, bref tous ces trucs que je fais tous les jours.
Là où, d’après Heure-Bleue, ça pèche sévèrement, c’est du côté du nettoyage de lavabo, du balayage et de l’aspirateur.
Et je m’insurge !
C’est même pas vrai ce qu’elle dit parce que le lavabo, elle peste le soir après s’être lavé les dents et que c’est elle qui l’a sali !
Sans compter la mauvaise foi de la mauvaise patiente !
J’ai fini par lui dire « mais finalement, qu’est-ce que j’ai de bien hein ? Qu’est-ce que j’ai de bien ? »
Et là, elle m’a laissé sans voix.
Elle a réfléchi deux secondes, m’a regardé et dit « Ben, tu me supportes, Minou, c’est déjà beaucoup ! »
Alors j’ai essuyé la vaisselle du dîner et l’ai rangée.
Que voulez-vous répondre à ça ?
Mais bon sang ! Quelle mauvaise foi !
Alors que depuis que je la connais, je ne m’en étais pas aperçu...
C’est pourtant vrai que ça rend aveugle... 

mercredi, 17 mars 2021

Coup de pied au cou de pied...

Ouais, elle est facile mais c’est le jour des gosses, hein...

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Lundi nous sommes allés chez le médecin pour l’entendre commenter nos analyses.
Elles sont impeccables.
Elles...
Heure-Bleue, en revanche, moins.
Elle s’est foulé une cheville en voulant sauter dans le bus.
Elle avait seulement oublié que l’agilité de l’adolescence est plutôt passagère.
Ce ne serait rien si, têtue comme une mule, elle n’avait refusé avec une énergie surprenante pour une souffreteuse, de prendre le taxi que je lui proposais.
Mais non ! Madame a voulu faire à pied le kilomètre et demi qui sépare le cabinet du médecin de l’arrêt du 20 à la République.
Évidemment il lui fut impossible de résister à l’appel du Monoprix du métro Temple...
De « boitillante », sa marche s’est ainsi transformée en « chaloupée » pour finir en « accrochée à Minou » sur les derniers mètres.
Au point que mon coude gauche, celui auquel se pend Heure-Bleue, est maintenant dix centimètres au dessous du code droit, celui qui porte les courses pendant qu’elle me donne le bras...
Je dispose néanmoins d’une information d’importance : Il y a pire que « Minou enrhumé ».
Ou lectrices chéries, « Ma Mine » avec un cheville foulée c’est autre chose.
C’est grandiose !
Que je vous explique.
Avez-vous déjà essayé de mettre un collier à un chat adulte qui n’a jamais connu d’entrave ?
Eh bien Heure-Bleue immobilisée, c’est un peu ça !
Elle est infernale.
On dirait un gosse assez malade pour être couché, pas assez pour avoir envie de dormir.
Un gosse la veille de Noël.
Un prisonnier à deux jours de sa libération.
Autant dire l’enfer...
Alors, avant de préparer une pizza pour midi, et de passer l’aspirateur pour lui éviter de boitiller en gémissant, je vous demande une seule chose, lectrices chéries.
Jetez vous sur vos claviers et noyez nos notes de commentaires élogieux sur la résilience d’Heure-Bleue.
Si vous pouviez faire pareil avec la patience du Goût, ce serait bien aussi...
Bref, lectrices chéries, plaignez-nous !

lundi, 15 mars 2021

Devoir de Lakevio du Goût N°72

devoir de Lakevio du Goût_72_4.jpg

Je détestais cette glacière.
On aurait pu avoir un vrai réfrigérateur mais ma mère avait des notions étranges en matière d’économies.
Elle avait décidé que ce serait une glacière, pas un « frigo » qui consommerait de l’électricité.
Mon père avait eu beau lui faire remarquer que faire livrer de la glace deux ou trois fois par semaine coûterait plus cher que l’électricité consommée, ça ne marcha pas.
Ce soir, ma mère a sorti de la glacière le papier sulfurisé qui contenait le beurre.
Quand elle le déplia je ne vis qu’une maigre noisette de beurre.
Ma mère soupira, remis le papier dans la glacière et en retira un paquet de margarine Astra miraculeusement indemne...
Elle s’est tournée vers moi  «  Ce soir on mange des coquillettes à la viande hachée ! »
J’ai demandé :
- Avec du beurre, maman ?
- Non, à la margarine...
Je préférais le beurre mais la margarine, c’était mieux que « l’Hippofrit »...
J’ai su à la regarder que c’était un de ces mois trop longs.
Un de ces mois où j’avais intérêt à me tenir tranquille.
Un de ces mois où j’avais l’impression d’être encore en pension.
Elle avait l’air triste et fatigué.
Elle m’a regardé avec ce sourire bizarre où seules ses lèvres bougeaient en un mouvement curieux mais où ses yeux étaient gentils.
Elle m’a dit « Ne t’en fais pas, mon chéri... Je t’en ferai la prochaine fois avec du beurre... » et elle m’a embrassé sur la joue.
Je me suis essuyé parce que je crois bien qu’elle avait laissé une larme sur ma joue...
Je n’ai plus jamais aimé la margarine...