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lundi, 18 août 2008

Au bon beur...

La note de Mab m'a rappelé un épisode fromager datant de quelques années (une trentaine tout de même).

Nous habitions rue Rambuteau à Paris, vieille rue du Marais, Heure-Bleue tenait son rôle de libraire plus haut dans la rue, près du Centre Pompidou tandis qu'en face de chez nous un couple tenait une crémerie. Ces crémiers sortaient directement d'un bouquin de Jean Dutourd, riches, d'argent certes, mais surtout de préjugés.
L'archétype du vieux con en somme, pour qui toute personne de moins de quarante ans est au choix "un jeune branlotin", "un hippie" ou pire encore "un maoïste".
En ces temps bénis où j'avais à peu près toutes mes pièces et une santé insolente que Douce Moitié attisait d'un simple regard (c'est bien la seule chose simple chez Douce Moitié...), en ces temps bénis, donc, je profitais du samedi pour éviter la corvée du rasage.
Il faut vous avouer aussi que j'avais la chance insigne à l'époque de devoir presque me raser deux fois par jour pour éviter le contrôle d'identité avec bavure intégrée.
J'avais, pour tout dire, un look d'arabe...
Ne pas se raser le samedi matin quand on est mat de peau, noir de cheveux et de barbe est une bonne façon de tester l'ouverture d'esprit de ses congénères.
Ce samedi là, donc, je descends chez notre émule de "Au bon beurre" pour acheter du fromage.
Voyant arriver chez lui l'essence de tout ce qu'il déteste, un type d'une trentaine d'années, en jean's et en chemise, brun d'yeux, mat de peau, noir de barbe naissante et de cheveux, il prend l'air aimable de l'employée de mairie une demi-heure avant la fermeture,
- Ouiii ? C'est pour quoi ?"
- J'aurais voulu un peu de fromage de Brie s'il vous plaît.
Le BOF jette un morceau de plâtre sur sa balance et poursuit:
- Et avec ça ?
- Vous n'avez pas un brie de meilleure allure ?
- Hmmm... Rogntudju...grommelle le Dutourd de Rambuteau.
Il lève les yeux au ciel d'un air désespéré et s'apprête à m'envoyer sur les roses, à ce moment sa moitié sort de l'arrière-boutique (elle connaît les grommellements de son mari), se précipite sur lui en disant:
" Non ! Donne lui celui-là ! C'est le mari de la libraire ! Il est ingénieur et ne se rase pas le samedi ! "

Commentaires

Le service à la "gueule", alors !!!!! MDR !

Écrit par : patriarch | lundi, 18 août 2008

Nous avions le fils d'amis, issu d'une auvergnate et d'un champenois pur jus, au nom bien français, mais mat de peau et possédant une belle chevelure noire et frisée et un système pileux plus que virile, qui subissait régulièrement des contrôles d'identité chaque fois qu'il venait trainer ses guêtres à Paris. Et pourtant il n'avait même pas une "sale gueule".

Écrit par : Catherine | lundi, 18 août 2008

"le mari de la libraire", un bon titre de film pour faire pendant au "mari de la coiffeuse". Je savais bien qu'il y avait quelque chose de louche chez toi...

Écrit par : mab | lundi, 18 août 2008

Dire qu'à cette époque, tu n'étais que "le mari de la libraire"...

Écrit par : heure-bleue | lundi, 18 août 2008

HB> Toi, c'est bien fait ! Maintenant tu n'es que l'épouse du Bibelot...

Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 18 août 2008

Elle est bien bonne celle-là...

Écrit par : La Femme coupée en deux | lundi, 18 août 2008

Si comme tout "très brun" qui se respecte tu avais rasé les murs...on ne t'aurait pas fait de réflexion...

Écrit par : Maky | mardi, 19 août 2008

Excellent !!! Un service personnalisé, quoi.

Écrit par : fanette | mercredi, 20 août 2008

Et hop je m'en refais un petit coup, trop bien, comme dira la Merveille dans quelques temps

Écrit par : mab | mercredi, 20 août 2008

Excellent !
Ravie de rencontrer "le mari de la libraire" !... Je viens juste de connaitre Heure Bleue et d'apprendre que nous avons hanté les mêmes quartiers au même moment !

Écrit par : lakevio | jeudi, 21 août 2008

Sympa le crémier !
La même chose est arrivée dans un ascenseur à mon Corbillo, très brun à l'époque et bronzé. Dans un ascenseur on lui a dit, T'es quoi toi Tunisien et tu prends l'ascenseur ?

Écrit par : Fauvette | lundi, 25 août 2008

Très moyen le français... moyen ! comment ? ne pas être foutu de faire la différence entre un "bien de chez nous" pas rasé et un de là bas ?
Faut être con ou aveugle !
Je me demande si je n'ai pas un petit faible pour ceux de là bas ! suis je raciste docteur ?

Écrit par : Françoise | jeudi, 28 août 2008

J'ai hurlé de rire, pardonnez-moi, tellement cette histoire possède la beauté de l'authentique. Quant à l'intervention de la crémière, elle n'est pas sans rappeler le "saucisson. Pas celui des clients" d'Astérix en Corse.
Une question demeure, lancinante : pourquoi accorder votre clientèle à cet individu ?

Écrit par : constantin | mardi, 23 septembre 2008

Les commentaires sont fermés.