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vendredi, 23 mars 2012

Je vous présente mes meilleurs vieux…

Vous avez vu ?
Il fait beau et la température est -enfin- clémente.
Ça permet de s’apercevoir que les filles ont une peau en peau, pas en gore-tex, toujours ça de pris.
Du coup je me sens rajeuni de quarante-quatre ans, pile poil.
Et ce matin, comme tous les matins, j'écoute France-Inter.
L'indicatif (non, je ne dirai pas le «jingle») du bulletin d'infos de sept heures est celui de mes dix-neuf ans.
Ce matin j'ai dix neuf ans.
J'entends Alain Geismar et Daniel Cohn-Bendit, qui n'est encore que Dany le Rouge occupés à renvoyer Charles de Gaulle à ses chères études. Ce dernier est en train de m'expliquer, alors que le temps est superbe, que je dois renoncer à « courir le risque de l'aventure » et, piquant le mot à Rabelais s'exclame « Mais c'est la chienlit ! ».
Pfff... Vieux con, va...
Je ne prête pas encore attention au fait que Violette Leduc et Roger Peyrefitte risquent la taule pour leurs préférences en matière amoureuse, occupé que je suis à essayer de satisfaire les miennes.
Je suis tout de même moins fainéant que je ne le deviendrai, je persiste à lire Sartre, Balzac et Châteaubriand.
Et se taper les Mémoires d'Outre-tombe en y prenant plaisir, faut être un peu masochiste...
C'est une époque saine, où les forces de l’ordre jouent un rôle actif dans la discipline sportive de la gent estudiantine, toujours prompte à s’avachir.
Ces braves gens en uniforme nous assurent un entraînement à la course quasi quotidien, et, en échange, reçoivent quelques cailloux qui leur donnent du cœur à l’ouvrage.
C'est l'occasion de remarquer que l'étudiant romantique et maigrelet, plus musclé de la langue que des mollets, court nettement moins vite que le CRS entraîné et bien nourri...
Je dois dire que toutes les tentatives de les amener à leur tour sur les bancs des amphis furent un échec. Sauf une fois où ils entrent à la Sorbonne.
Ils en sortent d’ailleurs aussi peu diplômés qu'ils y sont entrés, les tentatives de la jeunesse pour éduquer les générations précédentes sont parfois décevantes...
Pour ma part, je suis travaillé par bien d’autres soucis -rien à voir avec les exams, toutefois- j’ai au cœur l’angoisse que ma copine du moment ne se jette dans les bras du premier trotskyste venu, sans doute un traître à la cause du peuple, que dis-je, un social-traître. Me laissant alors le cœur brisé, la cervelle vexée et les convictions politiques ébranlées. (La suite donnera raison à mes angoisses, cette hyène se maqua avec un maoïste, fanatique de la « Révolution Culturelle», pour qui le côté révolution était plus réussi que le côté culturel.
Mais « il a de si beaux yeux » dit-elle, la s...
Bref, cette blessure guérit d’autant plus facilement que c’est l’âge béni où l’on peut avoir trois chagrins d’amour par semaine sans risquer l'infarctus.
Le cœur est décidément une machine plus solide qu'il n'y paraît...

Quoique d’un caractère peu enclin à pleurer sur le lait renversé, je reprendrais bien un peu de ce mois de mai 68, surtout qu’à l’époque, ce qui m’empêchait de courir, c’était la flemme, pas la clope…
Et puis, c’était une époque où l’on réclamait avec force le droit à vivre, pas à survivre.

C'était ma contribution à l'arrivée du printemps qui, comme chaque année, me fait rêvasser à mai 68, époque bénie ou il faisait beau.
Un vrai temps à émeutes...

Commentaires

Je me disais que tu étais un peu à l'avance dans l'année pour fêter le mois de mai mais il est vrai qu'on regrette le temps où le peut-être et le possible pouvaient facilement éclore...

Ton oeil va mieux ?

Écrit par : lakevio | vendredi, 23 mars 2012

c'est vrai qu'il faisait super beau !! je me souviens l'odeur putrides des poubelles qui macéraient au soleil !!!

Écrit par : maevina | vendredi, 23 mars 2012

Oui je me souviens aussi... Mais je ne pensais pas que 2 mois plus tard, j'allais être licencié et pas en lettres, mais par lettre recommandée avec en plus accusé de réception.... le vache....de patron allemand....et que j'allais devoir, m'expatrier à Grenoble, car trop fiché dans la région....

Mais bon dieu, ce que j'ai aimé ces moment là !!!! Donc pas de regret, parfois, il faut "payer cash"

belle journée !

Écrit par : patriarch | samedi, 24 mars 2012

Bonjour, un mot sur ce que vous avez dit au sujet du journal de Pernaut sur un autre blog. Je suis d'accord sur le fait que ce n'est pas un journal d'actualités tel qu'on le souhaite. Je pense qu'il vaudrait mieux qu'il fasse une émission à part entière sur les sujets qu'il y traite.
Cependant, les sujets qu'il présente, notamment ceux concernant "la France profonde" qui est une France qui existe et concerne pas mal de gens, ou les vieux métiers (ou métiers rares comme l'autre jour, une restauratrice de livres anciens, métier passionnant et artisanat de précision), je les trouve très intéressants. Je ne trouve pas honteux de mettre en valeur ces régions, ces métiers, ces gens, aussi respectables que des bobos citadins ou des jeunes de banlieue, non ? J'aime découvrir, que ce soit les traditions de pays lointains ou des régions françaises que je ne connais pas.
Franchement, je crois que vous devriez prendre le temps de regarder ces reportages qui sont instructifs et parlent de tas de choses que l'on prend plaisir à découvrir pendant les vacances quand on est en ballade aux quatre coins de France. C'est une des rares émissions qui en parlent, ça n'a rien de honteux, non ?

Écrit par : Marnie | samedi, 24 mars 2012

il faisait beau, je ne manifestais pas, je regardais ça ébahie à la tv. J'étais dans une école où les choses et la façon de les envisager étaient différentes. Il y avait moins besoin de révolution. Par contre mon grand-père, quatre-vingt ans, s'amusait à courir les manifs et les "guérillas urbaines" tout en faisant semblant de désapprouver.

Écrit par : liliplume | samedi, 24 mars 2012

J'ai redoublé ma sixième , les bus ne passaient pas et c'était le prétexte pour manquer l'école , mes parents n'étaient pas regardant sur l'assiduité .

Écrit par : Brigitte | lundi, 26 mars 2012

"Et se taper les Mémoires d'Outre-tombe en y prenant plaisir, faut être un peu masochiste...", écrivez-vous.

Amoureux du beau langage, rectifierai-je, si j'osais ...

Car je n'ose.
Quelle leçon que votre blog !
Par hasard, ici, grâce à Pat, je me régale.

Certes, thématiquement, j'évolue aux antipodes de l'égyptologie didactisante et pédagogisante !

Mais que c'est bon de vous lire quand on aime les mots et leur accommodement les uns avec les autres.

Que c'est bon de se laisser bercer par l'harmonie sémantique !

Je voulais m'abonner à un machin au nom anglicisé qui m'indiquerait que vous avez publié tel jour ... Mais mon atavique impéritie en matière d'informatique ne m'a pas permis de trouver l'endroit où m'inscrire ...

"Prout", diraient les surréalistes belges auxquels j'adhère ...

Bravo à vous pour ces billets, ajouterai-je, pour conclure en politiquement correct, réfrénant mon envie de hurler ma jalousie de ne pouvoir enseigner comme vous éructez !

Écrit par : Richard LEJEUNE | jeudi, 05 avril 2012

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