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vendredi, 25 mai 2012

D’un Noir des bennes…

J’ai appris il y a peu, de la bouche d’une amie –si si, Milky tu es une amie, ne t’en défends pas, je t’en prie, je perdrais toute crédibilité…- que les aventures du « Club des cinq » que je ne lis plus depuis quelques semaines, disons deux-mille-huit-cent-soixante semaines environ -ben oui...-, avaient fait l’objet d’une nouvelle traduction visant à en supprimer le passé simple au profit du passé composé.
Adieu donc, « Dagobert prit dans sa gueule le précieux indice et le rapporta à Claude ».
Désormais, « Dagobert a pris dans gueule le précieux indice et l’a rapporté à Claude »…
Je ne sais pas si c’est pour favoriser la compréhension de ces aventures par les enfants ou pour éviter de traumatiser nos chères têtes blondes obligées, au milieu d’un épisode particulièrement haletant, de se jeter sur le Bescherelle.
Bescherelle malheureusement squatté par un frère ou une sœur en train de faire ses devoirs.
Ce qui, inévitablement,  pourrit la vie de ces trop rares lecteurs.
Non seulement ils seraient traumatisés par la sortie brutale de l’ambiance du bouquin mais de plus discriminés !
Oui ! Ils seraient discriminés ! Et par quoi ? Par l’usage abusif d’un de ces temps de l’indicatif peu usité hors le milieu scolaire ou pire encore, les livres.
D’ailleurs, dans cette veine anti-discrimination qui frappe tous les milieux et tous les domaines, je me demande pourquoi on n’a pas encore supprimé l’appellation « roman noir » au profit de « roman de couleur ».
Quant à la nullité de l’association « Osez le féminisme » on se demande encore pourquoi elle n’a pas encore lancé une campagne contre La Fontaine.
Cet odieux machiste brutal n’a-t-il pas écrit dans « La laitière et le pot au lait » :

« Perrette, là-dessus, saute aussi, transportée:
Le lait tombe; adieu veau, vache, cochon, couvée.
La dame de ces biens, quittant d'un œil marri
Sa fortune ainsi répandue, va s'excuser à son mari,
 En grand danger d'être battue. » ?

Et que dire de la cruauté du même qui, dans « L’amour et la folie » nous déclare tout de go :

« Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'Aveugle que voici
(C'est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien ;
J'en fais juge un Amant, et ne décide rien. » ?

Une association efficace aurait aussitôt réclamé l’interdiction des fables de La Fontaine !
Entre le mauvais sort réservé aux animaux, les quolibets qui s’abattent sur le couillon le mal-comprenant, le malheur qui frappe l’aveugle le non-voyant et le maintien de l'esclave docile la femme à sa place naturelle dans sa condition servile, ces fables sont une insulte aux Droits Humains.
Comme l’imbécile rétrograde que je suis,  confit dans une vieille culture universitaire qui m’avait appris que l’Homme désignait l’espèce -et que l’espèce incluait les femmes et les hommes-, j’allais écrire « Droits de l’Homme »…
Bref, si l’on continue dans cette veine schizophrénique qui veut que l’on soit sans cesse, soit éploré à l’idée de ce que nous avons commis, soit indemnisé pour ce que nous avons subi au cours de l’Histoire, nous n’allons pas considérer l’avenir d’un œil joyeux.
Et nous verrons d’autant moins l’avenir que nous perdons une énergie et un temps fous à nous complaire dans des « devoirs de mémoire » chaque jour qui passe.
Ce n’est pas que l’on n’ait pas commis d’ignominie ou subi d’humiliation.
Mais va-t-on réclamer des dommages à l’Italie pour la mort ignominieuse de Vercingétorix dans les geôles de César ?
Se verra-t-on désignés à l’opprobre mondiale pour notre comportement scandaleux vis-à-vis des Saxons pendant la bataille d’Hastings ?
Mais cessons un peu et regardons l’avenir avec intérêt !

Quoique… J’eus aimé qu’on se souvint de moi dans les siècles futurs comme du phare de l’humanité que je suis, malgré l’absence de reconnaissance due a la cécité de mes contemporains…
Mais pour l’instant, à part un usage effréné de l’euphémisme, je n’ai pas remarqué que le monde soit devenu moins féroce…

Commentaires

il vaudrait mieux apprendre le passé-simple aux enfants que le supprimer ! Et appeler un chat, un chat je suis d'accord !

Écrit par : liliplume | vendredi, 25 mai 2012

Sourire... lorsque tu t'y mets, tu y vas "Franco" disons plutôt franchement....

Bonne fin de semaine à vous deux,avec la petite déesse surement !!!

Écrit par : patriarch | samedi, 26 mai 2012

La comtesse de Ségur a subi le même traitement, hélas!

Écrit par : mab | samedi, 26 mai 2012

Que de temps perdu a s'occuper bêtement ........

Écrit par : maevina | samedi, 26 mai 2012

Quel dommage ! C'est justement ce joli français peut-être un peu daté qui fait le charme du Club des Cinq. Ma fille m'a raconté un jour qu'elle avait longtemps cru que le mot "séant" était synonyme de "matelas", parce qu'elle avait lu dans un Club des Cinq "Annie se dressa sur son séant".

Écrit par : Hermione | samedi, 26 mai 2012

Le remplacement du passé simple par le passé composé donne une allure lourdingue à la phrase, sans la rendre, pour autant plus facile à comprendre.
J'ai du mal à voir pourquoi "on" a pris la décision d'enlaidir le texte.

Écrit par : clodoweg | samedi, 26 mai 2012

C'est certain qu'à force de lire le langage SMS , ça doit faire drôle aux gamins de rencontrer le passé simple !

Écrit par : Brigitte | samedi, 26 mai 2012

Certes, chassé le passé simple mais langage simplifié aussi car les tournures des phrases complexes à plusieurs subordonnées devenaient un peu trop difficiles pour les chers enfants. On a déjà ostracisé, caviardé, purgé certains auteurs et averti leurs lecteurs, on en arrive à la littérature enfantine.

Écrit par : lakevio | dimanche, 27 mai 2012

Les commentaires sont fermés.