lundi, 13 août 2012
Qui sont encore 50 jours de vacances.
Je descendis néanmoins une fois de plus ce jour là –je ne vous ai pas déjà parlé de ma ténacité ?- la rue Caulaincourt, d’un pas de plus en plus triste, je me disais que tout était fichu, que j’allais sûrement devoir laisser une lettre sur la table de la maison, pour « expliquer mon geste » comme on dit dans les journaux, geste qui plongerait sûrement mes parents et mes sœurs dans le désespoir.
Puis, en regardant au loin, je vis le mouvement de cheveux que je connaissais bien et le balancement de hanches que je ne connaîtrais jamais assez bien.
J’approchai rapidement, elle marchait lentement, tristement et je la vis faire une chose qu’elle n’avait jamais faite. Elle ! Elle faisait ça ! Elle si « collet monté », elle si « bien élevée » ! Elle traînait les pieds !
Dès que je fus assez proche, je soufflai « Danièle ! ». Elle s’arrêta net, se retourna, elle faisait la même tête que moi hier et avant-hier, c'est dire sa joie de vivre…
Nous étions arrêtés au milieu du trottoir, bien embêtés, ne sachant quelle contenance adopter.
Si nous n’avions été au mois d’août, indifférents au monde que nous étions, la foule nous eût traînés jusqu’à Saint-Ouen sans que nous nous en aperçussions (ouf ! Mais c'est pour le plaisir)!
Ça aurait pu tourner comme dans je ne me rappelle plus quelle édition des « Chevaliers de la Table Ronde » où il est écrit, quand Lancelot croise au hasard la reine Guenièvre un truc genre « Elle lui tendit ses lèvres, il y but longuement », mais non…
Toute tentative de rapprochement entre nous semblait vouée à l’échec.
J’étais sensiblement plus grand qu’elle et en nous précipitant l’un vers l’autre, elle leva vivement le bras pour me prendre par le cou. M’attira brutalement à elle et voulant mettre son visage dans mon cou, m’écrasa les lèvres, pas des siennes, non, de sa tête.
Un goût de sang m’envahit la bouche.
Cette histoire d’amour avait commencé avec une bousculade, elle risquait bien de prendre fin avec un « coup de boule », les deux fussent ils accidentels.
Ça, c’est le type de souvenir qui reste et vous marque à vie.
C’était bien parti pour être mal parti…
Avec le culot bien connu des filles, ce fut elle qui dit « aïe ! » mais elle releva la tête, sembla raisonnablement désolée de voir un peu de sang sourdre entre mes lèvres et me fit –enfin- apprécier le goût de cette « cerise pâle » dont je vous ai déjà parlé.
Ça n’alla pas sans mal, encore effrayés à l’idée que nous eussions pu nous perdre si vite, notre premier baiser fut quelque peu violent, nous écorcha –encore- les lèvres et choqua nos dents…
Elle s’accrocha –très fermement cette fois- à mon bras et nous repartîmes vers le haut de la colline de Montmartre.
Nous étions assez pudiques et avions peu de goût –sauf éruption émotive impromptue- pour les effusions en public. Ça n’allait pas sans inconvénients dont le plus grave était l’impossibilité pour moi de vérifier aussi souvent que je le souhaitais le goût de cette fameuse cerise pâle…
Cela dit nos relations manquaient nettement de décontraction, elle avait toujours cet air inquiet en me regardant, l’air de se demander si j’étais digne de confiance ou non...
Tandis que moi, avec mon insouciance et mon imprudence habituelle, je vivais l’instant, intensément et, comme elle avec sérieux, mais sans appréhension particulière.
Les garçons sont des têtes de linotte, vous dis-je…
23:05 | Commentaires (6)
Commentaires
Ce sont les meilleurs moments..... nous attendons la suite....... Belle journée chez vous
Écrit par : patriarch | mardi, 14 août 2012
ça devient chaud!
Écrit par : mab | mardi, 14 août 2012
vas-y! continue! prends ton temps! tout en retenue! vous voilà au stade de la violence!!!!! tu vois, même pour un premier baiser, tu souffrais déjà!!Mais, enfin, ça progresse!!!
Écrit par : emiliacelina | mardi, 14 août 2012
Et bien... entre vous c'est un peu "Fais moi mal Johnny" non ?!! Entre sa main et votre lèvre ça fait 1 partout ;o) Je redoute la fin de l'histoire : ça se termine aux urgences ?
Écrit par : Frédérique | mardi, 14 août 2012
Délicieux souvenirs et je suis sûre que tu revis ces douces et violentes émotions... Donc... je comprends la jalousie d'heure Bleue ! Je suis fille...
Bises
Écrit par : lakevio | mardi, 14 août 2012
Les garçons sont des têtes de linotte, nous dis-tu…
Et les femmes, des oiseaux de proie?
Écrit par : Livfourmi | mardi, 23 octobre 2012
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