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mercredi, 06 février 2013

Diabolo fraise…

Je ne voyais plus mon copain, collé sans doute à sa copine. La danse, c’est vraiment la mine.
C'est à ce moment, qu'au bas de l’escalier menant à la sortie apparurent deux filles se tenant par le bras.
L’une manifestement habituée, l’autre, plus empruntée, semblait avoir été traînée de force dans une ambiance qui ne lui plaisait pas.
L’habituée déposa un baiser sur la joue de l’autre et partit à la rencontre d’autres habitués.
« L’autre »  regarda autour d’elle et se dirigea vers la table la moins encombrée et où on pouvait prendre place.
La table encombrée d’un diabolo fraise.
La table de votre Goût adoré.
« L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme » me souffla Victor à l’esprit.
« Je peux ? » demanda « l’autre » d’une voix timide.
« Je vous en prie. » dit votre serviteur de la voix qui plaît tant à « mialjo ».
(Pour la voix, à l’époque je ne savais pas, sinon j’en aurais profité à fond).
« L’autre » regarda mon verre, allait dire quelque chose mais en fut empêchée par l’apparition d’un empêcheur de draguer en rond.
Ce concurrent outrecuidant, ce brun calamistré de frais, au pantalon collant et vêtu d’une de ces monstrueuses chemises à jabot de dentelle qui faisaient leur apparition et bientôt fureur allait embarquer ma peut-être future camarade.
Le verbe haut et la grammaire approximative, il avait, comme dit Flaubert « cette admirable nature de charlatan où il y avait du coiffeur et du toréador ».
Prenant son élan, le toréador regardant « l’autre » avec « oun oeil dé vélours » , jeta avec emphase « si tu voudrais bien m’accorder cette daaaanse… », laissant traîner la fin de l’invite de l’air du type qui offre un cadeau.
Comme il m’arrive d’être grossier avec moi-même, je me dis « Merde ! Il va tout foutre en l’air ! ».
Puis, comme il m’arrive de réfléchir, trop rarement hélas, je me dis que si elle était charmée par une sirène de ce genre, la perte ne serait pas grande.

En l’entendant, elle eut l’air poignardée, levant les yeux au plafond tandis que je laissais échapper un « sshhhh ».
Il venait manifestement de signer son arrêt de mort.
Ce qu’elle confirma d’un « non, merci » glacial. Dès qu’il eut le dos tourné, elle haussa les épaules d’un air agacé.
- Vous avez entendu ?
- Oui, il aurait dû dire « Si que mademoiselle voudra bien m’accorder cette danse », non ? 
« L’autre » me jeta un regard indécis.
Puis sourit et lâcha « si je ne vous avais pas vu tiquer en entendant l’autre, je m’enfuirais aussitôt.»
Elle regarda mon verre –enfin ! –
- Qu’est-ce que vous buvez ?
- Un diabolo fraise.
- Ça a quel goût ?
J’hésitai, puis poussai mon verre vers elle. Après tout, on verrait bien.
- Je vais plutôt aller en chercher un au bar.
- Et si vous n’aimez pas ça ?
- Alors vous en boirez peut-être deux…
Elle se leva, je souhaitai de tout mon cœur qu’elle revienne à la table.
Quelques minutes plus tard elle revint avec son verre, y trempa ses lèvres et frissonna.
« C’est bien trop acidulé pour moi ! ».
Et à son tour elle poussa son verre vers moi « Vous voulez bien ? ».
C’est là que le sort se montre parfois gentil avec ceux qui doivent se consoler.
Percy Sledge, sortant des haut-parleurs, se mit à chanter  «  When a man loves a woman ».
Alors je me jetai à l’eau, je pris la main de « l’autre » en disant « Si tu voudrais bien m’accorder ce slow ? ».
Elle sourit gentiment,  se leva, me reprit la main et avoua « à part le slow, je ne sais rien danser ».
Elle parut satisfaite de mon « Moi non plus… ».
Les effets du diabolo fraise me surprendront toujours…

 

Commentaires

C'est si vieux que ça le When a man... C'est bien ça je suis très vieille!

Écrit par : mab | mercredi, 06 février 2013

Ah les pouvoirs du diabolo fraise ! Aujourd'hui il faudrait que tu sois assis avec un cointropolitain sans vodka dedans, pour attirée l'autre sexe.

Écrit par : Rivka | mercredi, 06 février 2013

When a man loves a woman ». slow d'la mort!!!!!!!!!!!!!!! le mec qui n'emballe pas là dessus...c'est même pas la peine qu'il essaie sur autre chose...là, tu as bien joué, petit malin, avec tact et humour c'était obligé qu'elle ne te refuse pas une danse..et elle te dit qu'elle ne sait que danser les slwooooooooooooooooooooooooooque du bonheur...lol...ha...la chemise à jabot...mais quelle horreur...mais si tu as une voix chaude et agréable, je confirme...

Écrit par : mialjo | mercredi, 06 février 2013

Là , j'y étais ! Tu racontes bien !

Écrit par : Brigitte | mercredi, 06 février 2013

de l'humour , et...hop! si ce n'est pas dans la poche ce n'est pas loin! Si en plus, vous vous lancez dans un slow langoureux, comment veux-tu qu'elle te résiste !
Pourtant, fais gaffe! Si celle-ci tombe aussi sur ton blog et se reconnait, tu n'es pas sorti de l'auberge ! Je sens que nous allons adorer tes notes prochaines!

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 06 février 2013

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