vendredi, 12 avril 2013
Sommeil de plume, sommeil de plomb...
La note d’Emilia-Celina parlant je suppose, de sa belle-mère, me remet en mémoire les « troubles du sommeil » qui frappaient ma mère depuis la naissance de ma petite sœur, c'est-à-dire depuis 1952…
Depuis, ma mère avait « besoin de se reposer ».
Et s’y employait avec énergie.
Je ne m’étendrai pas sur les raisons profondes de la « fatigue » de ma mère, seulement sur les nombreux effets aussi pervers que désagréables de sa « fatigue » sur nous.
En écrivant cette introduction, je remercie les créateurs du Web. Ces gens, qui au départ ne souhaitaient pas vraiment voir leurs articles masqués en partie par des publicités vantant les qualités des pizzas, me permettent de faire de substantielles économies.
Au lieu d’aller claquer un blé monstre chez un type quasiment muet, qui ne s’animera que quand je lui dirai « combien vous dois-je ? ».
Un type qui, après m’avoir demandé ce que je fais, histoire de savoir combien je gagne, me dira, l’air inspiré « et si vous me parliez de votre mère ? »
Je vous remercie donc, lectrices chéries, de prêter un écran attentif à mes jérémiades.
Je sais qu’elles agacent Mab, qui déteste toute forme d’épanchement.
Surtout que c'est déjà un dévoilement indécent pour elle que dire qu'on est allé chercher le pain...
Mais c’est aussi pour ça que je le fais. Je me demande même si ce n'est pas surtout pour ça que je le fais.
C'est vrai quoi, écrire des trucs sans intérêt, si ça n’emmerde personne, offre encore moins d’intérêt.
Revenons donc aux périodes de veille plutôt étranges de la mère de votre Goût adoré.
Cette mauvaise habitude du repos maternel forcené n’a hélas pas pris fin avec l’envol hors de la maison de sa nombreuse progéniture. Des décennies durant, ma mère s’est reposée. Elle est même morte en se reposant. Elle est parvenue à atteindre son dernier repos en dormant ce qui est un quand même un fin éloge de la paresse.
Ou de la déprime…
J’ai comme cela des souvenirs pas si vieux où, en bon fils, je tentais de passer la voir l’après-midi. J’atteignais la porte de l’appartement qu’elle occupait dans le Marais –ce point a son importance- et sonnais.
Le Marais l’après-midi est un balagan effroyable, fait de bruits de camions, de voitures, de scooters et autres engins qui tous, pétaradaient à qui mieux mieux.
Donc, je sonnais, puis resonnais.
Je tambourinais à la porte pendant de longues minutes.
Je sortais mon portable de ma poche et l’appelais au téléphone.
Elle avait un vieux téléphone, un de ceux avec une sonnerie à réveiller tous les locataires du Père Lachaise.
Je n’avais pas le courage de retourner chez moi prendre le double de son trousseau de clefs, j’allais donc prendre un café, car ce n’était pas la première fois.
J’étais plus agacé et amusé qu’inquiet car ma mère ne dormait pas l’après-midi, elle tentait de « se reposer , car tu sais combien je suis fatiguée, je ne sais même pas si je serai encore là le mois prochain… »
Je revenais vers cinq heures de l’après-midi et sonnais.
Je l’entendais arriver, ouvrir la porte et la même scène se reproduisait.
Je genre de scène si régulière qu’elle me rassurait sur l’immuabilité de la marche du monde.
« Aaahhh Mon fils ! Tu es là ! Je n’ai pas réussi à fermer l’œil depuis… »
et selon l’humeur du moment, ça allait de l’après-midi à la semaine…
Et bien sûr, après un baiser sur chaque joue, histoire de finir de plomber l’ambiance « Tu sais, je ne vais plus tenir bien longtemps… », puis, après un silence, elle ajoutait, toujours aussi immuablement « Heure-Bleue va bien ? » et, soupirant douloureusement, « bon, enfin, tu sais ce que j’en pense… ».
Et vous voudriez que j’aille raconter ça à un psy alors que vous êtes là, tout ouïe, lectrices chéries ?
10:33 | Commentaires (11)
Commentaires
ahaha !! attention ! tu vas tomber dans la caricature de la mère juive ! bon c'est vrai je ne suis pas psy pour dire ça !
Écrit par : maevina | vendredi, 12 avril 2013
Je te rassure , je vais bien évidemment faire marcher l'assurance de la maison de retraite et s'il y a litige , je ferai marcher le tribunal de proximité , peu de personnes peuvent compléter le loyer que donne ma mère , plus un dentier , ce mois là , je jonglerai avec les chèques car ces salopards à la banque me fileraient des agios . Quelle belle mort , mourir dans son sommeil , elle avait des médocs ?
Écrit par : Brigitte | vendredi, 12 avril 2013
Beaucoup de personnes, lorsqu'elles sont seules sont ainsi.. Ce ne fut pas le cas de ma mère qui à 93 ans avait encore un beau sourire.... Mais elle a travaillé toute sa vie, en plus du travail à la maison, des 3 enfants et d'un homme invalide. Je crois que la différence est là, pas le temps de se plaindre....
Bonne fin de journée.
Écrit par : patriarch | vendredi, 12 avril 2013
tu as raison, Le Goût, économise tes sous! Paaaaaaaaarle-nous !
D'ailleurs ta mère m'amuse, alors tanote me fait même du bien à moi! C'est pour dire !
Ah ! au fait, ma dernière note concerne ma mère ! Chez nous une Mérotte est une petite mère, c'est un mot très affectueux!
Écrit par : emiliacelina | vendredi, 12 avril 2013
J'aime bien quand tu parles de ta mère, j'ai un peu l'impression de m'entendre parler de mon père. Pas pour le sommeil, rien de commun, je crois, juste cette impression qu'ils ont pris beaucoup trop de place.
Alors continue à nous parler de ta mère, si ça te fait du bien, à moi, ça m'en fait aussi.
Écrit par : Berthoise | vendredi, 12 avril 2013
Au fond, un blog, n'est-ce-pas ça ! un cabinet de psy ? On chercherait auprès de nos lecteurs, de la compassion, de la compréhension, de l'écoute, on chercherait une oreille complaisante...La preuve, quand on ne nous met pas de gentil com, on en est très contrarié, comme un médecin qui dirait à son malade "vous m'emmerdez grave"...
Tes rapports avec ta mère me font rire..On voit bien que, même morte, les mères sont toujours bien présentes..Le jour où la mienne ne sera plus là, je réglerai, je suppose aussi mes comptes avec elle..enfin, si, selon, la logique, c'est elle qui part la 1ere, mais, à 86 ans, elle fait encore son jardin, rentre son bois, nous crie après, comme si nous étions de sales gamins, elle a encore du répondant, pas comme ma belle-mère, mais, là, c'est une belle-mère, je n'en parlerai donc pas..
Écrit par : juju | vendredi, 12 avril 2013
le sommeil est le dada des gens dépressifs, soient ils ne dorment pas, soit ils dorment tout le temps, mais dans tous les cas ça leur pose un gros problème. Que reprochait ta mère à Heure Bleue ? Est ce que comme ma belle-mère elle ne supportait pas les pièces rapportées ?
Écrit par : liliplume | samedi, 13 avril 2013
Mais oui que reprochait-elle à HB? A part d'avoir pris son fils je ne vois pas.
Écrit par : mab | samedi, 13 avril 2013
Dis-moi? As tu connu mon père? Tu fis là un portrait quelque peu féminin (et je peux t'assurer que dans ses jeunes années il avait tout ce qu'il fallait où il fallait pour crier haut et fort sa virilité dans les obscures clartés des mardis que je passais chez ma grand-mère) de ... mon père! Et de ses insomnies perpetuelles dont les ronflements faisaient taire les oiseaux du jardin.... Et naturellement, il dormait mal, il vivait mal et j'étais dépressive. C'est devenu une habitude d'ailleurs de me voir dépressive. Tiens puisqu'on en parle....... Pardon? 200 Euros? Tu prends les chèques?
Écrit par : Mme Farfa | dimanche, 14 avril 2013
je ne suis pas bien au fait de la monnaie plastique.... Sorry. Je suis restée bloquée aux chèques... (je sais c'est pas Pier!) Mais merci pour la consultation et la réponse, concise, claire et succincte! Belle nuit!!!!
Écrit par : Mme Farfa | dimanche, 14 avril 2013
Qu'il est bon de s'épancher!
Écrit par : livfourmi | lundi, 15 avril 2013
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