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dimanche, 22 mars 2015

Un printemps de bourges...

Ce matin, je suis sorti de la salle de bain, beau sans ornement, dans le simple appareil d’un Adonis qu’on vient d’arracher au sommeil.
On va dire comme un type qui vient de faire sa toilette, rasé d’aussi près qu’un compte en banque de retraité.
Je me suis précipité dans la chambre avant qu’Heure-Bleue, perdant la tête, ne me saute dessus.
Plus exactement poussé par la température, douce mais insuffisante pour la frilosité de votre Goût adoré.
J’ai regardé par la fenêtre. Le temps était gris comme un jour de Toussaint.
La température était aussi fraîche que les relations entre la Grèce et l’Allemagne.

J’ai commencé par sortir un col roulé. Rouge le col roulé. Et en cachemire.
J’ai hésité longuement. Nous sommes le 22 mars. Heure-Bleue se serait esclaffée « mais tu es ridicule Minou ! Un col roulé ! Presque fin mars ! Pfff… »
J’ai remis le col roulé à sa place et pris une chemise.
Ce col roulé m’a remis en mémoire un épisode fumant de ma vie de jeune homme bidouilleur.
Je vous ai déjà parlé d’une des hantises de ma mère.
La principale étant que je croise un jour une fille que j’aimerai plus qu’elle.
Ça me pourrissait la vie et me poussait à garder pour moi toute relation que je m’évertuais à garder loin de la maison.
Il y en avait une autre, hyper pénible. La manie des économies et de l’usage raisonnable et pour tout dire ennuyeux des sous que je gagnais en période de vacances.
Un de ces printemps riches en bricolages de kits pour boiteux du fer à souder, je fus suffisamment en fonds pour me payer un col roulé classieux.
Le col roulé blanc en « courtelle » de la maison Rodier.
J’étais sûr que j’allais pouvoir claquer ce restait de sous après cet achat luxueux dans des sorties avec une petite camarade qui du coup me laisserait jouer avec elle à des trucs passionnants.
Le samedi arriva. J’avais en train un de ces essais audiophilesques qui me passionnaient.
La tentative de faire fonctionner un amplificateur à transistors dans une zone de fonctionnement risquée certes,  mais censée lui retirer ce fameux « son transistor » qui agaçait les mélomanes.
Le jour de l’achat de ce superbe col roulé, je revins à la maison, fier comme Artaban.
Ma mère fut, pour une fois ravie de mes emplettes.
Elle ne put évidemment s’empêcher de remarquer que « pour une fois j’avais fait une dépense autrement intelligente que toutes ces « bêtises électriques » qui coûtent cher et ne servent qu’à faire du bruit, comme s’il n’y en avait pas assez »…
Il faut avouer que ce col roulé m’avait « coûté bonbon », c'est-à-dire, selon la formule consacrée par la jeunesse du moment,  « entre la peauduc et la peaudec ».
J’ai donc passé ma journée, n’ayant jamais trop chaud, vêtu de ce col roulé, à bidouiller cet amplificateur et l’écouter m’avait presque apporté la satisfaction escomptée.
Presque parce que je n’étais jamais satisfait du résultat. Trait de caractère qui n’a pas disparu et ce n’est que grâce à la patience de mes patrons que j’ai pu gagner ma croûte en restant insatisfait de mon boulot…
Le soir est arrivé, je me suis mis à table pour le dîner et ai parlé dans le vide. Ma mère et mes sœurs étant opaques à mes digressions sur le « son transistor » continuaient leur conversation de leur côté me laissant dégoiser dans mon coin…
Puis nous sommes allés nous coucher. Moi oubliant d’éteindre ma bidouille et surtout que le mode de fonctionnement de l’amplificateur induisait une hausse sensible de sa température. Très sensible la hausse.
J’ai jeté négligemment mon col roulé tout beau tout neuf sur mon amplificateur, ouvert, sans capot,  les tripes à l’air.
Je fus réveillé par une odeur d’électronique cramée à cœur, j’ouvris les yeux sur les flammes dansantes de mon pull en train de flamber joyeusement.
J’ai crié « M… !!! » me suis levé, ai couru à la cuisine chercher une casserole d’eau, suis revenu, ai arraché la prise et ai versé l’eau sur ma semaine de boulot et mon col roulé devenu tout noir…
Ma mère s’est précipitée, m’a consolé, engueulé d’avoir mis le feu et promis de me racheter le même col roulé le lendemain même.
Le sois suivant, je la vis revenir souriante, un paquet à la main qu’elle me tendit fièrement.
Ce fut l’une des plus grosses déceptions de ma vie.
Elle m’avait acheté un col roulé dont elle était sûre qu’il avorterait toute conquête que j’aurais tentée.
Un truc informe, en faux jersey, d’un blanc pisseux, au col qui roulait pour de bon et que je n’ai jamais remis après l’essayage…

Commentaires

Dis donc, mr le goût, je me suis posée la même question que toi hier. J'avais envie de remettre mon beau pull col roulé, parme, 100 % cachemire, si doux. Et pis, tout comme toi, je n'ai pas osé le ressortir. C'est con quand même de ne regarder que les dates.
Rodier, à une époque, c'était une sacrée marque, du beau, du solide. J'avais une jupe culotte longue de cette marque. Qu'est-ce-que je l'ai adorée. Me demande où elle est. Dans une vieille valise peut-être.
C'est con de s'attacher à des vêtements. Je vois d'ici le ptit jeune de 17 ans que tu devais être. Mon mari m'a aussi parlé de vêtements qu'il adorait. Lui, c'était son 1er costume sur mesure, mesures qu'il avait prises lui-même, ne se fiant pas à son patron.
Sur ce, l'homme m'appelle pour manger le bourguignon.
Bon dimanche.

Écrit par : Juliette | dimanche, 22 mars 2015

Je n'ai plus aucun goût pour les cols roulés et le cachemire est bien trop chaud pour moi en ce moment!

Écrit par : marie-madeleine | dimanche, 22 mars 2015

Pfff ! Tu as du pester , et regretter tes sous !

Écrit par : Brigitte | dimanche, 22 mars 2015

pour nous c'était les pulls shetland si j'ai bonne mémoire

Écrit par : liliplume | dimanche, 22 mars 2015

Les commentaires sont fermés.