mardi, 10 novembre 2015
Balto, la cigarette des vraies tumeurs
Et ne me faites pas remarquer que je suis en retard pour la « Fête des morts ».
C’est donc à la mort de mon père que j’ai pu constater pour la première fois que si nous sommes tous égaux devant la mort, il n’en va pas de même pour l’agonie.
Je vous ai pas déjà parlé de mon père ?
Bon, malgré une quantité phénoménale de clopes, la couche de goudron qui lui tapissait les éponges n’a pas été suffisamment épaisse pour les protéger de l’amiante.
Mon père a mis trois mois à mourir, de façon particulièrement désagréable.
Heureusement que cinquante trois mois de campagnes lui avaient donné une idée de l’enfer…
Ma mère, elle, est morte plus tard dans des conditions qui peuvent sembler idéales :
- Petit déjeuner tout juste avalé.
- Infirmière engueulée pour rien (juste pour le plaisir, je suis sûr).
- Toilette pas encore faite.
- Endormissement d’après collation.
Elle s’est contentée de ne pas se réveiller de sa sieste matinale…
Mon oncle, le petit frère de mon père, est mort encore plus tôt que mon père.
Cinquante-huit ans.
De trop de « lever de coude », de trop de bagarres, de trop de plâtre respiré mais surtout de trop de « Balto ».
Il avait commencé à fumer ces « Balto » en piquant celles de mon père qui n’a jamais pu se faire aux « brunes », sauf en matière de femmes.
Mon oncle était un type infernal, très différent de mon père qui avait bien du mal à « tenir » son petit frère.
Le petit frère était fort comme un taureau, il « jouait à Hercule » avec nous quand on était petit, plaisait aux filles et avait malheureusement l’art de mal tomber.
Ça lui valut de se marier deux fois et de finir avec une troisième qu’il eut la sagesse, ou pas, va savoir, de ne pas épouser…
Hélas, le régime « cigarettes, whisky et p’tites pépées » ne réussit pas à tout le monde.
Les « Balto » en trop grande quantité l’envoyèrent « ad patres » avant l’heure convenue.
Et ce ne fut pas drôle.
Je ne l’ai pas vu mais ma tante, celle soignait des bébés morts à Monte Cassino, la folle décorée comme le maréchal Vlassov, morte il y a deux mois à quatre-vingt-treize ans, a dû enterrer son petit frère de cinquante-huit ans.
Elle était née en 1922, lui en 1930…
L’ordre naturel des choses n’est vraiment pas respecté ici-bas.
Et comme il n’y a pas d’ailleurs, je me demande s’il y a un ordre naturel des choses…
Allez, encore une petite dernière, « une toute cousue » pour la dernière étape...
C'est fou comme les rangs s’éclaircissent quand on vieillit...
10:35 | Commentaires (9)
Commentaires
"L'ordre naturel des choses n'est vraiment pas respecté ici-bas ". ... Comme c'est vrai ! ...Ma grand mere née en 1900 à vu mourir sa mere et sa sœur en 1914 , son pere gaze en 1919... Et surtout Ses deux fils ( 21 ans tue en 1940, et 46 ans tue par le tabac ) je l'ai toujours connue en deuil .... La vie est injuste parfois !
Écrit par : Francelyne | mardi, 10 novembre 2015
Les rangs qui s'éclaircissent, ça met le coeur en berne...
Écrit par : Brin de broc | mardi, 10 novembre 2015
Si on peut appeler chose la vie de personnes que nous aimons, cette vie qui nous manque aujourd'hui... décidément l'ordre naturel des choses n'existe pas.
Un enfant ne devrait jamais mourir avant ses parents... et pourtant ça arrive.
Pourquoi ?????????
Écrit par : Françoise | mardi, 10 novembre 2015
triste ce post
Écrit par : pucca | mardi, 10 novembre 2015
Mouais... c'est pas la joie chez les Le Goût aujourd'hui...
Écrit par : Praline | mardi, 10 novembre 2015
lorsque l'on a diagnostiqué la maladie de Robert ça a créé une onde de choc dans la famille. Du genre : oui, mais Robert, le pauvre! Pourtant il est toujours là et ses deux frères sont décédés bien avant lui! Il n'y a pas de ticket comme à la Sécu pour être appelé dans l'ordre! et, parfois, c'est terriblement injuste!
Écrit par : emiliacelina | mardi, 10 novembre 2015
Ça fait déjà un moment que les rangs ont commencé à s'éclaircir et on a bien du mal à s'y faire, n'est-ce pas ?
Fin Octobre et début Novembre sont pour moi des moments de révolte, des réminicences douloureuses le plus souvent (même les plus joyeuses).
C'est pour cela qu'il est important d'écrire contre l'oubli (expression empruntée à Amnesty).
Mon beau-père est mort après neuf mois d'hospitalisation d'un cancer des poumons, après avoir mené une vie sans cigarettes et sans risque particulier. C'était pas juste, mais rien n'est juste. Il 'en a parlé qu'avec moi.
Je ne me souvenais pas des Balto, mais des Camels, des Week-end dont l'emballage me plaisait beaucoup. J'aimais l'odeur, mais j'ai fumé "brun". Mais ça, c'était avant.
Écrit par : Sophie | mercredi, 11 novembre 2015
Je ne connais persaonne qui ait fumé de balto.
Des gauloises, des gauloises disque bleu, des gitanes, des gitanes maïs, du gris mais pas de balto. Tous ces fumeurs sont morts.
Tu vois ce n'est pas bien gai, non plus.
Écrit par : Berthoise | mercredi, 11 novembre 2015
J'ai toujours préféré les brunes, le noir tabac des gauloises et des gitanes....
Écrit par : marie-madeleine | mercredi, 11 novembre 2015
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