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lundi, 30 avril 2018

Les choses.

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« Pov tites choses ! »
Ioulia Alexandrovna-Kriretchka  regardait avec étonnement les choses filiformes qui virevoltaient sur l’écran.
« Les choses ». Pas un autre mot ne lui était venu à l’esprit en voyant ces jeunes femmes dont le manteau pesait deux fois leur poids.
Oh ça… Elles avaient des gestes gracieux…
Il fallait seulement oublier qu’elles avaient juste assez de muscle sur le bras pour tendre une carte American Express.
Ioulia haussa les épaules et allait retourner à sa tâche quand son imbécile de mari remarqua « Ah ! Celles-là au moins, elles ne sont pas fichues comme des déménageurs de l’Oural ! »
Ioulia regarda ses bras, les compara une fois encore à ceux des filles sur l’écran.
Elle soupira et commença à se diriger vers la cuisine en jetant un dernier regard à son mari.
Quand elle vit le regard affamé qu’il portait sur celle qui présentait une jupe fendue, une môme de quinze ans au plus, elle ne résista pas.
Elle revint vers lui et, lui administrant une gifle magistrale, lui lança « au moins tu sauras pourquoi tu préfères les filles sans muscle ! »


Je sais, c'est un devoir de fainéant mais ce tableau ne m'inspire pas du tout.

dimanche, 29 avril 2018

Et l'air aère...

De rien Mab...

Vendredi nous sommes allés chercher une lettre recommandée.
Comme l’immeuble où nous habitons est assez foutraque, l’étiquette « Le Goût & Heure-Bleue », qui devait être apposée il y a six mois sur l’interphone ne l’est toujours pas.
Le facteur a donc laissé un avis de passage nous enjoignant d’aller chercher le poulet dans un bureau de Poste qui évidemment n’est pas celui près de chez nous...
Les supputations allèrent bon train.
J’ai vérifié auprès de la banque que les impôts avaient bien prélevé à la date prévue « une livre de chair, tout près du cœur » comme le précisait le contrat du marchand de Venise.
Nous sommes alors partis tranquillement à pied vers la Poste juste derrière la Mairie du XVIIIème.
En chemin j’ai dit à Heure-Bleue « C’est peut-être Foncia qui nous rendent les sous de la caution… »
Plus terre à terre, la lumière de mes jours a dit « tu vas voir, ils vont essayer de nous faire cracher des sous qu’on ne doit pas. »
Alors que j’imaginais déjà à haute voix un héritage tombé impromptu, un oncle d’Amérique nous léguant un droit de tirage illimité sur les comptes de Warren Buffet et Bill Gates, le 80 est arrivé qui nous a lâché rue du Mont-Cenis, là où la rue Caulaincourt devient la rue Custine.
En passant devant chez Imaginer je lui ai envoyé un SMS pour lui dire « un café ? »
Elle devait être dans le pâté car nous avons eu sa réponse en sortant de la Poste.
Hélas, si le café d’Imaginer n’est pas le « ristretto » que je préfère, elle a toujours en réserve des gâteaux qu’elle trouve je ne sais où et qui sont la preuve que le diable est toujours un super cador en matière de tentation.
Elle a dégotté je ne sais où des palets bretons.
C’est épouvantable, quand on entame le premier on a déjà peur qu’il soit trop petit alors qu’on l’a dans la main.
Comme je suis « bien élevé », je me suis arrêté à six.
Bon, en réalité, il y en a douze dans le paquet et l’amour de la vie d’Imaginer est bien plus fort que moi et a quelque chose de Joe dans « Friends », vous savez bien : « Joe pas partager son manger ! »
Bon, j’exagère, il n’est pas comme ça.
N’empêche, j’aurais volontiers englouti ces douze palets bretons.
Des vrais, des « pur beurre », pas des pâles copies de supérette, des qui font que tu sais d’où viennent les kilos qui te surprennent le matin.
Après de longs papotages agréables et saupoudrés de palets bretons, nous sommes passés rue du Poteau faire les courses du dîner.
Le « Prisunic » qui avait disparu avant que je ne quitte le quartier a gardé la même tête au premier étage sur rue.
Le Monoprix a changé de trottoir mais est toujours là.
Ce fut une promenade vraiment chouette que revenir à pied jusqu’à la maison.
Bon, pour en revenir à mon mouton de départ, Heure-Bleue avait raison.
Foncia nous réclame des sous qu’on ne lui doit pas.
Après avoir eu l’expéditrice de la lettre au bout du fil, il est ressorti de notre conversation qu’ils font leur boulot comme des cancres et on devrait me rappeler mercredi pour de plus amples informations…

 

vendredi, 27 avril 2018

La gare demeure mais ne se rend pas !

Non, lectrices chéries, je ne vais pas vous parler de la SNCF mais d’un truc aussi vieux que le train.
Lectrices chéries, je meurs !
Hélas, surtout pour moi, dans la plus grande douleur.
La lumière de mes jours vous a brièvement informées que porter des cartons avait eu chez moi un résultat inattendu.
Il n’a pas hélas redonné sa forme d’antan à ce coussin unique, rond et confortable qui remplace ce délicieux et élégant ensemble de six petits carrés fermes qui me valut quelques regards intéressés.
Non, ce déménagement a déchiré un coin du coussin !
C’est affreux car non seulement il va falloir me rapiécer, comme si votre serviteur couturé avait besoin d’une reprise supplémentaire mais les malheurs arrivant généralement en escadrille, j’ai attrapé quelque chose de plus sérieux qu’un rhume mais moins grave que la peste pulmonaire.
Alors je tousse.
Et quand je tousse, ça me fait mal.
Et quand j’ai mal, je peste.
Et quand je peste la nuit, ça réveille Heure-Bleue.
Et quand je réveille Heure-Bleue elle râle.
Bilan ? Non seulement je meurs mais en plus on se fout de moi…
L’humanité me semble alors un ensemble triste et qui n’a rien à foutre de mon sort.
Heure-Bleue vient de me lire le billet qu’elle émet à l’instant.
Le mimétisme conjugal est une chose qui me surprend chaque fois.
On ne se disputera bientôt plus.
Ce sera la fin d’un couple uni par un océan d’incompréhension et maintenu par des dissensions incessantes.
Comme en plus nous devenons « durs de la feuille », on ne s’entendra jamais aussi bien que quand on ne s’entendra plus…
Mais qu’est-ce qu’on est bien.
Surtout qu’il fait beau, qu’on habite dans la plus belle ville du monde et qu’en plus on est ensemble.
Si ça ne tiraillait pas quand je tousse, je dirais que je suis heureux.

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mercredi, 25 avril 2018

Station des sens…

Je vous ai dit hier que j’avais tenté l’écriture d’un roman.
Cette brève tentative d’incursion dans le domaine littéraire fut tuée dans l’œuf par deux éléments.
Le premier est évident.
Je ne savais pas encore que pour écrire, il faut non seulement savoir écrire mais aussi savoir dire.
Le second aurait dû être aussi évident : Il faut avoir quelque chose à dire.
Quelque chose d’un peu intéressant évidemment, pas comme le Web, cette merveilleuse machine qui a enfin permis de s’exprimer à ceux qui n’ont rien à dire.
J’ai donc, après m’être fait punir et censurer, abandonné l’idée d’écrire des romans.
J’ai décidé de les vivre, ce qui ne m’a pas porté bonheur mais a animé ma vie d’écolier puis de lycéen et enfin d’étudiant.
Après, j’ai dû me tenir un peu tranquille quand même…
Puis « on » m’a fait assez tôt découvrir la poésie.
J’en ai été ébloui au point de m’essayer à l’art des poètes.
Ces gens m’ont ouvert des mondes extraordinaires.
Mieux, ils portaient sur le nôtre un regard un peu en biais, tout à fait différent de celui qu’on y porte habituellement, coincés que nous sommes dans la trivialité de nos besoins.
J’avais donc été emballé par ces gens et le suis encore.
La maîtrise de la métrique et un vocabulaire enfoncé dans le crâne à coups de règle sur les doigts avaient fait néanmoins de moi un scribe acceptable.
Alors, porté par mon inconscience habituelle, je fus emballé au point de tenter de faire la même chose.
J’étais fou !
Je me suis rendu compte un poil plus tard que la poésie est un art difficile.
Un peu trop tard hélas, sinon je n’aurais même pas tenté de m’y frotter.
J’aurais volontiers persisté, hélas, je me suis relu.
Pire, je me suis fait rire, ce qui est pire qu’être désolé…
L’écriture de poèmes ne resta donc pour moi qu’une vague occupation utilitaire de lycéen en quête de subsides.
Ce fut toutefois bien pratique.
Un peu comme la technique de la pisaure, cette petite araignée qui présente un paquet cadeau à la femelle de l’espèce quand il a une idée derrière la tête.
Ce n’eut pas toujours le succès espéré mais me permit d’apprendre plein de choses intéressantes sur « les araignées d’en face »…
Au point que j’eus parfois l’impression que les filles, comme les arachnides, avaient huit bras...

mardi, 24 avril 2018

L’écrit va scier !

Un jour, j’ai voulu écrire un roman.
C’était il y a longtemps.
De fait, c’était il y a plus de soixante ans.
J’avais été ébloui par une découverte faite le dimanche précédent à la maison.
Mon père lisait une revue ramenée de chez le coiffeur à l’angle de la rue et du passage.
Il était question évidemment de la concurrence entre la Russie et les États-Unis dans la course à l’espace.
Pour la première fois je vis une photo de Saturne.
Elle était non seulement magnifique, entourée de ses anneaux mais ce qui me surprit le plus fut qu’elle se trouvait à une distance d’un milliard et demi de kilomètres de la Terre.
Un milliard et demi de kilomètres !!!
Comme tout enfant normalement constitué, curieux et que les limites des lois de la physique n’arrêtaient pas, j’eus l’idée d’y aller.
J’en fis part à mon père qui m’aurait volontiers suivi dans cette affaire car il était toujours prêt à une bêtise pourvu qu’elle fût assez grosse.
Hélas, ma mère ne l’entendait pas de cette oreille.
Toujours affolée à l’idée que je pusse m’abîmer elle s’insurgea avec une mauvaise foi confondante car je ne pouvais qu’être innocent « Gaby ! Ne mets pas des idées comme ça dans la tête de ton fils ! »
Rendu prudent plus par les années passées avec ma mère que par celles passées sur les champs de bataille, mon père la rassura « Voyons ma poule, tu sais bien qu’on ne pourrait pas payer l’essence jusque là-bas ! En plus il n’a pas le permis… »
Ma mère haussa les épaules, nous dînâmes tranquillement et une fois au lit, l’idée germa doucement tandis que je glissai dans les limbes du sommeil.
Le lendemain matin, comme tous les lundis matin, je repris le chemin de la pension.
Ce fut décidé, j’écrirai un roman de science-fiction.
L’action se déroulerait sur Saturne, planète que j’aurais rejointe dans une fusée de ma fabrication capable de franchir grâce à l’énergie atomique le milliard et demi de kilomètres qui me séparait d’elle.
J’allais raconter, j’en étais sûr, des aventures extraordinaires qui feraient passer Guy l’Éclair pour une chochote.
Une sorte de Bleck le Roc en scaphandre et un pistolet à « rayon quelque chose ».
Je me rappelle un mot qui m’avait bien plu à l’époque « annihilateur de champ » et je trouvais que ça faisait vachement bien.
Pour ce que je me rappelle, je l’avais lu dans un bouquin « Fleuve Noir » de la collection « Anticipation » sous la plume de B.R.Bruss.
Ce qui prouve que je suis en bonne voie pour Alzheimer pour me souvenir de détails comme ça…
Hélas, les Frères avaient la mauvaise habitude de se mêler de ce qui ne les regarde pas.
Ma première page me fut confisquée dès la récré avec la recommandation « les récréations sont faites pour jouer, Monsieur, pas pour écrire ou lire ! Un esprit sain dans un corps sain ! »
J’ai tenté par la suite d’écrire un journal, mais ce fut pire.
J’aurais dû me douter qu’après avoir vu le courrier lu et censuré, l’idée d’écrire un journal était une idée folle.
J’ai encore passé un jeudi sur place en émettant l’idée que j’aurais pu être plus détendu si les Frères étaient moins sévères.
Bon, c’était moins enrobé…
Il n’empêche que les Frères sont non seulement susceptibles mais indiscrets.
Je le savais pour ma mère alors j’ai laissé tomber l’idée d’écrire mon journal.
Heureusement que vous êtes arrivées, psys gratos chéries…