vendredi, 14 septembre 2018
Un progrès de lion…
L’annonce du plan pauvreté montre, une fois de plus, que la crainte de voir des gens disposer d’un revenu régulier sans travailler reste vive.
Après avoir entendu le discours d’Emmanuel Macron, les explications de ses supporters, j’ai cru entendre Laurent Wauquiez parler de son « cancer de l’assistanat »…
Je les entends déjà hurler « Donner de l’argent à des gens qui ne travaillent pas ! C’est la porte ouverte à l’oisiveté ! Mère de tous les vices ! »
Tous ces gens qui n’ont absolument aucune idée de ce que peut être sauter un repas faute de nourriture nous expliquent avec des mots choisis que « les pauvres sont pauvres par leur faute » et que « entreprendre » est à la portée de tous et que tous peuvent « réussir ».
Comme s’ils ignoraient –puisque c’est quand même grâce à ça qu’eux-mêmes ont réussi- que beaucoup sont trop timides ou embarrassés pour faire quoi que ce soit d’autre qu’aller au travail le matin.
Incapables qu’ils seraient de chercher des clients, n’ayant même aucune idée des mots à utiliser pour s’adresser à des inconnus pour tenter de leur vendre on ne sait quoi de leur fabrication.
Fabrication qu’ils seraient en peine d’entamer faute de local et d’outils.
On nous parle de « mettre au travail » les laissés pour compte de l’école ou de l’industrie.
Comme si on allait amener à une vie sociale apaisée, intégrer des gens qui ont été abandonnés depuis des années, des gens de quarante ans ou plus, jetés à la rue et qui vivent comme des chemineaux de l’époque de Zola depuis des années.
Comme si on pouvait faire quoi que ce soit de plus que leur donner un revenu et les héberger en espérant qu’ils vont revenir dans le monde des humains !
Ce matin, j’ai entendu Madame la ministre des Solidarités et de la Santé.
Je ne sais pas si elle nage bien dans le milieu qui est le sien mais je peux vous dire qu’à la radio, elle rame.
Pourtant, que de progrès accomplis en plus de vingt ans !
Rappelez-vous :
« Dans les banlieues déshéritées, règne une terreur molle. Quand trop de jeunes ne voient poindre que le chômage ou des petits stages au terme d’études incertaines, ils finissent par se révolter. Pour l’heure, l’État s’efforce de maintenir l’ordre et le traitement social du chômage évite le pire. Mais jusqu’à quand ? Aucun désordre n’est à exclure quand les rapports sociaux se tendent.
Ne laissons pas notre pays éclater en classes et en castes, avec des dignitaires arrogants, des parias désespérés et un peuple déresponsabilisé. »
Jacques Chirac, janvier 1995, in « La France pour tous ».
On aurait dû l’élire Président, on n’en serait sûrement pas là...
10:08 | Commentaires (13)
Commentaires
Ouais !
Tous ces gens qui nous gouvernent sont hors-sol et les préoccupations du bas-peuple leur paraissent tellement petites.
Bises
Écrit par : Berthoise | vendredi, 14 septembre 2018
je ne connaissais pas le mot "chemineau"...
Écrit par : Ambre | vendredi, 14 septembre 2018
Dans 5 ans, si dieu le veut, j'aurai un nouveau diplôme... à 66 ans je pourrai entamer une carrière d'infographiste. Entre une vieille réac' handic' et un jeune qui fume son joint, que choisira un employeur ;-) ?
Écrit par : Pivoine | vendredi, 14 septembre 2018
Le jeune.
- Il est moins cher.
- Il arrête à 23H.
- Il bouffe deux barres chocolatées le midi en jouant à "World of Warcraft" pendant l'heure du déjeuner.
- Il peut même dormir sous son bureau.
Écrit par : le-gout-des-autres | vendredi, 14 septembre 2018
Le jeune.
- Il est moins cher.
- Il arrête à 23H.
- Il bouffe deux barres chocolatées le midi en jouant à "World of Warcraft" pendant l'heure du déjeuner.
- Il peut même dormir sous son bureau.
Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 18 septembre 2018
Je m'énerve avec toi....
Écrit par : manoudanslaforet | vendredi, 14 septembre 2018
Rien n'a changé sous le soleil, c'est même de pire en pire... Je m'efforce de ne lire que vaguement les propos de ces messieurs-dames, sachant qu'ils sont complètement déconnectés de la réalité et que les pauvres, les vrais, peu ne leur chaut
Écrit par : lakevio | vendredi, 14 septembre 2018
Heu... si ça a changé un peu... dans les années 80, abandonnée par le père de mes filles qui m'a laissé toutes les dettes du ménage en souvenir alors que j'étais mère au foyer (!) il a fallu que je me débrouille..
ce qui veut dire que j'ai passé quelques mois avec mes deux filles et zéro ressource.
Si j'avais eu le RSA.... ou quelque chose comme ça!
mais ça n'existait pas encore..
http://enviededouceur.canalblog.com/archives/2017/12/13/35950564.html
Écrit par : Ambre | vendredi, 14 septembre 2018
ui vivent comme des chemineaux de l’époque de Zola
Ha, ha, je m'étais dit "il a fait une faute, mais je ne lui dirai point"..Et puis, je lis le commentaire au dessus et j'ai idée d'aller y voir de plus près. Chemineau, vagabond qui vit au gré de ses envies et vit de petits boulots..Bravo, tu me l'a coupée belle.
Écrit par : julie | vendredi, 14 septembre 2018
Quant à ce que tu dis, tu as tout à fait raison, je plussoie avec toi.
Ces mecs qui vivent dans un autre monde devraient un peu plus côtoyer la populace.
Comme si les 3, 4, 5 millions de chômeurs faisaient exprès de ne pas travailler, comme s'il y avait du boulot pour tant de personnes, comme si bosser une heure ou 2 par semaine, c'était la panacée, comme si faire rebosser des gens qui ont fini dans la rue, qui sont devenus alcooliques, c'était facile. Mon mari, quand il a été au chômage (attention effectivement à ne pas y rester trop longtemps au chômage, sinon le navire risque de chavirer corps et biens..Ceux qui ont de meilleures chances de s'en sortir sont ceux effectivement qui n'y restent pas trop longtemps) avait trouvé un boulot qui consistait à suivre de près les gens qui avaient complètement sombré. Il devait essayer de les remettre dans la société. Ce boulot lui plaisait bien. Dommage qu'il soit tombé à l'époque sur un con de président (président de l'asso, pas l'autre….!!!) Il en a retrouvé plusieurs, plus tard, toujours dans la rue. Comme si c'était facile de renflouer un navire qui a coulé au fond de l'océan. On voit donc que ça ne date pas d'hier cette problématique. Chaque nouveau gouvernement se croit toujours plus malin que le précédent.. Même Tapie s'y est cassé les dents quand il a été chargé de s'occuper de la banlieue..Pourtant, Tapie, comme grande gueule, y'avait pas mieux.
Entreprendre, mon U...Comme si c'était facile. J'ai (avais plutôt) un frère, comme j'ai déjà dû le dire qui a essayé de se mettre à son compte..comme ça, sans diplôme, juste avec la force de ses bras. Bien sûr, n'étant pas instructionné, ça a capoté, il confondait chiffre d'affaires, bénéfice et trinquait un peu trop souvent avec ses clients. Des gens instruits s'y sont aussi essayé. Même eux n'ont pas toujours réussi, c'est dire.
On nous dit qu'en France, il y a beaucoup de postes non pourvus..Faut voir lesquels. Comme si travailler quelques heures par mois allaient suffire pour vivre, comme si aller faire quelques heures de ménages de ci, de là, avec sa propre voiture pour quelques euros, c'était le saint Graal. D'ailleurs, pourquoi on ne donne pas de voitures de fonction à ces travailleurs-là ! D'accord, parce que les assos n'ont pas de fric et que l'Etat, les voitures de fonction, il se les garde. Le modèle anglais ou allemand, c'est l'horreur. Je préfère encore qu'on me pique du fric pour aider les gens qui n'ont pas de boulot que voir ces mêmes gens-là être exploités par des patrons qui n'ont qu'un tiroir caisse à la place du cerveau et qui te sifflent pour te faire bosser une heure de temps en temps.
Tiens, voilà que je m'énerve, c'est un sujet que je connais tellement bien, qu'on devrait nous embaucher, nous les vieux, vieux qu'on dit aussi des parasites..Pourtant, notre expérience, notre vécu, notre sagesse (hum, hum) vaut de l'or.
Re-tiens, j'écoute en ce moment TF1 où un petit patron artisan en colère dit ne pas trouver de salarié pour sa fonderie….Elle est où l'école, chargée d'instruire nos enfants, de les orienter, de rabâcher aux jeunes qu'un métier manuel vaut autant qu'un métier intello ?
Écrit par : julie | vendredi, 14 septembre 2018
Mon entourage me dit souvent : "mais pourquoi tu t'énerves ? sois cool ? prends soin de toi"
Et bien non, je n'y arrive pas, et je grommelle comme une vieille dans mon coin.
Contre ces mesures qu'on bénit comme le Messie multipliant les petits pains, alors qu'elles seront étalées sur plusieurs années, rognées petit bout par petit bout, et que ce qu'on donne d'une main, on le retirera de l'autre.
Ce qui ne m'empêche pas de ne pas voir aussi le chômage organisé croisé avec les arrêts de travail, pour toucher le maxi d'aide.Car ça existe. J'en ai un exemple pratiquement sous les yeux.
De quoi gâcher la journée, la fin de semaine et l'avenir de tous ceux qui sont dans le besoin réel.
Écrit par : Sophie | vendredi, 14 septembre 2018
Je me souviens d'un roman de la comtesse de Ségur, intitulé Diloy le chemineau. Ne pas confondre cheminot et chemineau...
Écrit par : Michelle | vendredi, 14 septembre 2018
amen.
il est terrible le petit bruit de l’œuf dur sur un comptoir d'étain...
Écrit par : Adrienne | samedi, 15 septembre 2018
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