lundi, 11 mars 2019
J ai la gêne éthique. Et toc !
Ouais, bon… Je sais, j’ai fait mieux, ne dites rien…
On ne distingue pas pas encore les traits mais on y projette toujours quelque chose.
Ouaip ! Ça m’a fait ça quand je l’ai vue.
Elle était floue.
Pourtant sa démarche m’évoquait quelque chose…
Quelque chose entre un appel et une danse, une danse ondulante, élégante et troublante.
Je ne pouvais pas dire « lascive » car je ne la connaissais pas plus qu’elle ne me connaissait.
Pourtant je sentais bien qu’elle se dirigeait vers quelqu’un, quelqu’un que je ne connaissais pas mais qu’elle tremblait d’envie de connaître.
Elle avançait de ce pas dansant que j’avais déjà vu ailleurs et en d’autres temps.
Elle n’avait en avançant aucune difficulté à tenir sa pochette qui, tenue par quelqu’un d’autre, n’aurait demandé qu’à glisser jusqu’au caniveau.
Même le balancement de ses hanches avait quelque chose de magique, quelque chose de miraculeux qui imposait le silence.
Une perfection qui interdisait toute autre manifestation qu’une admiration muette.
Il ne serait venu à l’idée de personne, à la regarder avancer sur ce trottoir rendu éblouissant par l’averse récente, de se permettre quelque chose d’aussi déplacé qu’un regard salace ou un sifflet, admiratif et gentil mais malvenu.
Je l’ai regardée plus attentivement.
Elle avançait élégamment, telle Maya Plisetskaya, cygne volant pour la dernière fois sur la musique de Tchaïkovski.
C’était bien ça !
Je me demandais encore, alors qu’elle était déjà dans les bras qui l’attendaient, si elle volait vraiment où si c’était sa hâte délicate qui me l’avait fait prendre pour le cygne.
C’est là que je me suis rendu compte que c’étaient mes larmes qui l’avaient rendue un peu floue…
C’est fou ce que l’émoi peut faire à un homme qui regarde la beauté…
08:02 | Commentaires (14)
Commentaires
j'étais sûre que encore une fois tu allais nous "pondre" une belle page. Cette silhouette ne pouvait que t'inspirer cette ode à la beaute !
Écrit par : emiliacelina | lundi, 11 mars 2019
Tu as une belle imagination pour voir tant de beauté dans une silhouette floue.
Écrit par : heure-bleue | lundi, 11 mars 2019
Ah oui, belle idée pour les larmes.
Éternel romantique !
Écrit par : Fabie | lundi, 11 mars 2019
Les larmes sont une belle explication à ce flou...
Mais que ta description est belle et raffinée !
Écrit par : Sophie | lundi, 11 mars 2019
Ah mais c'est très réussi ! Je n'aurais pas fait aussi bien !
Écrit par : Pivoine | lundi, 11 mars 2019
le syndrome de Stendhal en plein boulevard :-)
Écrit par : Adrienne | lundi, 11 mars 2019
Ah, j'aime beaucoup. Frère et sœur nous sommes dans le saisissement de la grâce pure...
Vraiment joli, cet émoi.
Merci.
Écrit par : lakevio | lundi, 11 mars 2019
Moi aussi j'aime beaucoup, surtout la chute! des larmes.... (les chutes du Nirvâna, comme dirait ma fille ;-))
Très beau texte!
Écrit par : Ambre Neige | lundi, 11 mars 2019
Un texte de plus pour mon bestiaire personnel ! Après "Dessine-moi un mouton" de qui-vous-savez, "Fais-moi un cygne" d'après Gérard Palaprat ;-) . Et dire que ce ne fut d'abord qu'un vilain petit canard. Comme quoi il ne faut jamais désepérer...
Écrit par : Michel Quedeverbes | lundi, 11 mars 2019
Décidément, tu es un esthète sensible à la beauté et HB doit te tenir à l'oeil, non ?
Écrit par : Gwen | lundi, 11 mars 2019
La fin sublime ajoute au déroulement délicieux de tout le texte.
Les larmes des hommes sont émouvants parce que rares.
Écrit par : alainx | lundi, 11 mars 2019
Ben dis donc... quelle sensibilité ! Suis émue...
Écrit par : Praline | lundi, 11 mars 2019
Rien à rajouter. C'est magistralement émouvant.
Et ta description est parfaite.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Écrit par : celestine | lundi, 11 mars 2019
joli texte
Écrit par : ang/col | lundi, 11 mars 2019
Les commentaires sont fermés.