mardi, 18 juin 2019
Ils sont cyniques, nous sommes sinoques...
Merci Guy Bedos...
Vous savez quoi, lectrices chéries ?
Je plains de tout mon cœur les générations qui suivent la nôtre.
Je pense à mes petites-filles si le monde continue dans cette voie.
Depuis plus de vingt ans maintenant, je vois les chômeurs insultés à chaque coin de kiosque à journaux.
Quand ils ne sont pas « fainéants », ils sont « inemployables » ou « peu enclins à la mobilité ».
Quand ce ne sont pas « des escrocs qui abusent du système... »
Il y a parfois quelques périodes d’accalmie quand les affaires ont un sursaut d’activité.
Mais ça retombe rapidement dans les mêmes travers.
Il y a peu, j’ai entendu et vu dans « l’étrange lucarne » un type, économiste de son état, affirmer avec un culot d’acier que l’indemnisation du chômage était en grande partie responsable du chômage lui-même.
Bon, en un certain sens il n’a pas tort.
Un minimum de réflexion amène effectivement à comprendre que « pas d’indemnisation » entraîne « Pas de Pôle Emploi » conduisant inéluctablement à « pas de chômeurs ».
Cela dit, ce matin j’entends parler de la future dégressivité des indemnités de chômage.
Comme chaque fois, j’entends l’antienne « les chiffres montrent que quand le chômage est indemnisé, le chômeur met plus de temps à retrouver un emploi ! »
Et là, je me demande si on a affaire à des cyniques, des andouilles ou si on nous prend pour des andouilles…
Je penche pour une approche particulièrement cynique.
Je ne peux croire que les gens qui m’assènent ça ne savent pas que quand le chômage est indemnisé, on passe du temps à trouver un emploi correspondant à ses compétences, son expérience et payé sensiblement au même tarif.
Comme s’ils ne savaient pas que si les indemnisations diminuent, vous allez vous précipiter sur le premier boulot vaguement équivalent mais payé 30% de moins qui au moins vous permettra d’honorer vos échéances.
Je vais même jusqu’à penser que ça participe délibérément à cette course au « moins disant » réclamée par le MEDEF pour tous sauf eux et les investisseurs.
Je me suis fait rouler dans la farine par un discours sur les vertus de la négociation aboutissant à un consensus où les intérêts de toutes les parties sont pris en compte.
Hélas, comme à toutes les élections précédentes, on ne m’a pas livré ce qu’on m’a vendu.
Quand je vous disais qu’on a affaire à des gens particulièrement cyniques car, non seulement ils privent les gens qu’on a jeté de leur emploi car une machine le fait plus vite et sans récriminer qu’un manœuvre ou qu’un Indien le fait aussi bien qu’un chercheur en pharmacologie formé à Descartes mais dans tous les cas pour moins cher mais encore on leur explique que c’est leur faute.
Et après on entend les même se demander pourquoi le populisme gagne du terrain sans envisager un instant qu’ils en sont finalement les seuls responsables !
Nous avons affaire à des cyniques sans cervelle malgré une formation qui a coûté un œil aux contribuables que pourtant ils méprisent.
Quand a va mal finir, nos cyniques vont tomber de l’armoire en nous disant qu’on n’a rien compris, que nous sommes des imbéciles.
Mais qui n’a rien compris en réalité ? Qui est imbécile ?
Qui n’a pas remarqué que les mêmes causes entraînent les mêmes effets et que ça s’est régulièrement vérifié au cours des siècles précédents ?
09:47 | Commentaires (10)
Commentaires
Seulement cyniques ??? Tu crois ???
Écrit par : manoudanslaforet | mardi, 18 juin 2019
C'est facile de pondre ce genre de lois quand on peut retourner "pantoufler" dans son administration d'origine en fin de mandat.
Écrit par : heure-bleue | mardi, 18 juin 2019
et moi qui viens de dire à mes élèves: si on vous dit que c'était mieux avant, ne le croyez pas, ce n'était pas mieux avant ;-)
Écrit par : Adrienne | mardi, 18 juin 2019
Non ce n'était pas mieux avant, c'était tout pareil que maintenant...
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Écrit par : celestine | mardi, 18 juin 2019
Des cyniques qui nous prennent pour des andouilles, oui je le crois. Il n'y a d'ailleurs pas besoin de traverser la rue pour s'en rendre compte !
Écrit par : delia | mardi, 18 juin 2019
Oui, c'est vrai : personne ne pose jamais les vraies questions.
Hier, reportage sur toutes les chaînes sur la recrudescence des malfaçons dans le bâtiment, ou plutôt sur l'augmentation des indemnisations par les assurances. Pas un journaliste qui se demande pourquoi on en est arrivé là...Ils en concluent simplement que « les gens râlent plus qu'avant »...
Alors que la vraie question à se poser, c'est celle des cadences de travail, de l'abus des recours à la sous-traitance, l'emploi de gens non qualifiés parce que ça revient moins cher...
Dans tous les cas, il y a des gens à qui « le crime » profite. Banquiers, assureurs, entreprises multinationales tireront toujours leur épingle du jeu, même si elle est rouillée.
On se fait enfler par les fonds de pension, la haute Phynance, et si on le dit, on nous traite de populiste...Rien que le fait que ce mot soit devenu un gros mot prouve à quel point le système est pourri...Parce que quand même, au départ, étymologiquement, le populiste, c'est celui qui défend le peuple, comme le féministe défend les femmes, et l'écologiste l'écologie. Alors? hein ? Il est où, le lézard ?
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Écrit par : celestine | mardi, 18 juin 2019
Tiens, encore un truc qui me fait bondir et me met la rate au court-bouillon...Encore un truc qui va faire les "choux-gras" des patrons qui n'auront qu'à se baisser pour piocher dans le lot des chômeurs....Mais, bon, la plupart des français le veulent bien (ptêtre ceux qui n'ont jamais connu le chômage ou de celui d'un proche), puisqu'ils continuent à faire confiance au 1er de la classe...Et qu'on ne me parle pas des écolos, ils sont à mettre dans le même sac..
Écrit par : julie | mardi, 18 juin 2019
Au fait, t'as vu le sujet de la philo hier, sujet qu'a pris mon petit fils ? Bingo, en plein dedans "le travail divise t'il les hommes ?"
Penses-tu, je dirais, d'un côté, t'as les bons patrons et de l'autre ces feignasses de ceux qui veulent pas bosser et se font dorer la pilule avec les indemnités chômeurs et qui veulent pas prendre un boulot pour quelques heures. Tiens, on devrait les aligner contre un mur ces feignasses.
Zut, mon fils serait dans le lot..
Écrit par : julie | mardi, 18 juin 2019
Ah, oui, des cyniques qui nous prennent pour des andouilles.... bien vu ,!
Écrit par : Emiliacelina | mardi, 18 juin 2019
Bonjour.
Je me sens particulièrement concernée par cette mesure. Au terme de plusieurs mois de recherche et après des CDD plus ou moins fructueux, je viens de décrocher un CDI.
Je réalise que j'ai été en CDD depuis 2007 dont 9 ans dans la fonction publique territoriale. Fonction publique qui use et abuse des CDD sans les mêmes obligations que le privé. Pas de prime de précarité au terme de ces derniers.
Quant aux recruteurs qui se plaignent des candidats, parlons-en. Ils ne valent pas mieux. En matière de recrutement, la France est vraiment à la traîne, figée sur des schémas totalement démodés ou inadaptés.
Écrit par : Claude | mercredi, 19 juin 2019
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