Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 09 mai 2020

« R...nade »

peche-a-la-ligne.jpg

Aaahhh... La pêche...
Que je te dise Emilia-Celina, j’ai beaucoup péché.
Mais beaucoup pêché aussi.
Les hameçons et les appâts ne sont pas les mêmes mais l’idée est bien là : Ferrer puis ramener à la maison pour se délecter…

Le meilleur de la pêche ?
Quand ton père t’emmène avec lui pêcher sur les bords du Loing ou du canal d’Orléans.

Le pire de la pêche ?
Quand ton père te réveille à cinq heures du matin en t’expliquant que les poissons dorment encore et ne t’entendent pas arriver…

Ce que je préfère de la pêche ?
Le casse-croûte sous un arbre au bord de l’eau.
Mais attention, il faut réunir toutes les conditions pour qu’une partie de pêche devienne intéressante à tout point de vue.
Prévoir l’heure adéquate du casse-croûte et la surveiller.
Là, on lance sa ligne mais surtout on n’accroche pas d’esche à l’hameçon, histoire de n’être pas dérangé par un poisson imprudent pendant le casse-croûte…
La pêche au coup est une merveille inventée par les pêcheurs, soucieux de calme, de confort et de plaisir.
Imagine, Emilia-Celina, quelqu’un allongé sous l’arbre, tranquille, la canne à pêche coincée habilement de façon que le scion ne trempe pas bêtement dans l’eau, empêchant le bouchon d’être vu car plongé lui-même dans l’eau.
Bouchon inutile pendant l’heure bénie du casse-croûte, une heure qui peut durer jusqu’à cent-quatre-vingt minutes, selon la compagnie et ce que l’on goûte.
Quand il s’agit du vrai casse-croûte, une de ces choses qu’on ne peut appeler « sandwich » tant c’est opulent, plein de pâtés superbement conçus par ma mère.
Car, Emilia-Celina, ma mère était infernale mais elle était très douée pour deux choses : Rendre la vie impossible et confectionner des pâtés.
Imagine nous, mon père et moi sous cet arbre.
Mon père adossé au tronc.
Moi accroupi sur l’herbe.
Le petit piquet planté solidement dans l’herbe, auquel est attachée la ficelle au bout de laquelle il y avait la bouteille de vin blanc qui était au frais dans la rivière ou le canal.
Depuis ?
Je n’ai que ces souvenirs.
Je ne suis jamais retourné à la pêche.
Mon père est mort.
Mes beaux-frères, époux de mes deux petites sœurs sont morts eux-aussi.
Mais j’ai encore sur le bout de la langue le goût des pâtés confectionnés par ma mère.
Au fond des yeux la beauté des saules et des ciels.
Au fond des oreilles les récriminations de mon père qui accrochait sa ligne aux branches d’arbres.
Au bout des doigts, les minuscules hameçons dits « du 26 » ou « du 24 » que j’étais le seul à pouvoir monter sur un fil d’une finesse qui aurait rendu un cheveu grossier.
Non que je fusse habile.
J’étais seulement le plus patient et celui à l’œil le plus aigu de la troupe.
Mon père aurait jeté les hameçons et le fil dans la rivière.
Mes beaux-frères auraient monté des hameçons propres à attraper des requins, plus faciles à lier.
Bref, c’était bien et en plus, sauf à ce foutu genou, je n’avais mal nulle part.
Voilà Emilia-Celina pourquoi tu dois absolument veiller à ce que ta famille respecte les « R…nades ».
Sinon, que deviendraient les rivières et le casse-croûte ?


Commentaires

Très bien Emilia-Célina et Le Goût !

Écrit par : Nina | samedi, 09 mai 2020

Beau souvenir, aller à la pêche pour avoir le bonheur de partager un bon pâté !

Écrit par : Fabie | samedi, 09 mai 2020

Fabie, c'est dans ton coin que rêvent d'aller mes 2 bofs ? enfin, un, c'est surtout du côté de la Roche de Glun. A ton avis, les pêcheurs ont-ils le droit de retourner à la pêche ? Rien entendu là-dessus. Je ne vois pas le mal d'aller à la pêche. Sûr que les petits cours d'eau drômois, ce n'est pas la Seine..

Écrit par : julie | samedi, 09 mai 2020

Qu'en termes choisis ces jolies choses sont dites!

Écrit par : Ambre | samedi, 09 mai 2020

Mon mari, qui ne pêche plus grand chose maintenant, me raconte, raconte à ses petits enfants ses parties de pêche fabuleuses quand il était enfant.. Il fabriquait lui-même sa canne, pauvre petit gars qu'il était, c'était un de ses rares plaisirs..Tiens, dommage qu'il n'est pas là, parti mettre de l'essence dans la voiture, sinon, je lui aurais fait à nouveau raconter - pas mis d'essence dans la voiture depuis 2 mois, incroyable - Il en bave, en salive rien que d'y penser…pas de l'essence, lui, c'est des poissons qu'il bave, moi, c'est de prendre la voiture pour aller vadrouiller dans les environs, voir si nos villages existent encore et n'ont pas disparu sous la végétation..comme la maison de ma mère. Faut que j'aille voir ce qu'elle devient, ça me démange Et là, sûr que je ne croiserai pas un pélerin..
Sinon, mes 2 bofs, grands, gros pêcheurs (oui, bien en chair aussi) rêvent de retourner à la pêche, surtout le mari de ma belle-soeur qui lui apporte de quoi se sustenter pour ne pas mourir de faim, pâtés, saucisson. Il apporte même des desserts de sa fabrication...Il apporte aussi sa tante sur son dos, un vrai déménagement..

Écrit par : julie | samedi, 09 mai 2020

oh! le Goût...je lis ta note alors que dehors l'orage tonne et que les trombes d'eau se déversent et font comme un rideau , les gouttières débordent … il fait sombre et gris et je viens d'allumer la lumière...bref ! te lire aujourd'hui et en cette fin d'après-midi est exactement ce qu'il me faut !Robert aussi privilégiait la pêche au coup plutôt que le lancer. C'est exactement comme u le décris sauf que pour lui il avait avec lui les trois garçons … tu vois un peu la scène parfois ça chauffait !! Les hameçons se cassaient, parfois les cannes aussi… pas moyen de faire silence. En plus les garçons, eux, préféraient (c'est toujours le cas) le lancer. Même ma mère était pêcheuse. Je me souviens d'une fois où ma mère assise sur son siège mangeait son "casse croûte" alors que son bouchon plongeait sous l'eau, alors Robert l'en avait avertie et elle avait répondu: "hé! Je mange je ne peux pas tout faire !" Mais surtout, surtout! je me rends compte que tu gardes ce genre de souvenir avec ton père dans ton cœur tout comme mes garçons le font. Je leur fais confiance pour garder leurs liens .Il va bien venir le temps où ils pourront re-pêcher …. et remettre les bateaux à l'eau ! (même si ce n'est pas le plus grave en ce moment !)

Écrit par : emiliacelina | samedi, 09 mai 2020

je râle je viens d'écrire un très long commentaire pour te dire combien j'apprécie ta note et puis je vois que mon com n'apparaît pas ! Du coup, je vais me pencher sur le devoir de la semaine et ensuite je reviendrai sur ces souvenirs que tu as remués aujourd'hui dans une note !

Écrit par : emiliacelina | samedi, 09 mai 2020

et zut! Voilà qu'il apparait! Je pense que c'est la faute à l'orage ! Bon dimanche à vous deux .

Écrit par : emiliacelina | samedi, 09 mai 2020

j'ai beaucoup aimé la pêche au coup. Moins maintenant, j'y accompagne ML, surtout quand Chachounette s'y essaye

Écrit par : ang/col | samedi, 09 mai 2020

Émouvants tes écrits... M. Mari est un adorateur de la pêche, j’ai pas dit un bon pêcheur... mais je retrouve dans ce que tu dis ce qu’il me raconte...

Écrit par : Manoudanslaforet | samedi, 09 mai 2020

j'aurais trop peur de faire mal au poisson... mais tout le reste je veux bien, les saules, le casse-croûte... :-)

Écrit par : Adrienne | dimanche, 10 mai 2020

Les commentaires sont fermés.