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lundi, 24 janvier 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°112.

Devoir de Lakevio du Goût_112.jpg

Encore une toile de Marc Chalmé.
Est-ce un nième épisode de « L’assommoir », simplement le lever du jour devant un bistrot ou autre chose ?
Pendant que je me remets aux cartons avec la lumière de mes jours, j’espère que vous aurez une explication à nous donner lundi.
Je passerai en retard mais je passerai…


Elle m’a dit qu’elle reviendrait avant minuit.
Elle m’a embrassée et est partie à son rendez-vous.
Je n’ai pas su exactement de quoi il s’agissait, une vague histoire de petit rôle dans une pièce qui devait être donnée dans un de ces bistrots à la mode du côté de Belleville.
Je me suis couchée et ai ouvert le livre qui était posé de son côté.
J’ai souri en repensant à la première fois que je l’ai vue, il y a bien quinze ans…
J’ai reposé « Thérèse et Isabelle » à sa place, je le connaissais trop bien, je l’avais lu, l’avais vu au cinéma et surtout, avec elle, je l’avais vécu…
Ce soir, en revanche, j’étais inquiète.
J’étais sûre que quelque chose n’allait pas, ou allait mal tourner.
Pourtant, rien d’extraordinaire ne pouvait le laisser penser.
Elle allait avoir un rôle dans une pièce.
Elle allait en discuter dans un café connu avec le producteur et l’auteur.
D’accord, le quartier n’était pas des plus sûrs la nuit tombée mais tout de même, l’époque n’était plus aux « Apaches » qui dépouillent le bourgeois imprudent qui se promène la nuit.
Tout ça me tracasse…
Le froid m’a réveillée.
J’ai tâtonné autour de moi.
Personne contre moi, j’ai saisi mon téléphone, il indiquait trois heures.
Le jour ne se lèvera que dans plus de quatre heures et j’ai peur.
Je me suis habillée en hâte et ai appelé un taxi qui me conduira au café où elle a rendez-vous.
Il est encore ouvert.
Je n’ose pas entrer, il n’y a que peu de bruit à l’intérieur.
Il faut que je sache, elle aurait dû rentrer à la maison depuis des heures.
Quelques éclats de voix me poussent à entrer dans le café.
Trois policiers sont là qui interrogent le tenancier.
Tout ce que j’entends c’est « Ils sont entrés, passablement éméchés et dès qu’ils l’ont vue ont gueulé « Tiens ! Vlà la goudou ! Sale gouine ! » et ils l’ont frappée… »
Tout ce que je vois c’est elle.
Elle est allongée par terre, ton teint de rose pâle est devenu un blanc blafard.
Sa poitrine ne se soulève pas.
Ne me dites pas qu’elle est… Non !
Deux policiers me ramassent et m’asseyent tandis que le troisième appelle les pompiers.
L’un d’eux me prend la main et me dit « Non, elle n’est pas morte, rassurez-vous, elle est évanouie mais ça va aller… »
Il était gentil, il me comprenait, lui…
Mais où devons-nous aller vivre pour qu’on nous fiche la paix ?