lundi, 28 mars 2022
Devoir de Lakevio du Goût N°118
Je suis ravi en regardant cette toile de Caillebotte.
Non, il n’est pas à Paris, pas sur le Pont de l’Europe.
Il n’est pas non plus en train de regarder des raboteurs de parquet au boulot.
Non, il regarde un couple qui part en direction d’un petit bois, sur « Un chemin montant. »
Je vous dirai lundi ce que j’en pense.
J’espère surtout lire ce que vous en pensez…
À lundi donc…
Quand il m’a demandé « Tu viens faire un tour ? » j’ai dit « Pourquoi pas ? Il fait beau… »
Il a mis son chapeau, j’ai pris mon ombrelle et je l’ai suivi.
C’est vrai qu’il faisait un temps magnifique, c’est à peine si quelques nuages trouaient le bleu du ciel de petites taches blanches.
Habituellement, alors qu’il tournait à droite en sortant de la maison pour rejoindre la route, cette fois il me lâcha le bras et tourna à gauche.
Nous nous sommes engagés sur le chemin qui nous éloignait de la route.
Je n’ai rien dit.
Je me suis simplement posé la question « Qu’a-t-il en tête cette fois-ci ? »
Quand il m’avait proposé cette promenade il avait déjà « un air de ne pas y toucher ».
Il m’a rappelé la dernière fois qu’il m’avait emmenée à la pêche.
Un malentendu nous avait conduit à pécher plutôt que pêcher.
Et il y avait mis un entrain qui avait ravivé le souvenir des débuts de notre mariage.
Au souvenir de cette partie de pêche un léger mais plaisant frisson m’a parcourue…
Je marchai donc à son côté tandis qu’il m’emmenait, je le savais bien vers ce petit bois que je voyais au loin.
Je me demandais déjà comment il s’y prendrait cette fois-ci pour me pousser à m’asseoir à côté de lui.
Il m’avait déjà circonvenue il y a des années avec cette façon légère et cet air innocent.
Il s’asseyait sur la mousse, la tâtait comme s’il se fût agi d’un coussin de soie et la tapotait délicatement, me priant de m’y asseoir.
De serments en promesses farfelues, je ne savais comment il s’y prenait mais je me retrouvais la robe relevée et lui occupé à des explorations qui me laissaient étourdie.
Comme disait Madame de Rénal « Il devait à l’amour…/… à l’impression imprévue qu’avaient produite sur lui des charmes séduisants, une victoire à laquelle ne l’eût pas conduit toute son adresse si maladroite. »
Mais s’il avait fait quelques progrès, les années l’avaient quelque peu tiédi.
Néanmoins, cette partie de pêche remuait chez moi des envies que je pensais disparues pour longtemps si ce n’est toujours…
Le pas de mon mari se fit plus décidé, il hésita même un moment à me tirer par la main mais s’arrêta de peur sans doute que quelqu’un nous aperçût depuis la route.
J’ai bien vu qu’il était aussi impatient que moi.
Il avait hâte d’avoir « du vert aux genoux » et moi de voir « les feuilles à l’envers ».
Bon sang que ce bosquet est loin !
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