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lundi, 30 mai 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°125.

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Miss Tic, que vous connaissez sûrement, est morte il y a quelques jours.
J’ai vu pour la première fois ses traces sur les murs de mon quartier il y a près de cinquante ans.
J’avais été frappé par ce pochoir.
Et vous ?
Ce qui serait gentil, ce serait que vous y mettiez les mots suivants :

Mathématique
Papillon
Coquelicot
Terre
Soleil
Branche
Équation
Somme
Produit
Égal

« Tes faims de moi sont difficiles »… 
Si je me rappelle bien, sous ce pochoir il y avait écrit « there’s no place for me » et j’avais pensé que si, justement, « there’s »…
Je ne sais pas avec précision quand j’ai vu « en vrai » la première fois ce pochoir mais ça m'est égal.
Ce devait être au début des années quatre-vingt.
Mais je sais exactement où je l’ai vue.
Je la croisais chaque matin en partant travailler.
Toujours à la même heure, le même évènement s'est produit avec une précision mathématique, mon regard la fixait quelques secondes avant que je ne traverse la rue.
Quand j’ai lu ce superbe aphorisme sur le mur, beau comme une équation humaine, il y avait encore sur le trottoir en face, deux énormes étais qui empêchaient l’immeuble du 16 de la rue de tomber dans le jardin de l’École des Impôts.
D’aussi loin que je me rappelle, ce recoin a toujours été désigné par une pancarte émaillée qui intimait « Défense de déposer des ordures ».
Ça incitait évidemment à y jeter ses sacs d’ordures et uriner dessus…
Ça obligeait le passant à voleter tel un papillon pour éviter le monticule puant.
Comme disait Pérec, qui habitait le coin, « je me souviens » qu’à la place du Gymnase Michel Lecomte, il y avait le jardin de l’École des Impôts dans le fond duquel la vigne vierge qui rougissait le mur en automne ravissait mon père accoudé à la fenêtre.
Il aimait, les soirs d’été, regarder les bals de promo qu’y donnaient certaines grandes écoles parisiennes.
Il est entré dans une colère noire quand on a abattu les arbres du jardin et rasé le jardin où croissaient quelques coquelicots.
Plus encore quand on lui a bouché « son » soleil en bâtissant là un gymnase d’une laideur crasse.
Le renfoncement existe toujours mais plus une branche ne passe au-dessus du mur en face.
C’est la somme de tous ces instants qui a surgi quand j’ai appris qu’on venait de mettre « Miss Tic » en terre