jeudi, 20 octobre 2022
« Attends »…
Combien de fois entends-je cette injonction : « Attends ! »
Je fais chaque matin le lit.
Rien d’extraordinaire me direz-vous mais l’affaire commence là.
Je fais le lit, tire les draps, pose la couette puis le plaid – au cas où…- et je commence à étendre dessus le truc bizarre qu’Heure-Bleue a trouvé « chouette », une sorte de drap blanc, fait d’un tissage « mâtiné cochon d’Inde » dont je ne sais s’il s’agit d’un tissu damassé ou d’un macramé étrange.
Ce machin est difficile à poser correctement car les motifs s’en déforment selon que la tension du tissu est ferme ou lâche.
Bref, poser ce machin est emm…nuyeux au possible.
J’appelle donc Heure-Bleue à l’aide.
Évidemment arrive ce « Attends » qui ne devrait pas m’étonner.
Les heures passent et nous décidons d’aller nous balader.
Vers Saint Lazare très souvent car c’est plein de boutiques, certaines lui plaisent, d’autres me plaisent.
Nous sommes généralement satisfaits de ce que nous voyons.
À un détail près toutefois.
Heure-Bleue s’arrête brusquement devant une vitrine, intéressé par une autre je continue mon chemin.
À peine éloigné j’entends « Attends ! », elle arrive quelques instants plus tard et peste, se dit abandonnée.
Elle hésite tout de même à ajouter façon Sarah Bernhardt « seule au milieu des éléments déchaînés » mais l’idée est là…
Je devrais être habitué mais non.
Dès l’idée du départ, quand elle dit « Bon, on y va… » je sais qu’elle devra mettre ses chaussures, faire pipi, aller dans la chambre.
Elle dit, « Ça y est ! Je suis prête ! ».
Alors que j’ai déjà ma pelure sur le dos et les clefs à la main, je pose la main sur la porte et j’entends « Attends ! »
Pourquoi, alors qu’elle est censément prête ?
Parce qu’en réalité, elle a bien commencé à ouvrir la penderie mais a été arrêtée par un petit bout de papier tombé d’une poche qu’il faut, toutes affaires cessantes aller mettre dans la poubelle de la cuisine.
Quant à moi, soit je ne l’aurais pas vu, soit je l’aurais remis dans ma poche.
Donc « Attends » est une ponctuation dans la vie de la femme de ma vie.
Je me demande, au train où vont les choses ce qui pourrait obliger la lumière de mes jours à prendre conscience de ce qu’est l’urgence.
Je la vois bien, en cas de bombardement.
Alors que je la prends par la main pour la tirer vers l’escalier et la descendre à la cave, elle regarde les premiers décombres tomber du plafond, elle me dit « Attends » et prend le balai et commence à ramasser les morceaux du plafond…
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