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dimanche, 26 mars 2023

L’ange des CHU...

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Vous ai-je dit que jeudi dernier nous sommes allés expérimenter le service d’urgences de l’hôpital Bichat ?
Heure-Bleue, toujours à la recherche d’une méthode pour vérifier mon attachement s’était mise à avoir un trouble visuel qui n’était pas son étourdissement habituel face à ma plastique « apollonesque ».
Puis, pour parfaire le test, agrémenta la chose de quelques vertiges.
Ça a marché « du feu de dieu » comme disent ceux qui sont toujours fiers de ce qu’ils font.
J’ai appelé le « 15 », expliqué à mon interlocuteur ce qui advenait.
Le médecin dit à la lumière de mes jours « Si vous étiez ma maman, je vous emmènerais à l’hôpital ».
Elle acquiesça et le « SAMU » envoya une ambulance qui nous amena à l’hôpital Bichat.
La première attente fut brève.
On emmena Heure-Bleue dans les entrailles du service.
On m’envoya dans la salle d’attente des urgences.
Au bout d’un long couloir je suis arrivé à la « Cour des Miracles ».
La première chose qui m’a frappé, c’est l’odeur.
Une odeur de bière éventée, de pipi oxydé, d’aisselle négligée, voire de bas-ventre délaissé…
Je me suis assis sur le seul siège qui rendait impossible un voisinage proche, tous étant fixés au sol.
J’ai regardé et écouté autour de moi.
J’étais le seul « Gaulois » de la salle !
Deux Russes papotaient, passablement avinés.
Les « rebeus » mariés surveillaient leur moitié jalousement.
Les Africains présents ne parlaient pas français.
Seul l’un des deux Russes parlait un peu le français et nous avons échangé quelques mots.
De temps à autre il disait quelque chose qui me poussait à lui répondre « Я не понимаю » soit « ya ne ponimaye / je ne comprends pas » et il passait à autre chose.
Un moment, fatigué il s’est couché par terre et il s’est disputé avec un agent de sécurité qui l’a chassé de la salle.
J’ai perdu un ami, le seul que j’avais là…
Le seul risque que je courais semblait d’avoir dans les vêtements deux kilos de puces et cinq cents grammes de poux.
Cette pièce permettait à de pauvres gens sans toit ni loi de s’abriter du froid et de la pluie pendant quelques heures et de profiter de toilettes sans risquer la garde à vue pour outrage à la pudeur ni d’être chassés comme des hôtes indésirables.
Sauf quelques nouveaux arrivés au cours de la nuit, mieux vêtus, peu avaient besoin d’aide médicale, plus de mains tendues, d’humanité.
Les heures ont passé, j’ai lu quelques chapitres de mon bouquin, échangé moult « SMS » avec l’Ours.
Il se fout de son père mais est toujours inquiet pour sa mère, ce chien !
La lumière de mes jours et moi avons trouvé enfin un avantage au « smartphone » : On peut se parler d’une pièce à l’autre…
Puis elle m’a appelé pour me dire « C’est fini ! ».
Elle avait été « scannerisée », « electrocradiographiée », « analysée », auscultée, interrogée et tout était parfait.
Après avoir constaté que nous avions eu affaire à des gens fatigués, pas assez nombreux mais toujours gentils, dévoués et efficaces, nous avons attendus l’ambulance.
Nous sommes revenus à la maison, ramenés par des ambulanciers manifestement prêts à nous extorquer une gratification et nous avons « dîné » à cinq heures du matin, comme n’importe quel fêtard.
Ça m’a rappelé mes soirées estudiantines, ces soirées où nous nous couchions à pas d’heure après avoir refait le monde.
Je dois dire que ça laissait moins de traces sur la figure…
Mais quand même, il n’y a qu’elle et mon fils pour m’angoisser à ce point.
Ne tombez jamais amoureux ! C’est une source intarissable d’embêtements et d’angoisse !
Bon, dès qu'il fera beau on ira au Jardin des Plantes, là où la photo est prise.