mardi, 30 mai 2023
L’étoffe des héros.
J’ai assisté hier en revenant de promenade à un haut fait d’armes de notre maréchaussée parisienne.
Pas la peine d'aller au cinéma, le spectacle est dans le rue...
Si vous êtes français ou française, vous savez sûrement qu’il se commet chaque année un cambriolage toutes les deux minutes et demie, un vol avec violence toutes les dix minutes, un vol quelconque (pick-pocket, vol à la tire, vol à l’étalage, etc.) chaque minute.
Il est évident que dans ces conditions où la propriété privée tend à être un concept philosophique plus qu’une réalité patrimoniale, la maréchaussée devait frapper un grand coup, histoire de montrer que le porteur de chaussette à clous servait à autre chose qu’à surveiller le domicile d’un ministre, jeter une grenade à la figure d’un type pas d’accord pour une retraite trop tardive ou emmerder un type qui va au boulot sous prétexte qu’il n’a pas le « faciès gaulois ».
Il fut donc diligenté une offensive imparable contre la délinquance qui sévit aux arrêts de bus.
Trois policiers, équipés d’un gilet pare-balle, d’une bombe lacrymogène et d’un « tonfa » ont rempli une mission particulièrement périlleuse.
Il fallait bien ces trois agents, grands, forts et baraqués pour venir à bout du délinquant que je sais récidiviste car nous attendons souvent à cet arrêt le bus qui nous ramènera chez nous et qu’il exerce sa coupable, délictueuse et dangereuse activité contre « l’abribus ».
L’assaut fut soudain.
Le délinquant eut tout juste le temps de mettre dans un petit carton ses quelques bottes de ciboulette, de coriandre, de menthe ainsi que ses trois mangues et quatre bananes.
Hélas, il ne put préserver son étal qui fut sous nos yeux brisé en quatre morceaux.
Cette planchette d’aggloméré de dix millimètres d’épaisseur et d’un quart de mètre carré, posée sur deux cartons constituait le siège social d’une entreprise illégale et probablement dangereuse vu la rapidité mise à le détruire.
Un doute malgré tout m’étreint.
Je suis sûr que le type, ce bandit, dit « le guinn’dou aux herbes », bronzé mais pas autant que le « karlouche aux fruits » de la place Pereire, ne payait aucune des taxes et redevances normalement dues à Mon Trésor pour toute activité commerciale.
Si ça se trouve, « le riche cible de la gauche », c’est lui !
On reprochait au gouvernement de ne pas taxer les gens qui font fortune et ne paient pas l’impôt au taux que l’on serait en droit d’exiger ?
C’est fait !
Le bras de la loi venait enfin de s’abattre sur un de ces coupables d’égoïsme qui ne se soucient que de leur fortune, sourds qu’ils sont à la faim du peuple !
Nos trois héros, roulant des épaules, sont remontés fièrement dans leur voiture.
Ça rassure quand même de se sentir un citoyen protégé…
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