mercredi, 26 juillet 2023
La disparition…
Belle image de ces dernières années, non ?
Elle m’est inspirée par la note d’Adrienne.
Au hasard de mes lectures, j’ai appris qu’une petite ville côtière écossaise était tombée dans une dèche sévère.
Elle vivait de la pêche de crevettes et bouquets, les décortiquait, les emballait, en faisait des conserves et les distribuait dans le pays, voire les exportait.
Un économiste spécialiste du marché du crustacé plus que des dégâts de son métier s’avisa que le seul avantage de ce coin de l’Écosse était que ces crevettes y avaient élu domicile au lieu de sagement choisir de vivre dans les eaux bangladaises ou vietnamiennes.
En effet, si pêcher ces crevettes et bouquets était indispensable, les ouvriers chargés de décortiquer, et préparer ces bestioles représentait un coût qu’il fallait évidemment réduire.
Las, le côté « local » de la marque séduisant le client au penchant écologiste, client à ne pas négliger car « un sou est un sou », l’empêcha de délocaliser la totalité du travail nécessaire à la vente des bestioles.
Il eut donc une idée géniale et en convainquit l’industriel et les pêcheurs du coin.
Il fut donc décidé de les envoyer pêcher les crevettes avec des bateaux plus gros, d’en charger des bateaux encore plus gros et d’envoyer le tout au Vietnam.
Là, de petites mains vietnamiennes, appartenant à des entreprises vietnamiennes débarrassées de ces coûts superfétatoires que sont les cotisations retraite, les assurances santé, le droit du travail ou pire encore les syndicats, décortiquèrent les crevettes et les renvoyèrent en Écosse pour être enfin emballées et vendues.
Elles étaient évidemment vendues un peu plus chères, car il n’était pas question de faire cadeau au client des menus frais de transports causés par un aller-retour de la moitié de la planète.
Globalement, tout compris, l’actionnaire de la crevette est satisfait car le prix de revient de la crevette rendue dans l’assiette est plus bas donc la marge plus élévée.
On ignorera délibérément tous ces coûts cachés que sont la destruction des familles abîmées par le chômage, la dispersion des habitants pour cause de disparition des entreprises, la mort des villages écossais alentour, la paupérisation du coin.
Enfin ! Voyons ! Pensons à Mr Schumpeter et sa « destruction créatrice », qui n’enrichit pas ceux qui font désormais le travail, appauvrit ceux qui le faisaient auparavant et concourt activement au bien-être des fabricants de containers.
« Après tout », dit l’économiste, « on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs ! »
qui ajouta in petto « du moment que je ne suis pas l’œuf… »
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