lundi, 16 septembre 2024
Devoir de Lakevio du Goût No 191
Cette toile d’Anne-Françoise Coloumy, à défaut d’être nette, me renseigne.
Ce n’est pas la première fois que je vous propose de raconter une histoire sur une toile de cette dame.
Cette fois, je vous en demande une autre à propos de la toile qu’elle a peinte et que je soumets à votre imagination.
Comme vous, j’espère en savoir plus lundi…
Depuis tout ce temps que j'ai passé derrière ces portes obstinément closes, je sais maintenant.
J’ai ainsi attendu des heures, assis sur les marches d’escaliers ombres, parfois vaguement éclairés chichement par des fenêtres aux vitres sales.
J’ai aussi parlé à des inconnus dont nombre ignoraient qui habitait ou avait habité derrière ces portes.
Une fois, l’un d’eux m’a dit « A… Mademoiselle A. ? Eh bien… Hélas… »
En fermant la porte de chez lui il a dit « Je crois bien qu’elle est morte il y a près de vingt ans… »
Ça m’a paru bizarre, comme si j’avais couru toutes ces années après un fantôme dans divers arrondissements de Paris.
Je me rappelle avoir cru, l’espace de quelques heures, qu’elle était passage du Désir, puis dans d’autres rues du Xème arrondissement.
Mais non, ces portes n’avaient pas d’adresse précise, elles se déplaçaient au gré de souvenirs flous et toutes les histoires qui y étaient liées finissaient mal.
Mais là, je savais.
Je savais enfin où était cette porte, celle qui allait me dire exactement ce qui traînait dans mon cerveau depuis tant d’années et l’embrumait aux moments les plus inattendus.
J’étais devant et j’attendis d’être sûr que personne ne gravissait les marches avant de tenter d’entrer.
Bien que la poignée de la porte fut si sale qu’on eut cru qu’elle était soudée à la pommelle, elle tourna sans difficulté et la porte s’ouvrit dans un grincement qui me rendit inquiet à l’idée qu’un voisin pût m’entendre.
J’eus la surprise de ma vie !
J’entrai dans un salon où régnait un désordre épouvantable mais mort.
Sur la cheminée où aucun feu n’avait été allumé depuis des temps immémoriaux, un tas de méchants chiffons de papier attendaient sans doute qu’on les brulât…
Cet appartement avait été abandonné sans hâte et un manteau, abandonné lui aussi sur un escabeau dont je me demandais ce qu’il faisait là, excita ma curiosité.
J’en fouillai les poches pour savoir à qui il appartenait mais c’était un réflexe idiot puisque c’était un manteau de femme et ce qui aurait pu me renseigner était sans doute dans un sac à main…
Aucun des papiers qui traînaient autour, par terre, sur la cheminée ou la petite table ne me renseigna.
C’est alors que, levant les yeux, je la vis sur le mur.
J’en étais sûr, c’était elle, je l’avais reconnue immédiatement !
Celle que je cherchais partout, dont je ne sais qui avait fait le portrait, était là, sur ce mur, telle je l’avais croisée il y a longtemps, bien longtemps.
J’ai ramassé par terre une carte de visite, sans doute échappée d’un porte-document donnait une inquiétante information.
On y pouvait lire « Henri de Borniol » en caractères gras.
Et, juste en dessous, en plus petit « Depuis 1820 ».
Le dernier signe de ce jeu de piste étrange était celui d’une entreprise de pompes funèbres.
Je suis sorti de l’immeuble, tracassé par ce dernier renseignement dont j’ignorais la signification ni où il me mènerait et traversai la rue…
Je n’ai pas entendu le bus.
La dame a dit au machiniste affolé « J’ai crié mais il n’a rien entendu, on aurait dit qu’il rêvait… Qu’il avait déjà quitté ce monde… »
08:27 | Commentaires (14)
Commentaires
Adrienne a fait une note dont dont j'espère qu'elle vous parlera autant qu'à moi.
C'est là :
https://adrienne414873722.wordpress.com/2024/09/16/n-comme-nadia/
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireAmbre_Neige nous conte une histoire qui dure une heure et sept minute d'où il ressort une question : S'agit-il d'un aménagement de bibliothèque ou de l'installation d'un piège mortel ?
C'est là:
http://enviededouceur.canalblog.com/2024/09/je-suis-un-genie.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireoh! faire les poches! c'est bien vrai que tu es un bad boy ;-)
Écrit par : Adrienne | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireJe confirme dans mes poches, il n'y a que des mouchoirs ! ;)
Écrit par : Fabie | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireFabie fait un rapport entre le désordre du tableau et celui apporté dans sa vie par un type aux pensées issues directement de la mentalité des écoles de commerce !
C'est là :
https://monparcourscancerdusein.eklablog.com/capharnaum-a216224687
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireUn fantôme hante cette maison...bien vu, on a l'impression que cette maison est restée en l'état depuis des siècles...J'espère que le fantôme, ce n'est pas toi....quoique, peut-être un de tes ancêtres.
J'ai fait mon devoir. Moi; c'est après un testament que je cours...comme quoi, on est un peu sur la même longueur d'onde....
Écrit par : julie | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireHeure-Bleue nous parle de cet appartement dans le Marais, avec sa cheminée et son parquet au point de Hongrie, ses étagères pleines de bouquins.
Nous y retournerions volontiers s'il avait un ascenseur.
Il était vraiment chouette et elle le dit bien.
C'est là :
http://heure-bleue.blogspirit.com/archive/2024/09/14/191-eme-devoir-de-lakevio-du-gout-3363999.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireJuliette nous parle de la recherche du temps perdu qui ne se rattrape jamais.
C'est chouette, enfin j'ai aimé.
Cest là :
http://cearriveenfrance.over-blog.com/devoir-du-lundi-a-la-recherche-du-temps-perdu
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireOh comme c'est triste ! et terriblement émouvant ..
en fait ton texte laisse la place à toutes sortes de scenarii ...
Bon je vais aller voir si ta proposition a aussi réveillé ta Princesse au Bois Dormant ... ;-)
Écrit par : Ambre | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireUn jeu de piste qui nous intrigue, le fil est interrompu par un autobus, une fin qui me rappelle les derniers plans du film « Il était une fois un merle chanteur » (1970) de Otar Iosseliani.
Mon devoir est ici :
http://www.jeanjacques666.eu/2024/09/il-automne-inoxtag-8.html
Écrit par : jeanjacques666 | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireJean-Jacques666 a l'idée saugrenue de déménager d'un appartement avec une telle pièce de séjour !
Mais bon, il le regrettera, j'en suis sûr...
C'est là :
http://www.jeanjacques666.eu/2024/09/il-automne-inoxtag-8.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireIl a bien fait de ramasser la carte des pompes funèbres, celui là ! Ils ont bien raison, ma mère et le Patou, il ne faut rien jeter, ça peut toujours servir. La preuve, je vous explique tout, c'est ici https://deshirondellesetdespapillons.blogspot.com/
Écrit par : delia | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireDélia ose un parallèle surprenant mais que j'ai adoré.
C'est là :
https://deshirondellesetdespapillons.blogspot.com/2024/09/quel-b.html
Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 septembre 2024
Répondre à ce commentaireTu avais le moral lorsque tu as fait ce devoir
Écrit par : heure-bleue | mardi, 17 septembre 2024
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