mardi, 25 novembre 2014
Elle rit au laid...
Ce lundi là, il faisait encore beau. L’air de la rue du Temple incitait à aller faire rapidement mesurer son indice d’octane. Plus exactement à se retenir de respirer jusqu’à la rue Beaubourg. Comme j’avais quelque argent en poche je suis sorti assez tôt de chez moi. Un chez moi vide de parents et de sœurs.
Une était déjà en pourparlers sérieux avec celui qui allait devenir son mari.
Si nos parents avaient connu la nature exacte des discussions ils se seraient précipités avec une hache.
L’autre, compte tenu de ce que j’avais déjà entendu, avait bien avancé les négociations au point qu’il ne lui restait qu’à prier le ciel que je ne devienne pas tonton avant l’heure…
Je suis donc sorti de chez moi le nez au vent et de bonne humeur avec l’idée d’aller déjeuner d’un sandwich et d’un café dans un des cent mille bistrots du Quartier Latin.
J’avais choisi le lieu de notre rendez-vous parce qu’il était sensiblement à mi-chemin entre chez elle et chez moi et parce qu’étudiante elle-aussi, elle connaissait le quartier.
J’ignorais totalement ce qu’elle aimait, ce qu’elle voulait faire, si elle voulait se promener, s’asseoir dans un jardin public ou aller au cinéma.
Au moins, quand on était place de l’Odéon, on pouvait faire tout ça dans un rayon raisonnable…
J’ai joué au touriste dans un quartier que je connaissais sur le bout du doigt puis, la faim se faisant sentir, je suis entré dans un café et ai avalé mon sandwich.
Je buvais tranquillement mon café quand un doute affreux me vint à l’esprit.
« Odéon, 13H » c’était finalement assez succinct.
Il y avait au moins trois endroits qui pouvaient faire l’affaire.
Le carrefour de l’Odéon, la statue de Danton au métro Odéon sur le boulevard Saint-Germain et le théâtre de l’Odéon.
J’ai levé les yeux sur la pendule du bistrot et suis parti d’un bon pas vers la station Odéon, pensant qu’elle prendrait probablement le métro.
Je me suis assis sur le socle de la statue de Danton, en me disant comme lui en son temps « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ».
Je n’avais qu’à tourner légèrement la tête pour voir les deux bouches de métro et à lever les yeux pour regarder la pendule du boulevard.
Je fus en avance d’une bonne vingtaine de minutes, paniqué que j’étais de n’avoir pas donné plus de précisions quant au lieu de rendez-vous.
Sur le trottoir en face, à l’entrée du passage couvert, il y avait un petit café.
Deux ou trois tables sur le trottoir faisaient office de terrasse. Je regardai les gens au hasard.
Une fille me regardait, une maigrelette en minijupe, avec un sourire narquois.
En y réfléchissant bien, elle avait l’air de se ficher ouvertement de moi.
Ne ricanez pas , lectrices chéries. Vous ne nous faites pas confiance. Vous avez parfois peur de nous et de nos entreprises.
Mais bon sang, qu’est-ce que vous pouvez nous faire marcher. Courir…
J’ai traversé. Elle m’a dit :
- Vous étiez drôle avec votre air inquiet. Vous aviez peur que je ne vienne pas ?
- Oh ! Vous pouvez dire, vous aussi vous êtes en avance… Et puis j’avais surtout peur que vous n’alliez attendre devant le théâtre ou au carrefour de l’Odéon plutôt que devant la statue…
- J’ai pensé à ça aussi, alors je vous ai attendu ici, j’étais sûre que vous alliez attendre à la sortie du métro.
- Vous voulez un autre café… Ou autre chose ?
Je n’avais pensé qu’à une autre boisson. Elle avait sûrement soupçonné autre chose car elle m’a jeté le même regard méfiant que la veille. Du coup j’ai pensé, moi aussi à autre chose, mais comme l’idée d’être planté là, peut-être avec une tarte, ne me plaisait pas plus que ça, je me suis bien gardé de partager mes pensées.
- Non. Que fait-on ?
- On marche ou on s’enferme dans un cinéma ?
- On marche, ça me va…
C’est fou comme l’ambiance peut être détendue quand on n’est pas amoureux.
06:45 | Commentaires (8)
lundi, 24 novembre 2014
Avec le temps, va, tout s'en va...
Lectrices chéries, je vous trouve bien pressées.
Oui, vous, Praline et Emilia-Celina !
Surtout toi Emilia-Celina !
Des souvenirs comme ça, bons ou mauvais, ça se goûte.
Comme un mets délicieux.
Voyons ! Toi, une fille ! Imagines-tu un instant, surtout depuis que tu me lis, que je vais écrire un truc du genre « Elle me bottait, j’ai mis un peu de formes mais j’ai réussi à lui retirer ses sous-vêtements et hop ! Emballé c’est pesé ! »
Tu penses vraiment que je peux écrire ça ?
En plus, je dois modérer ma tendance à la rêverie et à la douceur, Mab a vite fait de trouver que je me noie dans la guimauve.
Elle et toi, Emilia-Celina, franchement, des fois…
Pourtant je me rappelle tes notes, Emilia-Celina, celles où tu nous parlais de tes dix-neuf ans et d'un Robert qui te transportait.
Sur le cadre de son vélo...
Et toi, Mab, tu crois que je ne me souviens pas des photos de ton mariage avec un Maky qui te mate comme un gâteau ?
Si Pomponette était encore de ce monde, je lui montrerais la photo.
Elle verrait bien, elle, ce qui s'était passé. Rien qu'à te regarder.
Vous devriez pourtant savoir que les choses arrivent, ou pas, à leur rythme.
Et que c’est aussi bien.
C’est un cadeau du ciel, des aventures comme ça.
C’est Noël tous les jours.
On prend autant de plaisir à attendre puis déballer son cadeau qu’à jouer avec.
Même s’il y a l’impatience.
Et elle est là, bien réelle... Mais si pleine de rêves et d'attente...
06:50 | Commentaires (7)