dimanche, 07 décembre 2014
Cet air irlandais.
Il y a déjà un moment, Heure-Bleue et moi, sur les conseils d’un dentiste, nous avons acheté un appareil qu’il nomme pompeusement « hydropulseur », connu sous le nom de « water-pik » et que nous appelons « kärcher à dents »
L’original n’étant plus disponible depuis des années, je me suis rabattu sur un machin chinois disponible sur le Net.
Comme la plupart de ces trucs, on m’explique que c’est pas cher et à l’usage, je m’aperçois que ça ne vaut pas plus.
En réalité, ça vaut même moins car si l’original vaut une centaine d’€uros, l’ersatz en coûte une cinquantaine. Comme prévu, l’original ne pouvait pas durer plus longtemps que la copie puisque tous deux originaires de la même usine.
Pourquoi ce long préambule sur un sujet aussi inintéressant que possible ?
Parce que, après une petite année de mauvais et déloyaux services, le « kärcher » déconne sévèrement et la pompe s’amorce mal. Je dois donc faire preuve de ce qui manque cruellement à Heure-Bleue : la patience car apparemment je suis le seul à pouvoir faire fonctionner cet engin.
Ceux qui connaissent la lumière de mes jours savent qu’elle a parfois du mal à trouver ses mots.
Du coup, Heure-Bleue me trouve « relou »…
Régulièrement donc, l’ange de douceur qui partage mes jours, jamais à court d’un néologisme douteux, me jette depuis la salle de bains « Minoooouuu ! Viens me bouziner le machin ! »
Vous savez bien, lectrices chéries, comme ce genre de saillie ( !) met en route l’esprit mal tourné de votre serviteur.
Chaque fois, je ricane, ça l’agace, elle me jette un regard mauvais et tout ça me met en mémoire la chanson de Colette Renard « Les nuits d’une demoiselle ».
Pleine de promesses qui commencent comme ceci :
Je m’fais sucer la friandise
Je m’fais caresser le gardon
Je m’fais empeser la chemise
Je m’fais picorer le bonbon
Et finissent comme cela :
Je m’fais chevaucher la chosette
Je m’fais chatouiller le bijou
Je m’fais bricoler la cliquette
Je m’fais gâter le matou.
On peut désormais y ajouter « je m’fais bouziner le machin »…
08:51 | Commentaires (7)
samedi, 06 décembre 2014
Ehique étique…
A lire certaines choses, il me revient la remarque d’un vieux collègue plein de sagesse et parfois désespéré qui disait « A l’instant t il y a 99% de cons, à l’instant (t+Ɛ), il y a toujours 99% de cons mais ce ne sont plus les mêmes. Évidemment, il y en a chez qui Ɛ →∞… »
Lectrices chéries, ce matin je voulais donc faire une petite note sur les connes.
Puis, des années d’observation de l’humanité m'ont amené à renoncer à un projet trop vaste.
Deux détails notamment, m’ont dissuadé.
D’une part, je risque de froisser celles qui ne sont pas concernées mais ont assez de jugeote pour se rappeler qu’on est tous frappés à un moment ou un autre.
Et ça, ça me chagrine énormément.
D’autre part, ça tomberait dans le vide car, problème bien connu, les principales intéressées ne se reconnaissent jamais…
19:26 | Commentaires (4)
vendredi, 05 décembre 2014
Une veste sans revers.
Et heureusement sans boutons...
Voulez vous savoir – bien sûr que vous voulez savoir, sinon vous ne seriez pas là, à lire ces lignes- ce qui advint par la suite ?
Eh bien, cette veste ne me désola pas tant que je m’y attendais, lectrices chéries.
J’ai revu « Maigrelette » jusqu’à ce que la rentrée universitaire se profile à l’horizon.
En réalité jusqu’à la fin de l’été. Nous nous sommes vu moins souvent, nous ne nous embrassions plus, je ne tentais plus l’indiscrétion discrète, nous étions copains, de bons copains. Il est probable que si nous n’avions pas habité loin l’un de l’autre, séparés par la Seine, nous serions devenus de vrais amis. C’est une des très rares filles qui m’a fait penser que l’amitié entre garçons et filles est possible.
Même si l’idée du dérapage n’est jamais bien loin…
Oui, quand votre amie marche devant vous à contrejour et que vous constatez que les jupes sont plus transparentes qu’elle le pense, la tentation du « café des pauvres » se fait tenace.
Cela dit, nous avons passé après cette gamelle, de bons moments. Elle m’a bien aidé à des approches qui auraient autrement été délicates sans elle.
Je n’ai jamais compris pourquoi les filles étaient rassurées par la présence d’une fille aux côtés d’un garçon qui veut les aborder.
Elles auraient dû savoir qu’on n’est jamais trahi que par les siens.
Surtout les siennes…
Mon pote lui, était trop occupé avec « Boulotte » pour que nous sortions ensemble et j’avais peu de goût pour tenir la chandelle.
Il m’est pourtant arrivé grâce à « Maigrelette » une mésaventure qui repoussa à mon anniversaire le « câlin avec tout » qui me manquait.
Il me suffira de vous dire, lectrices chéries, que la solitude me pesait.
Je prêtai pas, du coup, une attention suffisante à des détails qui auraient dû me sauter au yeux.
Une fille, plutôt bien faite, qui ne plaisait pas à « Maigrelette » qui m’avait gentiment aidé à l’aborder, sembla sensible à mes fariboles était sur le point de se laisser circonvenir.
C’est un mauvais souvenir.
Nous étions au cinéma quand elle se laissa prendre la main –oui, ça commence toujours comme ça- et fut prête à se laisser embrasser.
Je n’allai pas jusqu’au bout. Même son prénom m’est sorti de l’esprit. Je me suis penché sur elle et me suis enfui.
Ne me traitez pas de dégonflé. Je veux bien être particulièrement excitant mais qu’auriez vous fait si l’objet de votre convoitise s’était mis à exhaler un parfum genre « saut-du-lit-post-nuit-très-animée » ? Hmmm ? Qu’auriez vous fait ?
Ah ! Vous le savez ! J’en étais sûr ! Je vous vois tordre le nez d’ici.
« Maigrelette » me dit plus tard :
- Ça, j’aurais pu te le dire, que cette fille n’était pas nette…
Puis, plus grossière :
- Et tu l’aurais vu aussi si tu avais regardé son cou au lieu de regarder ses fesses mais t’étais tellement pressé…
Bon, en vrai elle a dit « son cul »...
Non, la vie n’est pas toujours simple.
06:51 | Commentaires (8)
jeudi, 04 décembre 2014
La pelle des sens…
Samedi arriva.
J’étais si beau que j’avais à peine osé sortir de chez moi pour ne pas faire du tort à Apollon si je l’avais croisé.
J’ai pris le métro et ai changé à Réaumur-Sébastopol direction Porte d’Orléans où je devais attendre Bernard.
Il est arrivé pile à onze heures. Nous sommes montés dans la rame et on a commencé à supputer des tas de choses. La première étant « qu’est-ce qu’on pourrait bien amener chez Nicole ? » Non, je ne disais pas « Boulotte » à Bernard…
Il eut un bref instant une idée idiote :
- Une bouteille de vin ?
- T’es c… ! Personne ne boit !
- Mais quoi alors ?
Idiot comme je sais l’être, j’ai lancé :
- Ben nous ! Comme cadeau on est super, non ?
Il a haussé les épaules alors j’ai proposé des fleurs. Chacun le sien. Moi, deux bouquets, un pour l’hôtesse, l’autre pour « Maigrelette ».
Faut savoir investir…
Nous avons conversé sérieusement au point que le changement à Montparnasse-Bienvenüe nous a semblé court.
On était quasiment en train de dépenser les sous de la vente de la peau de l’ours.
On avait même écorné notre pécule chez un fleuriste.
« Boulotte » vivait chez ses parents rue de Cambronne dans un immeuble assez triste et bien moins reluisant que celui des parents de « Maigrelette ». Bernard m’emmena jusqu’au troisième étage et sonna.
« Boulotte » ouvrit et nous fit entrer. Dès l’entrée elle prit les bouquets que nous lui avions tendus et roula un patin d’enfer à son amoureux.
Elle se tourna vers moi et m’embrassa sur les joues. Je n’ai rien dit mais ça m’a fait bizarre de me faire déposer la salive de mon copain sur la joue.
« Maigrelette », elle, a commencé par Bernard et puis a pris les fleurs que je lui destinais. Du coup j’ai eu droit à un « baiser-récompense-style-dernier-plan-du-western »...
On a traversé le salon, elles nous ont entraînés à la cuisine et nous ont mis dans les mains les assiettes et les couverts à poser sur la table du salon.
Le repas fut simple, constitué d’une salade composée de tout ce qui traînait dans le réfrigérateur. « Boulotte » alla chercher un dessert composé de quelques éclairs et d’une bouteille de Coca. Mon pote et « Boulotte » se jetaient des regards ardents. Plus ils étaient ardents, plus « Maigrelette » semblait mal à l'aise. Nous avons discuté un moment puis la conversation s’est mise à languir. « Boulotte » s’est levée, nous l’avons aidée à débarrasser la table dans une ambiance d’attente puis d'un coup elle a attrapé Bernard par la main et l’a traîné dans une autre pièce dont elle a fermé la porte. Je me suis assis sur le divan qui occupait un mur et « Maigrelette » s’est assise à côté de moi, un peu raide.
Dans la pièce à côté, d’après ce qu’on entendait, ils faisaient plein de trucs que j’avais dans l’idée de faire aussi.
On a commencé à s’embrasser mais quand j’ai voulu glisser une main sous son chemisier, elle m’a donné une superbe tape sur la main.
- Aïe !!! Mais qu’est-ce qui te prend ?
J’ai râlé un peu et j’ai vu qu’elle avait dans le regard quelque chose comme de la peur.
Ça m’a calmé tout de suite. C’est là que j’ai vu que c’était mal parti.
J’allais devoir rembourser les sous de la peau de l’ours…
Elle a bien voulu que je l’embrasse encore mais c’était cassé. Elle ne voulait pas plus. Alors nous sommes partis. Arrivés dans la rue elle m’a dit :
- Tu m’en veux ?
Que vouliez vous que je disse, lectrices chéries ? J’ai dit :
- Non, pourquoi t’en voudrais-je.
- Ben… Tu vas me prendre pour une allumeuse…
- Mais non, voyons ! Ai-je menti.
On s’est assis au square Saint Lambert, elle s’est mise dans mon bras et m’a dit :
- Je ne suis plus... Bon, mais je ne voulais pas aller jusque là. Ça ne me disait plus rien.
J'ai été un peu, non beaucoup, vexé mais j'ai quand même fait bonne figure.
- C’est la vie... Et t’as oublié tes fleurs.
Elle a souri, rassurée.
- T’es un copain, un bon copain tu sais…
N’empêche, ce jour là, je suis reparti avec mon machin sous le bras... Et tout seul en plus.
Comme ça, Liliplume sait comment j’ai connu le square Saint Lambert.
Mais quelle veste, quand même !
Heureusement que, comme beaucoup de jeunes gens en 1967, j'avais l'habitude...
06:40 | Commentaires (12)
mercredi, 03 décembre 2014
Tous les garçons et les filles de mon âge...
Bernard pas plus que moi n’avait atteint le but final.
Des tas de raisons s’y opposaient.
D'abord, comme moi il vivait chez des parents trop souvent à la maison et présents toutes les nuits.
Puis, contrairement à moi qui ne retournerait à l’école qu’au début novembre, il travaillait.
« Boulotte » aussi était entrée dans la vie active et bien que ses parents fussent partis, comme ceux de « Maigrelette » passer quelques jours ailleurs à la faveur de l’été, la voie n'était pas libre pour autant.
Aller chez l'une d'elles était une entreprise délicate et le chemin n'était pas tapissé de pétales de roses.
Il nous fallait pourtant à tous deux un havre qui nous permît de circonvenir ces deux jeunes filles sans les inquiéter outre mesure et ce n’était pas chose facile.
Quant à les amener à jeter leurs habits… Alors là…
Avec l'enthousiasme d'une jeunesse que rien ne désarçonne sauf un râteau, nous nous disions que si ça avait été fait depuis Cro-Magnon, il n’y avait aucune raison pour que nous n’y parvinssions pas nous aussi.
Bien sûr, des tas d’impondérables pouvaient survenir.
« Je ne veux pas » était le plus probable et contre ça, on ne pouvait rien.
« Je ne peux j’ai… » qui allongeait le délai.
« J’ai peur » qui forçait à des tas de circonlocutions diplomatiques.
« Mes parents vont arriver », ça c’était le truc régfrigérant qui coupait court à toute tentative.
Sans compter tous les autres…
La chose me trottait par la tête et « Maigrelette » me plaisait beaucoup. On ne peut pas dire que j’étais amoureux, non, je l’avais été et je savais bien l’effet dévastateur que ça avait sur moi.
J’éprouvais une grande affection pour elle, je me sentais bien en sa présence.
J’étais très content de la voir.
J'aurais été content de l’avoir.
Mais amoureux, non…
Deux semaines s’écoulèrent presque tranquillement, je la voyais tous les deux jours environ et nous papotions, nous promenions, profitions des porches pour vérifier des tas de choses, notamment que les lèvres ne changeaient pas de goût.
De temps en temps je passai le soir voir Bernard qui, travaillant toute la journée, tirait franchement la langue même s’il allait parfois chercher « Boulotte » au travail, histoire de vérifier les mêmes détails que moi.
Je savais qu’il en vérifiait plus que moi et ça m’énervait…
Ne ricanez pas, lectrices chéries, on voit bien que vous n’avez pas risqué vos mains sur un corsage de fille dont vous n’êtes pas sûr de l’accord même si son regard semble donner la permission…
Non, non, ce n’est pas si facile.
Un jeudi, je me rappelle que c’était un jeudi, de cette deuxième semaine, Bernard est passé chez moi un soir.
Il m’annonça la nouvelle, « the » nouvelle, « the good one » : Les parents de « Boulotte » ne rentreraient finalement que dans dix jours ! Et « Boulotte » nous invitait à déjeuner chez elle samedi !
La nouvelle lança une frénésie de préparatifs, genre achat de cirage tout neuf, de slip « taille basse » neuf, de « petits ballons » malgré une épaisseur qui gênait, recherche de chaussettes sans trous et repassage de chemise et, à la patte-mouille, du plus chouette Newman.
Je me suis demandé combien de temps on doit se brosser les dents pour pouvoir éclairer la rue rien qu’avec un sourire.
Alors là, lectrices chéries, on allait voir…
06:45 | Commentaires (9)