mardi, 16 décembre 2014
In memoriam…
Hier après-midi, je me demandais puis, faute de réponse, le demandai à Heure-Bleue.
« As-tu une idée de l’endroit où peut être le coffret des vinyles de Charles Trenet ? »
Ma confiance dans l’humanité, quoique relative, fut écornée quand la lumière de mes jours me répondit « Je pense que ça fait partie de toutes ces petites choses qui ont disparu, ont été volées, empruntées, non rendues, etc. »
C’est là que je me suis aperçu que nous ne vérifiions jamais ce que nous avions.
Pas plus les disques que les CD ou les DVD.
Pas plus que ce que nous avions sur les étagères des nombreuses bibliothèques que nous avons eues.
Pas plus ce que nous avions dons les poches ou dans le porte-monnaie.
Enfin, le porte-monnaie d’Heure-Bleue car je n’ai que rarement eu de porte-monnaie.
Et il y a peu de chances que j’aie de l’argent dans les poches car elles sont percées.
J’y mets mes clefs qui, au bout d’un moment usent le fond des poches.
Quand le fond d’une poche est troué, je passe à l’autre poche.
Quand les deux sont trouées, je cherche le pantalon sans trou dans les poches.
Quand tous les pantalons ont des poches trouées, je raccommode les poches d’un pantalon.
Quand je change de pantalon, je raccommode ses poches et ainsi de suite.
Jusqu’aux prochains trous…
Ceci explique que je n’ai que rarement des pièces de monnaies dans les poches. Que des pièces de tissu.
Pour en revenir à ce coffret, je me rends compte dans ces moments de lucidité, rares chez moi, que nous avons semé énormément de choses de notre vie au cours des années.
Ce que nous n’avons pas semé a été tout de même récolté mais par d’autres.
Sans notre aval le plus souvent.
J’ai beau me dire que ce ne sont que des choses et que les linceuls n’ont pas plus d’armoires que de poches mais quand même.
Ça me gêne quand je cherche le tournevis qui va parfaitement dans ce foutu support de lampe de la salle de bains, support installé avec un jemenfoutisme confondant par les charlots qui se sont occupé de l’électricité de l’immeuble.
Ou quand un air me traverse la cervelle et que j’écouterais volontiers si le CD ou le vinyle sur lequel il est gravé n’avait pas été rangé sur une étagère ailleurs que chez nous.
Ou quand un bouquin que j’ai envie de relire et que nous avions en deux ou trois exemplaires a disparu de tous les rayonnages. La Divine Comédie, par exemple…
Ou.
Ou.
Ou.
J’ai aussi remarqué des substitutions étranges dans nos affaires.
Dans un carton de vinyles, un disque que je gardais depuis 1961 a disparu mystérieusement.
Je me suis logtemps demandé où il avait bien pu passer.
Le plus grave est qu’on l’a remplacé par un vinyle des éditions SERP fondées par Le Pen père soi-même.
Je me demande encore par quel miracle, il est arrivé dans ce carton de vinyles.
J’en ai hélas une idée…
C’est là qu’on s’aperçoit que la mémoire est un outil remarquable mais qu’il lui manque cette qualité inégalable : Ce n’est pas la réalité palpable…
06:45 | Commentaires (10)