Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 07 septembre 2015

Le fond de l’air effraie…

Je vais perdre aujourd’hui une lectrice chérie.
Pas parce qu’elle est venue dans ma cour se chamailler avec une autre lectrice chérie, non, ça j’ai l’habitude.
Je vais la perdre parce qu’elle a écrit chez moi quelque chose avec quoi je ne suis pas d’accord, que je lui dis pourquoi, qu’elle n’aime pas qu’on ne soit pas d’accord avec elle  et qu’elle a un caractère de m...ince, hein, bon...
Elle a écrit :

« Dans quelques temps, qu’en sera t-il de notre pitié quand ils viendront manger notre pain, quand ils toucheront des allocs en tous genres, quand ils auront droit aux soins gratos ? »

Et je ne suis pas du tout d’accord avec ce qui est, je crois une méconnaissance profonde de ce qui pousse les gens à abandonner leur pays.
Contrairement à ce que tu crois, lectrice chérie, personne ne fuit son pays pour toucher les allocs ou se faire soigner gratos.
Tu fuirais la France pour aller toucher le Minimex en Belgique ? Pour te faire soigner les dents en Espagne ? Pour aller manger les pitas des Grecs ?
Non, tu resterais chez toi, dans ton pays, avec des gens que tu connais, des gens que tu comprends, qui mangent comme toi, qui parlent comme toi, qui souvent pensent comme toi, tu resterais dans les paysages qui t’ont vu grandir.
En revanche, si on bombardait ton bled, si tu étais poursuivie par des fondus qui veulent t’étriper parce que tu ne penses pas comme eux, des gens qui tuent tout ce qui bouge, eh bien tu ferais comme eux.
Ils fuient la mort et les bombes, et crois moi, ça leur coûte beaucoup plus cher qu’un billet sur un charter quelconque. 
Ils ne viennent pas non plus manger ton pain. Ils l’achèteront. Et avec leur argent, celui qu’ils auront gagné.
Que ferais-tu si tu étais contrainte de faire comme eux et qu’à ton arrivée un type te dise ce que tu viens d’écrire ?
Je te sens un peu effarée si on te servait ce discours.
Je t’entends penser d’ici « Quels bande de sans-cœur ! Non mais quelle bande de fumiers ! Nous laisser comme ça, on aurait travaillé, on aurait gagné notre pain ! »
Et tu ajoutes :

« C’est facile d’avoir pitié derrière un clavier, c’est facile d’avoir pitié quand on est bien au chaud chez soi, dans son appart. »

Eh bien, lectrice chérie, c’est justement la remarque qui montre bien la différence entre celui qui ne peut pas faire quelque chose de concret autre que donner, ne serait-ce que des vêtements inutilisés ou un peu d’argent, et celui qui ne veut surtout pas donner, celui qui déteste l’idée même que l’argent de ses impôts puisse servir à aider un étranger en danger de mort.
En plus, j’ai souvent remarqué que celui qui répugne le plus à partager n’est non seulement pas celui qui manque le plus mais celui qui compte le plus mal.
Celui qui n’a même pas pensé que soixante sept mille réfugiés, ça veut dire qu'il croiserait mille personnes avant d’en croiser un, que ses soins seraient financés par les cotisations de mille personnes.
Prêcher contre l’accueil c’est plus brandir son égoïsme comme un étendard que faire des économies.
Imagine un peu que la Sécu, à la recherche d’économies ces temps ci, fasse comme toi et décide que soigner certaines affections coûte plus cher que ne rapporte le malade…