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lundi, 14 décembre 2015

L’appeau du laid.

Berthoise, jamais à cours d’idée dès qu’il s’agit de faire engraisser son prochain, nous avait soumis il y a peu cette histoire de petits gâteaux bidouillés par « Tatine », la grand’mère de Berthoise.
Évidemment elle a commencé par foutre en l’air tout le parfum de la cuisine de « Tatine », chauffée j’en suis sûr par la cuisinière à charbon et l’odeur de toutes les « petites ragougnasses » qu’elle préparait, comme ma grand’ mère le faisait aussi.
Oui, elle a fait ça Berthoise ! Elle a remplacé « la peau du lait » par de la crème fraîche.
Le truc qui pousserait à rétablir le délit de blasphème dans notre « doulce France, cher pays de mon enfance ».
C’est peut-être de là que vient cette voracité –que j’ai gardée- pour les peaux claires.
Allez savoir…

Oui, que je vous dise, lectrices chéries.
Jusqu’à ce que j’apprenne que la rétine est collée sur la choroïde comme la peau du lait sur le lait.
Autant dire que c’est quand même un collage moins résistant que celui de votre Goût adoré avec sa comparse Heure-Bleue.
Je trouve néanmoins une certaine ressemblance.
Je trouve les deux, la peau d’Heure-Bleue et la peau du lait, absolument  délicieuses.
Mais bon, je vais vous parler de la peau du lait, plutôt.
Ça va m’éviter de me faire défigurer par la lumière de mes jours qui n’aime ni prêter ses affaires ni qu’on les détaille en public.
La « peau du lait », chez mes parents, n’était normalement pas un « casus belli ».
Ma grande soeur évitait le lait le matin, histoire d’éviter les cent vingt grammes qui la séparaient de l’extrême minceur.
Elle devait peser dans les trente-cinq kilos avec le manteau et le cartable quand elle est allée passer « son BEPC »…
Donc pas de risque de me faire soulever mon délice du matin.
Mon père était parti travailler depuis longtemps ou dormait parce qu’il était rentré du travail il y a très peu, donc, « la peau du lait » semblait sauve.
Mon père se fichait de toute façon de « la peau du lait », s’il y en avait, il l’avalait sans y prêter attention, s’il n’y en avait pas il ne s’en apercevait pas, alors…
La benjamine était toujours soit chez notre grand’ mère maternelle, soit dormait, soit s’en foutait totalement. Elle avalait tout ce qu’on lui présentait.
Et même ce qu’on pensait avoir mis à l’abri de son féroce appétit.
Là où ça se gâtait, c’est avec ma mère et ma sœur cadette.
Ma sœur cadette, dite « Souricette » détestait le lait, que dis-je, elle haïssait le lait mais adorait le fromage.
Sentir le lait lui faisait tordre le nez.
Voir la peau du lait se rider au fur et à mesure que le lait refroidissait lui « levait le cœur » selon ses propres termes.
Du coup, je matais avec envie la casserole d’abord, son bol ensuite, sûr qu’elle piaillerait jusqu’à ce que ma mère cède et lui donne du fromage.
Si ma mère était bien disposée, elle repartait vaquer à son petit métier du matin, j’en profitais pour rafler le bol de « Souricette » et attraper la fameuse peau d’un habile coup de petite cuiller.
Hélas, tout ne se passait pas si bien et si ma mère se mettait à table avec nous, elle s’empressait de ramasser la peau du lait « pour ne pas te tacher mon petit chéri » et de l’avaler d’un seul coup.
Je me demande si ce n’est pas le motif de désamour le plus justifié, bien avant les pulls « vert bronze que tu aimes, mon fils », les blouses « bleu roi à liseré rouge » ou la veste « lamé bleu des mers du sud genre maquereau libanais », sans parler des quatre ans de prison chez les fondus.
Ce n’est que plus tard qu’un autre motif est venu s’ajouter à tous ces griefs.
Oui, tout ça m’a conduit à faire appel à mes psys gratos.
Oui, vous, lectrices chéries…