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lundi, 04 avril 2016

Ah... Lakevio...

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Pendant des années je suis passé devant.
Des années.
Des dizaines d’années…
Chaque fois je me voyais dans le rôle d’un sauveur intrépide.
Tirant une Yvonne de Galais des griffes d’un bandit évidemment cruel.
J’étais sûr, dans les rêves on n’est pas tenaillé par l’incertitude, que le bandit n’était pas intéressé que par la rançon qu’il pourrait tirer de la belle que j’imaginais déjà se jeter, éperdue de gratitude, dans mes bras largement ouverts.
Puis, la maison dépassée, je passais à autre chose.
Pendant longtemps, des années vous dis-je, je suis passé devant.
Maintenant, j’ai le pas plus traînant, toujours ce fichu genou…
Je passe encore devant de temps en temps.
Le toit de la maison a perdu quelques ardoises, un volet bat et le crépi s’écaille.
Hier je suis encore passé devant la maison.
J’ai entendu grincer la grille.
Une vieille dame dans mes âges, les cheveux gris m’a souri.
Elle était bien telle je l’avais rêvée, elle avait seulement les années en plus.
- Ainsi vous existez.
- Oui, je suis restée ici toute ma vie à attendre quelqu’un qui n’est jamais venu…
- Ah ?
- J’ai bien réussi à attirer quelques enfants mais ils se méfient maintenant, leurs parents ont dû les prévenir.
- Ah ?
- Oui, j’ai à leurs yeux l’air d’une jeune fille blonde et pâle, alors ils viennent et je les mange…
Finalement, j’ai eu de la chance…

dimanche, 03 avril 2016

Les vieux qu'ont de l'âge...

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Hier, Heure-Bleue m’a traîné à Paris.
Je dois avouer qu’elle n’a eu aucune difficulté.
Je n’ai opposé aucune résistance malgré le retour précoce de la Toussaint.
« Séparés par la foule, qui nous traîne, nous entraine » je me suis trouvé assis, isolé au milieu de la foule, sur un strapontin loin de la lumière de mes jours.
Alors j’ai lu…
Arrivés Porte de Champerret, nous avons remonté d’un pas alerte, joyeux mais quelque peu bancal, l’avenue de Villiers et l’avenue Niel jusqu’aux « Magasins Réunis » qui abritent la FNAC.
A peine arrivés là, alors qu’Heure-Bleue me contait l’histoire de ces deux vieux machins dans l’âme, j’ai été saisi par une affiche qui m’a interpellé d’un tonitruant « Salon des seniors ».
Comme si on avait besoin d’un salon pour savoir que les années passent…
Suffit d’avoir mal au genou droit.
Pfff…
Encore un truc pour faire claquer une retraite décente dans des croisières en Méditerranée ou une retraite misérable dans des « banquets des anciens ».
Les premières vous donneront une culture TF1 grâce, plutôt à cause, de Stéphane Bern.
Les seconds vous donneront mal à l’estomac et en plus vous devrez vous taper le discours du maire et les recommandations du directeur du mouroir…
Alors que si vous y regardez de près, lectrices chéries, le problème, ce n’est pas de vieillir.
Tant qu’on vieillit, ça va.
Là où ça se gâte, c’est quand on devient vieux.
Surtout de la tête.
Hier soir, avant de dîner j’ai appelé Léontine, l’amatrice de « petites coupettes ».
Oui, Léontine va avoir quatre-vingt-onze ans demain.
Et ça, ça me fait peine parce qu’elle commence à perdre un peu la boule.
Enfin, non, c’est surtout qu’elle ne se sert plus de sa cervelle, du coup elle rouille.
Alors je veux bien mourir âgé, mais jeune…

samedi, 02 avril 2016

Quelle différence y a-t-il entre un ingénieur ?

Comme disait Coluche « Des fois, tu t’demandes… »
Vous savez, lectrices chéries, que la lumière de mes jours achète Télérama tous les mercredi.
Un jour elle a été scandalisée par la placardisation puis le départ d’Alain Rémond.
Elle cessa donc d’acheter Télérama et se rabattit quelque temps sur « Elle ».
Télérama n’aimait pas la télé, nous non plus, il n’y eut donc pas de suites fâcheuses.
« Elle » n’aimait pas les femmes. Moi si.
J’ai donc cessé, sauf édito intéressant à mes yeux, de lui piquer son magazine.
La vacuité du « Elle » du samedi atteignant celle du Fig’ Mag’, Heure-Bleue cessa un jour d’acheter « Elle ».
Nous nous mîmes à acheter Libé, puis a nous y abonner.
Vous savez ce qu’il advint de cet abonnement à un quotidien qui n’arrivait dans notre boîte qu’en paquet de six exemplaires avec un semaine de décalage.
La semaine eût été d’avance, nous aurions conservé l’abonnement, l’idée de gagner à coup sûr la cagnotte du Loto nous branchait assez.
Hélas, c’était le samedi midi qu’arrivait le paquet de six quotidiens censément du matin.
Libé devenant de surcroît aussi tiède qu’un matin de mai, nous laissâmes tomber l’idée d’un quotidien trop « mainstream » comme disant les branchés qui manquent de vocabulaire.
Un jour de déception grandiose devant le manque de goût, dans tous les sens du terme, de la presse quotidienne, la lumière de mes jours décida de se remettre à la lecture de Télérama.
Avec prudence au début.
Elle y prit goût, malgré quelques déceptions comme celle de l’assertion qu’un restaurant du Carreau du Temple n’attendait que nous pour finir la semaine.
Nous constatâmes avec effroi que les magazines faisaient le boulot d’information avec le même sérieux que les quotidiens en matière politique.
Nous nous cassâmes le nez sur la porte du restaurant ouvert en août mais seulement la période d’août qui commence en septembre.
Elle continua néanmoins d’acheter Télérama et nous en tirâmes quelques satisfactions.
La plus grande arriva tout de même hier soir.
Allongé près de mon odalisque, profitant lâchement de la tiédeur de sa peau en faisant semblant de rien, je lisais.
Elle s’agita soudain tenant absolument à me montrer quelque chose de beau.
Intéressé, j’ai aussitôt posé mon livre et me suis tourné vers elle.
Oui, lectrices chéries, la tiédeur des peaux et les invites à regarder m’ont toujours fait cet effet.
Heure-Bleue me montra…
Une photo, page 17.
Celle du jeune homme du film de Téchiné « Quand on a 17 ans ».
Elle alla même jusqu’à dire que la bouche de ce jeune homme lui rappelait férocement la mienne au même âge, ainsi que ses yeux, sauf que lui en avait deux, la vache.
Une fois avalée la gorgée de petit lait, elle me prit la main.
« Yep ! » que je me dis…
Mais non…
Puis elle me dit « écoute ça » et elle me lut cette phrase qui dévoile tout le charme de la presse magazine, même celle censément intello :
«  Ce Parisien, né d’une mère institutrice et d’un père congolais. »
Du coup, je me demande pourquoi tous les journalistes à prétention penseuse ont « leur psy » alors qu’ils devraient avoir « leur prof de lettres »…

vendredi, 01 avril 2016

« Dix-ans, c’est-assez ! »

J’allais, lectrices chéries, vous écrire une note super bien et tout.
Puis, comme chaque printemps me reviennent des souvenirs.
Dont ce slogan crié par la foule le 13 mai 1968 devant le Palais de Justice, juste avant de remonter le boulevard Saint-Michel.
Et pourquoi ce slogan m’est il revenu ?
Parce que mon blog a eu dix ans le huit février 2016 et que j’ai oublié de vous le dire.
C’est scandaleux.
À tous points de vue.
En parcourant rapidement ce que j’ai pu vous écrire pendant ces dix années, je m’aperçois avec désespoir que Châteaubriand avait raison qui disait « la vieillesse est un naufrage » dans ses « Mémoires d’outre-tombe ».
Comment ai-je pu lire ça, et avec plaisir en plus quand j’étais en cinquième, restera toujours un mystère pour moi…
J’ai l’impression que j’écrivais mieux et des choses plus drôles il y a dix ans qu’aujourd’hui.
Et qu’elles venaient beaucoup plus facilement sous les touches de mon clavier.
Aujourd’hui par exemple je vais vous donner une opinion que vous ne m’avez pas demandée sur les récents évènements qui ensanglantent l’Europe ces temps-ci.
Puis je renonce.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je m’aperçois que des évènements analogues ont suscité chez moi le souvenir d’un truc que j’avais lu il y a une vingtaine d’années.
L’immuabilité des choses semble bien mieux correspondre à la politique qu’au foisonnement de la vie sur Terre.
Les mêmes mobiles régissent nos comportements et amènent les mêmes réactions.
De mandat en mandat, « nozélites » pointent du doigt les mêmes problèmes et s’arrangent pour qu’ils soient toujours là quand ils s’en vont.
Histoire sans doute, d’éviter à leurs successeurs de s’endormir béatement sur les lauriers tressés par d'autres…
Alors pourquoi me donnerais-je la peine de rédiger une note que quelqu’un d’autre a si bien rédigée à ma place ?

« Dans les banlieues déshéritées, règne une terreur molle. Quand trop de jeunes ne voient poindre que le chômage ou des petits stages au terme d’études incertaines, ils finissent par se révolter. Pour l’heure, l’État s’efforce de maintenir l’ordre et le traitement social du chômage évite le pire. Mais jusqu’à quand ? Aucun désordre n’est à exclure quand les rapports sociaux se tendent.
Ne laissons pas notre pays éclater en classes et en castes, avec des dignitaires arrogants, des parias désespérés et un peuple déresponsabilisé
»

Jacques Chirac, janvier 1995, in « La France pour tous ».

Ah ça, si on l’avait élu Président, on n’en serait sûrement pas là...

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