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mardi, 23 mai 2017

Distribution d’épris…

Ce matin, le temps est tant temps qu’il est tentant.
Il me vient du coup, malgré la crainte du jugement de la flèche –de la balance- une envie de « kouignettes ».
Malgré la réticence que je pressens de la lumière de mes jours, j’irais bien faire un tour du côté de la rue de Steinkerque.
Plus exactement du côté de chez Larnicol, ce pâtissier qui vend des produits pour lesquels je me damnerais…
Hélas, notre camarade de déambulation attitrée pour ce quartier ne sera pas disponible avant le mois prochain.
J’en ai besoin car elle distrait Heure-Bleue de sa tendance à me chercher des histoires à propos de ce qu’elle suppute de ma vie quand elle allait encore au lycée.
Ça me permet de flâner en regardant des vitrines qui, honnêtement, se sont particulièrement dégradées depuis des décennies.
Je peux néanmoins tenter le coup car mon « œil de lapin russe » m’ayant ôté le peu d’attrait que j’avais encore, elle m’a jeté l’autre soir à la figure :
- Là au moins, je suis sûre qu’aucune autre ne te regardera…
Entre Merveille, P’tite Sœur et la lumière de mes jours, je suis désormais entouré de filles qui me trouvent moche.
Que je me trouve moche, bon, j’avais l’habitude.
Je ressentais ça depuis la première fois où je pensais que ça m’aurait arrangé de ressembler à Stewart Granger.
À l’époque, Georges Clooney ne savait même pas qu’il ferait du cinéma et encore moins qu’il vendrait du café.
Bref, depuis qu’une envie irrépressible de me renseigner sur l’autre moitié de l’humanité s’était emparée de moi, je me trouvais moche.
J’avais eu du mal à m’y faire mais j’y étais parvenu.
Je n’étais pas surpris que la lumière de mes jours, myope comme une taupe, n’y ait pas prêté attention.
Hélas, trois fois hélas…
Les coups les plus mortels vous viennent des plus proches.
Demandez à César, il vous le confirmera en même temps qu’il vous fera remarquer la qualité exceptionnelle de cet alexandrin arrivé tout seul sous mon clavier.
Pour en revenir à mes moutons, les coups fatals me furent assénés par celles dont je comptais sur l’innocence et surtout l’ignorance.
Merveille et P’tite Sœur m’ont-elles aussi trouvé, l’une effrayant, l’autre moche.
Heureusement, mon avenir de chercheur est derrière moi.
Mais tous ceux qui se lanceront sous peu dans les mêmes recherches vont se heurter à forte partie.
Ils auront intérêt à être beaux, intelligents, dotés d’un solide sens de l’autodérision mais surtout d’un blindage de cuirassé.
Sans oublier, les pauvres, qu’ils devront ne pas user d’un sens de la répartie trop affûté car il leur faudra aussi apprendre non seulement à encaisser mais surtout à ne pas rendre.
Sinon leurs tentatives d’en savoir plus sur cette autre moitié de l’humanité se révéleront vaines, à leur grand dam…

lundi, 22 mai 2017

Si la photo est bonne...

lakevio.jpg

Quand on a fini la « partie de baccalauréat » elle a quitté la chambre avec les feuilles.
Elle range tout bien, tout le temps, elle…
Elle est partie vers le salon en disant « je vais chercher le scrabble, tu veux bien faire une partie ? »
Bien sûr que je voulais bien !
Mais j’ai juste hoché la tête.
J’ai regardé autour de moi.
Elle était drôlement bien, sa chambre.
Et puis j’ai vu le cadre sur sa petite table de nuit.
Sa photo.
Sûrement une photo de l’été dernier, elle riait à côté de sa mère, les yeux plissés face au soleil.
Qu’est-ce qu’elle était belle !
J’ai sorti la photo du cadre, ai déchiré le morceau où on ne voyait qu’elle et l’ai glissé dans ma chemise.
Je suis retourné m’asseoir sur la petite chaise sur le côté de son petit bureau de bois peint en blanc.
Elle est revenue, la boîte verte dans les bras et l’a posée sur le bureau.
Puis elle s’est assise en face, de l’autre côté du bureau.
J’ai attendu qu’elle ouvre la boîte, l’air de rien mais le cœur battant de celui qui sait qu’il a fait une bêtise,
C’est quand elle a tourné la tête qu’elle a vu le morceau de photo avec le visage de sa mère.
Je l’avais complètement oublié…
Elle a crié « Oh non ! » puis elle s’est levée et on a commencé à se bagarrer, elle m’a traité de tous les noms.
Moi je connaissais les plus « mal élevés » et pas elle, mais je ne lui ai pas dit non plus, parce que…
Et puis j’ai fait attention à ne pas lui faire mal mais elle criait quand même.
Quand sa mère est arrivée, elle lui a dit :
- Il a déchiré ma photo, voilà !
- Mon garçon, je vais être obligé de le dire à ta mère !
- Mais, madame…
- Ce que tu as fait là ne se fait pas ! C’est tout !
Là, ma copine m’a poussé encore une fois et elle a senti le morceau de photo dans ma chemise.
Elle a tiré brutalement et ça a arraché les boutons en l’ouvrant.
- C’est moi, là, sur le bout de photo !
Elle avait dit ça d’une voix bizarre alors sa mère a levé les yeux au ciel.
Ella a fait semblant de ne pas sourire et est partie en disant juste :
- Bon…
Ma copine s’est tournée vers moi :
- Tu te rends compte ?
- Oui… Excuse-moi, je voulais…
- Mais tu me prends mes affaires sans me demander !
- Mais c’est juste que…
- Je sais… Mais qu’est-ce que ça va être quand on sera mariés, hein ?
Là, j’ai failli tomber dans les pommes.
Rien que l’idée d’être toujours avec elle.
Je ne sais pas ce que ça fait quand on est grand mais ça doit être drôlement bien pour qu’ils veuillent tous faire comme ça.
Et là, c’est elle qui veut.
Moi aussi bien sûr mais je n’aurais jamais osé lui dire…

dimanche, 21 mai 2017

L’œil du cyclone.

Vendredi déjà, si l’idée de draguer m’avait effleuré l’esprit, elle eût été tuée dans l’œuf par la trace de lucidité qui me reste.
J’avais néanmoins passé une excellente journée.
Hélas, tout n’est pas, lectrices chéries, que luxe, calme et volupté.
Vous souvenez-vous de mon œil droit ?
Celui dont je vous ai déjà conté la mésaventure avec force détails ?
Cet œil, victime de l’intérêt pour les sciences qui tua déjà Pline l’Ancien, avait un regard qui n’était pas forcément celui de l’œil gauche.
Eh bien, lectrices chéries, un petit vaisseau a éclaté jeudi soir sur la conjonctive de l’œil gauche.
Vous imaginez bien qu’avec un œil merdique et un autre de lapin russe, toute idée de badinage est vouée à l’échec.
Mais il y a pire.
Ce samedi c’était la fête à l’école maternelle de P’tite Sœur.
Hormis le fait que je me suis dès l’entrée dans l’école retrouvé « fleur » avec les fameux tickets.
Mais si, vous savez bien lectrices chéries.
C’est comme ça depuis Jules Ferry, enfin depuis la communale de l’Ours.
On vous prévient que « le samedi gnagnagna de mai, il va y avoir « la kermesse à l’école » et que si… hein… Bon, vous faites ce que vous pouvez… »
On peut résumer ainsi :
- Vous achetez la farine, le sucre, tout ce qu’il faut.
- Vous faites un grand gâteau avec le plus grand plat à tarte que vous avez.
- Quand il est fini, vous le coupez en parts égales.
- Vous en tirez le plus grand nombre de parts compatible avec l’article  L241-3 du Code de commerce, celui qui réprime l’escroquerie.
Oui, il faut que le gâteau soit le plus rentable possible pour l’école…
- Vous redescendez acheter le rouleau de papier aluminium car le morceau qui reste est trop petit.
- Vous apportez le gâteau à l’école.
- La directrice vous tanne pour que vous preniez le plus de tickets possible.
- Le soda est tiède, vous le videz dans le bac à fleurs.
- La merguez est presque crue, alors vous la jetez en douce dans les toilettes.
- Vous finissez par vous rabattre sur votre gâteau, dédaigné évidemment par les autres parents.
A la fin, vous avez dépensé des sous pour faire le gâteau, vous avez acheté votre gâteau au prix fort et votre petite-fille n’a rien gagné avec le ticket de loterie que vous lui avez donné.
Samedi ce fut pire.
Avec mon œil injecté de sang, pas plus Merveille que P’tite Sœur n’a voulu approcher de son papy autrefois chéri.
« T’es un fantôme papy ! Tu me fais peur » a dit P’tite Sœur en mettant sa tête dans le blouson d’Heure-Bleue.
Merveille est une vraie garce qui m’a jeté un regard dégoûté et m’a dit « Si tu veux draguer, papy, te reste plus que le clin d’œil ! »
Même la lumière de mes jours frissonne chaque fois qu’elle me regarde.
Et ça n’a rien à voir avec les frissons que j’ai connus il y a… Tout ça…
Voilà comment on pourrit super efficacement un samedi de papy.

jeudi, 18 mai 2017

Je me souviens…

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Je ne sais pourquoi la rue Turgot me revient à l’esprit.
Peut-être le mois de mai.
Nous sommes le 18 mai, mais quoi ?
Ce coin reste obstinément accroché à ma mémoire comme une poche de ma veste était restée à une poignée de porte.
On croit qu’on l’en a détachée mais les conséquences de cet arrachage me marquent.
Je ne sais si c’est à cause du carrefour au bas de cette rue du IXème et du café où j’attendais parfois le 85.
Mais c’est comme ça, cette rue revient régulièrement flotter à la surface de ma mémoire, tirée par l’unique neurone qui me reste aujourd’hui.
Quelque chose qui me fait penser que la mémoire est comme une bibliothèque.
À la naissance, bien que pleine d’étagères, elle est vide.
Presque vide.
Sur une étagère du bas il n’y a qu’un micro-dictionnaire.
« Ouiinn », « Maman », « Papa »
Il y a aussi un mini-Bescherelle.
« Manger », « Dormir », « Toucher », « Entendre », « Sentir », « Voir ».
La bibliothèque se remplit chaque jour.
Pendant longtemps, elle est bien rangée.
Hélas comme toutes les bibliothèques de grands lecteurs, le bordel s’y installe.
Les années passent, les rayonnages se remplissent.
Puis, quand il n’y a plus de place sur les étagères, « on fait des piles ».
Les piles se multiplient avec les années.
Plus il y a d’années, plus il y a de tas informes à côté des piles.
Vient un moment où on a besoin d’une information dont on sait qu’elle est là, cachée au milieu du balagan.
Mais où ?
Tant que c’était rangé sur les étagères, ça allait.
Quand c’est dans les piles, ça va encore, suffit de trouver la pile.
Alors on fouine, on sait que ce n’est pas sur les étagères mais dans les piles.
Peut-être même dans les tas qu’on se met alors à fouiller.
Assez drôlement, on tombe sur un souvenir en cherchant dans un tas et, par je ne sais quel miracle il y a « une table des matières du tas » bien pratique qui permet de retrouver le déroulement de moments de vie…
Aujourd’hui, j’ai fait écrouler un tas par inadvertance.
En me penchant pour le relever, mon regard est passé sur une étagère.
J’ai vu un souvenir.
Les pages collées par les ans, je n’y vois que « Rue Turgot ».
Pas plus.
Un jour ça va sécher.
Il s’ouvrira…
 Je ne sais pas ce que vous en pensez mais c’est l’effet que ça me fait.

mercredi, 17 mai 2017

Transports...

« Euh… Minou… Tu te la pètes là… »
Et puis vos commentaires, lectrices chéries…
Je suis du coup gêné de la note que j’ai commise hier.
Heureusement, la série de mésaventures qui m’a accompagné pendant mon après-midi parisien m’a ramené à une plus juste perception des choses.
Tout seul comme un grand, je suis allé chez le médecin.
Il m’a ausculté, n’a rien trouvé à redire.
Il a aussi évité de me dire que je suis plus douillet qu’Heure-Bleue qui souffre plus que moi et tout le temps.
Après avoir trouvé qu’une moyenne de deux cachets analgésiques tous les deux ans était une consommation raisonnable, il a rédigé l’ordonnance qui m’éviterait de me fâcher avec mes pharmaciennes, dont je n’ai jamais vu les cornues mais qui m’ont avancé le médicament.
Horriblement plié par la douleur, bon, honnêtement, avec un reliquat de léger mal de dos, je suis reparti.
Et c’est là que ça a commencé à se gâter.
Je me suis d’abord dirigé vers la République avec l’idée de prendre le métro.
D’un pas finalement alerte, celui qui m’a fait monter au front la honte de gaspiller les sous de la Sécu, je suis arrivé au métro Temple.
Las… Une horde de flics en barrait l’accès me poussant à aller sur la place.
Je me suis arrêté un instant puis ai remonté le boulevard vide de toute circulation, dans l’espoir de prendre le20 qui m’amènerait à Saint Lazare.
L’affichage m’appris que le prochain arriverait dans « 74 min », autant dire jamais.
Il m’apprit aussi qu’une ligne de métro était à l’arrêt pour cause de colis suspect et qu’une autre l’était « pour cause d’incident voyageur »…
J’ai prévenu la lumière de mes jours que j’arriverai probablement vers la fin de la semaine.
Elle a eu l’air de dire que c’était parfait…
J’ai continué sur le boulevard.
Passée la porte Saint-Martin, l’entrée du boulevard de Strasbourg est squattée par une population croissante de petits commerçants sans compta ni boutique, de voyants, de marabouts, de marchands d’orviétan et de vendeurs de montres sur l’origine desquelles il valait mieux ne pas se pencher…
J’étais content d’avoir encore mon smartphone, ma montre et ma carte Visa…
Le calme est revenu à Strasbourg-Saint Denis.
Là une dame, genre pruneau sud-américain, m’a dit « bonjour ».
Je devrais me méfier de la tendance qui me fait me conduire en véritable nunuche en pleine rue et répondre poliment à ceux qui me saluent.
Idiot que je suis, j’ai répondu « bonjour madame ».
Avais-je l’air d’être dans une misère sexuelle si profonde, où simplement je n’avais pas Heure-Bleue accrochée à mon bras ?
Toujours est-il qu’elle s’approcha de moi en disant :
- Toi faire amour ? C’est vingt-cinq. »
- J’ai une tête à aimer les brunes ?
Usée par des années de tapin, elle avait sûrement appris des tas de trucs sur les Français mais pas le français, elle m’a fait peine.
Tandis que je continuais ma route, elle marchait à mon côté et insista :
- Toi pas vouloir alors ? Mais toi brun !
J’ai dit :
- Oui mais toi pas rousse…
Elle a haussé les épaules et m’a estourbi d’un :
- Pfff… Toi vouloir amour, pas vouloir cul…
C’est quand je suis arrivé au croisement de la rue Auber et du boulevard Haussmann que le 20 m’a dépassé.
À deux cents mètre de Saint Lazare.
En arrivant, les ascenseurs que j’avais pris au début de l’après-midi étaient déjà en panne…
Ça m’a rappelé « La chèvre », la scoumoune des transports habituellement réservée à Heure-Bleue a déteint sur votre serviteur…