mercredi, 11 mars 2009
Des spots éclairés
Outre les jouets, les habits, inondés de lumière par des spots aveuglants qui empêchent d'en voir les défauts, sont une manne, les femmes, menées par une maladie génétique endémique, persistant à jouer à la poupée jusque tard dans leur vie.
Le flot des cadeaux à la Merveille coule donc toute l’année mais avec une crue autour de la date de son anniversaire.
Je fus la cible de ce jeu des cadeaux, pervers autant que féminin, il y a peu.
On croit habituellement que le seul inconvénient de la mode, c'est que ça se démode.
Eh bien non ! Divers dommages aussi collatéraux qu'inattendus dévastent les garde-robes des « fashion victims ».
Figurez-vous que ma belle-fille, qui sévit dans la mode, chez « un créateur à dé-cou-vrir-ab-so-lu-ment » a tenu à m'offrir une paire jean's « aach'ment in, mais alors, gravissime ! »
C'est gentil. Très gentil.
Ca ressemble aux Newman des années 60, velours milleraies, de couleur indéfinissable, exceptionnellement à ma taille (d'habitude, ce « créateur » fait des trucs qu'un gamin de plus de douze ans malingre a du mal à enfiler et la gamine qui n'est pas anorexique peut laisser choir de suite l'idée de s'habiller chez lui).
Une différence tout de même, l'original durait plusieurs années sans faiblir, même chez votre serviteur pourtant prompt à transformer les habits du meilleur faiseur en chiffon informe.
Là, l'épaisseur du velours en question fait qu'on a plus l'impression d'enfiler un pyjama qu'un pantalon. Du coup, j'hésite à glisser dans les poches l'attirail habituel, j'ai peur que ma clef USB, ma clef de maison et autres colifichets et pièces de monnaie n'atterrissent directement dans mes chaussettes.
Heure-Bleue m'a fait remarquer que je devrais marcher la tête haute, fier de porter un jean's qui pèse au moins 200 € (et moins de 200 g...) et d'une marque mondialement connue (je me demande si ce n'est pas uniquement des tribunaux de commerce...).
Bref, je porte cette merveille, comme Cendrillon a dû porter ses escarpins de vair, pendant trois ou quatre jours.
Heureux de la clémence du temps car je ressens le moindre brin de vent jusqu'au tréfonds de mon intimité...Je soupçonne le créateur de faire sa marge en utilisant des esclaves étrangers, non seulement pour couper le tissu à la cote, mais aussi pour le couper en trois dans le sens de l’épaisseur !
Vient alors le moment, normalement anodin, de rendre à l'œuvre du « créateur » la fraîcheur du neuf.
Et là, c’est la surprise ! Figurez-vous que, comme consigne, au lieu des signes cabalistiques habituels, nous expliquant tout ce que l’on ne doit pas faire subir au vêtement –vous avez remarqué ? Ils ne disent jamais ce qu’il faut faire, toujours ce qui est interdit.- il est écrit sur le petit (très petit) bandeau « NE PAS LAVER – NE PAS FAIRE NETTOYER »
J’en déduis que l’œuvre du « créateur » ne doit être portée qu’une fois, puis jetée…
Ma première pensée, empreinte de poésie, fut que ça faisait l’effet de ces statues de glace, si éphémères mais parfois (en fait rarement) si belles.
Ma seconde pensée, pragmatique, est que ce chien de faux créateur, sans illusion quant à la pérennité de son oeuvre et la solidité du tissu, a prévu qu’au premier nettoyage, le pauvre lascar qui tient le pressing du coin de la rue allait retrouver au fond de sa machine une poignée de boutons et une pelote de filasse…
Il a donc interdit toute manipulation visant à rendre propre le jean’s en question, de peur de voir arriver dans son bureau une horde de clients, cul nu, et prêts à lui faire la peau.
Finalement, au lieu d’user des Newman (des vrais, des d’avant, des qui durent) sur les bancs de la fac, de m’échiner à décrocher des peaux d’ânes qui m’ont nourri, sans plus, j’aurais mieux fait de me lancer dans la sous-traitance en Extrême-Orient de fringues qui reviennent à 5 €, qu’une campagne de pub bien conduite m’aurait permis de vendre 200 €.
Pourvu que j’eusse songé à en assurer la fugacité grâce à une petite étiquette disant « NE PAS LAVER – NE PAS FAIRE NETTOYER » …
07:00 | Commentaires (12)
Commentaires
Si tu fais le tri sélectif dans quelle poubelle vas-tu le mettre?
Écrit par : mab | mercredi, 11 mars 2009
Mab : au compost ! Un truc pareil a toutes les chances d'être biodégradable...
Écrit par : Milky | mercredi, 11 mars 2009
C'est dingue ça ,comment fait on il faut le porter crasseux jusqu'à ce qu'il ne tienne plus .Ils ont des drôles d'idées ces créateurs et en plus ils s'en mettent plein les poches .Bonne journée
Écrit par : lianne | mercredi, 11 mars 2009
Autant sortir cul nu !!!! Sûr que là, tu as du succés, plus qu'avec ce futal !
Je suis un jour monté aux Ménuires, pour faire un barbecue dans une pizzeria, devant être fini pour la Noël . Il fut fini l'avant veille.
Le gars, m'a logé dans un studio et m'a garni mon lit de drap en papier. Tu parles, je n'ai pas dormi de la nuit. Le lendemain matin, je descends avec ma valise et lui dis" je repars, faites faire le four par un autre compagnon.
J'ai l'habitude de dormir dans des draps et pas du PK." -"Ce matin, j'envoie ma femme de ménage les changer."
La pauvre, la chambre était garnie de confettis !!
Tu sais pour les futals, rien ne vaut le velour-côtelé, en cette saison. Ca ne fait pas jeune, mais ça tient chaud !!
Écrit par : patriarch | mercredi, 11 mars 2009
Une bonne adresse : http://www.coop-guilvinec.com/
là c' est du solide ....
Écrit par : Boutoucoat | mercredi, 11 mars 2009
Waouh, j'ai jamais porté un jean's de ce prix là, ça doit faire un sacré effet, je crois que j'oserai pas bouger.... par contre, le newman j'en ai porté, et je crois meme que mon premier jean's était un newman et j'étais fière avec ça, j'en foutais plein la vue aux copines, à l'époque c'était chic....
Bon bein... fais gaffe de pas attraper froid quand même, t'es pas rue Bograshov.....
Écrit par : ysa | mercredi, 11 mars 2009
Le dernier pantalon cher que j'ai acheté à mon fils était fabriqué en Chine , j'ai vu ça en examinant l'étiquette pour le lavage , la marge bénéficiaire ce n'est pas moi qui l'ai encaissée , on se fait avoir !
Écrit par : Brigitte | mercredi, 11 mars 2009
tu le portes assez longtemps, et hop, tu le racles au couteau, en faisant gaffe aux boutons, et c'est reparti pour un tour!!!
Écrit par : tarmine | mercredi, 11 mars 2009
eehh oui! si on avait su! mais je suis sûre que j'ai bien fait de les user mes jeans car je n'y entrerais plus!!
Écrit par : Marie-Madeleine | jeudi, 12 mars 2009
J'ai du mal à croire ce que tu racontes. Non pas que je ne te fais pas confiance mais ce genre de démarche est vraiment abusé.
Si je regarde le jean que j'ai sur moi aujourd'hui je vois que c'est un RicaLewis et qu'avec le prix du tiens, j'aurais pu en acheter une dizaine pendant les soldes. De plus, pour ce prix là, j'ai la chance de pouvoir le mettre dans ma boite à laver le linge.
Écrit par : Thygo | vendredi, 13 mars 2009
Alors tous à la coop du Guilvinec pour du solide !
Peut-être que tu peux le rapporter chez le Créateur une fois qu'il est sale, et on t'en donne un propre ?
C'est ça le monde du luxe ! Pauvres de nous !
Écrit par : Fauvette | vendredi, 13 mars 2009
faut croire que ce modèle se porte "culotté" comme une bonne vieille bouffarde !
Écrit par : Mamie Dany | vendredi, 13 mars 2009
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