samedi, 26 septembre 2009
O tempora, o mores...
La note d'Heure-Bleue ramène à l'avant-plan de ma mémoire le souvenir de cette histoire, venue d'un "temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" et vue sous un autre angle.
Figurez vous qu'à cette époque bénie, malgré le passage du premier choc pétrolier, il y avait plus de boulot à faire que de gens pour le faire, ce qui permettait aux chercheurs d'emploi de faire la fine bouche.
Donc, Heure-Bleue, en pleine forme, libérée de l'obligation de consacrer toutes ses journées à occuper notre bambin pendant presque trois années sabbatiques, se mit en tête de remplir ses journées d'autre chose que les papotages de square, aussi peu variés qu'enrichissants, et contre rémunération.
Elle trouva donc l'entreprise qui aurait pu, si tout avait bien marché, lui apporter ce qu'elle cherchait.
Située à 5 minutes à pieds de chez nous, travail peu salissant, sauf pour le bout des doigts, salaire intéressant, mutuelle avantageuse et tout et tout.
Bref, le rêve.
Là où ça a commencé à déraper, c'est lors de l'entretien initial (et unique) dont voici la substance:
-Bonjour madame, comment avez vous connu notre maison ? (A l'époque, on disait comme ça, même au Comptoir Lyon-Allemand, négociant en métaux précieux).
- Mon beau-père, qui travaille près de chez vous et est client m'a parlé de vous.
- Parfait, et quelles sont les raisons principales qui vous ont poussée à présenter votre candidature ?
- Euh...C'est à côté de chez moi.
- Bien...Et puis...
- Ca n'a pas l'air épuisant et il y a un 13è mois.
Léger hoquet de la dame.
- Mais encore ?
- En fait mon fils est assez grand pour aller à la maternelle et je m'ennuie un peu.
- Bien, madame, vos motivations, pour louables qu'elles soient n'entrent pas vraiment dans le profil que nous recherchons. Je ne pense pas que vous serez choisie.
- Mais enfin, madame ! C'est moi qui choisis !!!
Je dois dire que, bien que l'époque ait été plus douce, la narration de l'épisode m'a laissé pantois.
Du coup, le gamin est resté assez peu de temps à la maternelle, suffisamment suffisamment toutefois, pour qu’Heure-Bleue ait le temps de dire à une maîtresse ayant fait vœu de célibat et de chasteté qu'elle pourrait lui expliquer comment on élevait les enfants quand elle en aurait elle-même fabriqué un.
Alors, quand le Pôle Emploi (aussi bien nommé que "Plan de sauvegarde de l'Emploi" quand une boîte se prépare à virer en masse son personnel) demande à certains de "formaliser leur projet de vie" alors qu'ils n'ont seulement, et pour beaucoup, qu'un bête "objectif de survie" on se demande s'il n'y a pas déconnexion franche avec la planète.
C'est tout l'intérêt de bien gagner sa vie, ça permet d'apprécier joyeusement ce type de réaction.
Voilà pourquoi je vis avec Heure-Bleue depuis longtemps...
13:43 | Commentaires (3)
Commentaires
Sourires !!! Il faut le faire ce dialogue !
Allez, bonne fin de semaine chez vous.
Écrit par : patriarch | samedi, 26 septembre 2009
La version d'HB était un peu courte, là c'est encore mieux.
Écrit par : mab | dimanche, 27 septembre 2009
Nous reconnaissons là, dans ce dialogue, le merveilleux sens de l'humour d'Heure Bleue!
Moi, Pôle Emploi, ça me fait penser à Pôle Nord, exil, fonte des glaces... va savoir!
Écrit par : AfricaDelice | dimanche, 27 septembre 2009
Les commentaires sont fermés.