samedi, 31 mars 2012
Des infects scions…
La note de Mab m’amène à une de ces considérations philosophiques sans aucun intérêt qui ont le mérite de me permettre de gloser et d’agacer Heure-Bleue.
Mab y remarque que ses petits-enfants semblent immunisés contre tous les ennuis qui frappent les gens qui ne sortent de leur salle de bain que pour monter dans leur voiture et ne sortent de leur voiture que pour entrer dans leur bureau.
Heure-Bleue est une victime de cet excès de propreté.
A force de se décaper, elle a certes une jolie peau.
Malheureusement elle est du coup affligée de plein de « tikounim » qui déconnent –demandez à Ysa, elle vous dira tout sur les « tikounim »-...
Tandis que moi, entraîné à une propreté toute relative par un séjour chez les frères, à part un cancer –qui n’est pas une maladie infectieuse mais une maladie emmerdante-, je ne suis pas particulièrement ennuyé par tous ces machins.
Ces bestioles et virus qui pourrissent la vie des « trop propres » sont efficacement éliminés par un système immunitaire entraîné par de nombreuses années de fouilles dans les débarras et de passages rapides devant le robinet.
Bon, en grandissant, course au câlin oblige, il faut bien sacrifier au dieu Savon –les filles sont assez bégueules du nez…-.
Tandis que, comme pensionnaire, face à ce qui ressemble à un abreuvoir surmonté d’un tuyau percé à intervalles réguliers, quand vous êtes torse nu au mois de février, vous y regardez à deux fois avant de chasser les microbes à coup d’eau glacée…
Quant à passer un gant en dessous de la ceinture, n’y songez pas un instant.
« Les grands » eux, étaient un poil plus surveillés à ce sujet mais à peine, des fois que… « les endroits honteux », hein…
Même le samedi, la douche des petits –dont j’étais- arrivait après celle des grands.
La réserve d’eau chaude étant depuis longtemps épuisée, il fallait nous voir, collés contre le mur de la douche pour éviter le jet glacé qui sortait du pommeau.
Jet heureusement assez maigrelet pour nous éviter un arrosage massif.
J’ai souvenir qu’un jour de maladie du « frère inspecteur », ce dernier fut remplacé inopinément par un autre frère, que j’aurais tendance à appeler « frère farceur ».
Avant le départ pour la famille, le « frère inspecteur », connaissant notre habileté à éviter les gouttes d’eau , nous mettait en rang dans la cour et exigeait que chacun retirât sa chaussure et sa chaussette droites.
Tout se passait généralement bien, une rangée de pieds droits presque pas sales se découvrait.
Las, « frère farceur », ce jour de remplacement exigea « dehors les pieds gauches !»
Une rangée de pieds noirs émergea, retardant d’une bonne heure le départ…
Une de mes relations des milieux audiophiles –des caractériels prêts à se déchirer pour savoir si l’aigu de telle enceinte acoustique est « filé » ou « piqué ».
En fait, c’est eux qui sont souvent « piqués ».
Bref, la relation en question, que je croise une fois par an –et pas tous les ans- est biologiste-généticien de son état.
Il confirma, à l’occasion d’une discussion, que la disparition de « la vaccination de caniveau » causait, depuis des années, une recrudescence gênante de maladies telles la maladie de Crohn pour cause d’hygiène forcenée.
Bref, il estimait que le monde occidental, poussé par les « je le vaux bien » divers confondait « être propre » et « être aseptisé comme un bloc opératoire ».
10:48 | Commentaires (10)
vendredi, 30 mars 2012
Consommez durable !
Bouffez du lapin !
D'abord, c'est (encore) pas trop cher et c'est bien utile d'avoir au moins un poste sur lequel on peut économiser.
Ensuite, vu la tournure des événements (Milky, là, tu es contente ?), il n'est pas inutile de rappeler que le lapin n'est pas un animal pleutre et insensible.
En effet, il ose entrer dans nos gamelles et s'entend très bien avec ses camarade de cuisson, l'oignon saucier (si ch... à éplucher mais si agréable à souffler dans la figure de sa moitié) et le vin blanc -ce truc qui, une fois cuit, rend la sauce délicieuse mais vous donne une haleine de coyote du plus bel effet si vous tentez un rapprochement avec votre moitié-.
Mais, bon, je ne voulais pas vous parler du lapin à la sauce au vin blanc.
Mais n'oubliez pas quand même les chanpignons sans lesquels le côté destroy du lapin serait incomplet, quand vous les faites revenir, Heure-Bleue veut partir, ça saute partout et vous êtes bon pour lessiver les murs.
Où en étais-je... Ah Oui ! Au fait qu'il fallait « faire des économies».
Malgré ce que nous racontent nos ministres, plus économistes qu'économes et plus économes qu’économiques, il semblerait que les « heures sup' défiscalisées » et "déchargisées" coûtent plus cher qu'elles ne rapportent.
Aux dernières nouvelles ça représenterait 3.8 milliards d'€uros de plus pour les employés et 4.1 milliards de moins pour l'Etat.
Je vous laisse deviner dans la poche desquels viennent d'atterrir les 300 millions d'€urois d'écart...
Les économies c'est finalement nos pommes qui ont dû les faire.
Sur la nourriture, sur l'aménagement de nos logements, sur notre habillement, mais surtout sur notre santé.
En effet, la copine avec qui je papote quand je vais à mon centre de Sécu me l'a avoué.
Oui, j'ai mon centre de Sécu et je suis obligé d'y aller car il y a toujours un truc qui déconne, le site ne répond pas, ou mal, les données ne sont pas à jour, etc.
Ils feraient bien d'acheter des ordinateurs, des vrais, des qui marchent aussi bien que ceux des lascars qui nous pourrissent nos boîtes de mail avec des spam.
Bon, revenons à nos lapins.
Je demande donc à la miss de l'accueil :
- Combien de sous m'a-t-on piqués au titre de cette franchise qui, selon Roselyne, ne devait me coûter que 50 € par an ?
- Eh bien c'est très simple : 18 € me dit-elle.
- Ah ? J'avais cru remarquer que c'était plus...
- Bon, en fait, c'est aussi 18 € de plus mais pour vos médicaments.
- Mais, on m'avait dit, que ça me coûterait 50 € par an, pas plus.
Roselyne, à l'époque, avait même ajouté « tout le monde peut payer 5 € par mois pour les pauv'tits Alzheimeriens ».
On voit bien qu'elle ne manque pas d'€uros.
Encore une du genre à dire « Mais de quoi se plaignent-ils ? Je ne manque de rien ! »
- Eh bien, je ne veux pas dire que Roselyne vous a b...euh...menti, mais elle ne vous a pas dit, et la Sécu non plus, que c'était 50 € pour les soins et actes biologiques plus 50 € pour les médicaments, donc 100 €.
- Alors comme ça, le seul avantage vraiment intéressant du cancer a disparu ?
Elle, un peu gênée
- Ben voui...Remarquez, si vous êtes diabétique, asthmatique ou cardiaque c'est pareil...
- Ah bon, me voilà rassuré. Mais pourquoi la Sécu n'achète-t-elle pas 10 tonnes de pentobarbital ?
- Euh...Pourquoi ça?
- Ben comme ça, à raison de 10g injectés par malade en ALD, ça permet, pour une somme modique de se débarrasser d'un seul coup d'un million d'assurés qui coûtent cher ! Et Hop ! La Sécu est renflouée.
Comme statistiquement, il est probable que ces malades en ALD soient vieux et mariés à des conjoints qui ont une pension de misère, en deux mois les conjoints sont morts de faim et le problème des retraites est réglé du même coup !
- Oooohhh ! Monsieur !!!!
En revenant, déçu par la veulerie du gouvernement et à pieds pour voir si Monoprix était ouvert (ces hyènes de caissières prétendent avoir leur part des résultats mirifiques du groupe au prétexte qu'elle sont payées une poignée de lentilles pour 33 H hebdomadaires, feignasses !).
Mon Monoprix est ouvert.
Il n'y avait plus de lapin.
Il n'y avait que quelques clients et quelques caissières.
Il ne restait dans ce Monop’ que des pigeons, en somme...
Ah... La méprisance dans laquelle on nous tient...
16:56 | Commentaires (4)
dimanche, 25 mars 2012
Les marchands de vain.
Non, je ne vous parlerai pas des candidats à l’élection présidentielle.
Je vais vous faire un « marronnier », comme tout media qui se respecte.
Je vous parlerai des aimables farceurs qui, chaque année, arrivent en même temps que le printemps, les pollens et peu avant les feuilles d’impôt.
Ces gentils babillards sont intarissables sur un fait qui aurait dû les inciter à un minimum de prudence mais surtout à se renseigner sur des cycles quasiment immuables.
Quoique vieille idée que Benjamin Franklin émit au XVIIIème siècle, elle fut reprise puis abandonnée à maintes reprises, avant d’être instaurée chez nous et ailleurs depuis trente-quatre ans.
Il s’agit, bien sûr de l’heure d’été.
Au mépris de toute étude sérieuse mais avec force arguments politiques –j’aurais plutôt dû parler d’arguties- elle nous fut imposée au prétexte d’économiser du pétrole.
Les chiffres de l’époque étaient déjà éloquents : trois cent mille tonnes de pétrole avaient été censément économisées.
Sur les cent millions de tonnes importées à l’époque, ça représentait l’énorme proportion de 0.3%...
De plus, cet équivalent d’un tanker n’entrait pas même dans la « zone de bruit de fond » de l’importation pétrolière.
Autrement dit, on nous bourra le mou.
Mais, chaque année, on nous sert le même couplet.
Le fait que les effets sur la santé semblent coûter bien plus cher que les théoriques économies d’énergie ne trouble personne.
Mais ce que je trouve particulièrement agaçant, c’est qu’il ne se trouve pas un seul intervenant pour remarquer un détail frappant.
Probablement parce qu’il est gênant…
A chaque tour de notre planète autour du soleil, grosso modo, on constate il n’y fait jour qu’environ huit heures l’hiver et environ seize heures l’été.
Quoiqu’on fasse, on n’est pas prêt de changer la chose.
Décaler les heures ne changeant rien à la durée d’ensoleillement, l’avancer permet de retarder l’allumage des lumignons le soir.
Mais comme il faut allumer le chauffage et la lumière une heure plus tôt, le bénéfice n'est pas flagrant.
Même le Sénat s'en rend compte régulièrement, c'est dire l'efficacité de la mesure…
11:41 | Commentaires (6)
vendredi, 23 mars 2012
Je vous présente mes meilleurs vieux…
Vous avez vu ?
Il fait beau et la température est -enfin- clémente.
Ça permet de s’apercevoir que les filles ont une peau en peau, pas en gore-tex, toujours ça de pris.
Du coup je me sens rajeuni de quarante-quatre ans, pile poil.
Et ce matin, comme tous les matins, j'écoute France-Inter.
L'indicatif (non, je ne dirai pas le «jingle») du bulletin d'infos de sept heures est celui de mes dix-neuf ans.
Ce matin j'ai dix neuf ans.
J'entends Alain Geismar et Daniel Cohn-Bendit, qui n'est encore que Dany le Rouge occupés à renvoyer Charles de Gaulle à ses chères études. Ce dernier est en train de m'expliquer, alors que le temps est superbe, que je dois renoncer à « courir le risque de l'aventure » et, piquant le mot à Rabelais s'exclame « Mais c'est la chienlit ! ».
Pfff... Vieux con, va...
Je ne prête pas encore attention au fait que Violette Leduc et Roger Peyrefitte risquent la taule pour leurs préférences en matière amoureuse, occupé que je suis à essayer de satisfaire les miennes.
Je suis tout de même moins fainéant que je ne le deviendrai, je persiste à lire Sartre, Balzac et Châteaubriand.
Et se taper les Mémoires d'Outre-tombe en y prenant plaisir, faut être un peu masochiste...
C'est une époque saine, où les forces de l’ordre jouent un rôle actif dans la discipline sportive de la gent estudiantine, toujours prompte à s’avachir.
Ces braves gens en uniforme nous assurent un entraînement à la course quasi quotidien, et, en échange, reçoivent quelques cailloux qui leur donnent du cœur à l’ouvrage.
C'est l'occasion de remarquer que l'étudiant romantique et maigrelet, plus musclé de la langue que des mollets, court nettement moins vite que le CRS entraîné et bien nourri...
Je dois dire que toutes les tentatives de les amener à leur tour sur les bancs des amphis furent un échec. Sauf une fois où ils entrent à la Sorbonne.
Ils en sortent d’ailleurs aussi peu diplômés qu'ils y sont entrés, les tentatives de la jeunesse pour éduquer les générations précédentes sont parfois décevantes...
Pour ma part, je suis travaillé par bien d’autres soucis -rien à voir avec les exams, toutefois- j’ai au cœur l’angoisse que ma copine du moment ne se jette dans les bras du premier trotskyste venu, sans doute un traître à la cause du peuple, que dis-je, un social-traître. Me laissant alors le cœur brisé, la cervelle vexée et les convictions politiques ébranlées. (La suite donnera raison à mes angoisses, cette hyène se maqua avec un maoïste, fanatique de la « Révolution Culturelle», pour qui le côté révolution était plus réussi que le côté culturel.
Mais « il a de si beaux yeux » dit-elle, la s...
Bref, cette blessure guérit d’autant plus facilement que c’est l’âge béni où l’on peut avoir trois chagrins d’amour par semaine sans risquer l'infarctus.
Le cœur est décidément une machine plus solide qu'il n'y paraît...
Quoique d’un caractère peu enclin à pleurer sur le lait renversé, je reprendrais bien un peu de ce mois de mai 68, surtout qu’à l’époque, ce qui m’empêchait de courir, c’était la flemme, pas la clope…
Et puis, c’était une époque où l’on réclamait avec force le droit à vivre, pas à survivre.
C'était ma contribution à l'arrivée du printemps qui, comme chaque année, me fait rêvasser à mai 68, époque bénie ou il faisait beau.
Un vrai temps à émeutes...
08:40 | Commentaires (7)
jeudi, 22 mars 2012
Les extrêmes satyres.
Dénoncer les discours qui glissent plus ou moins discrètement que c'est "l'autre" qui est la cause de tous nos problèmes.
Dire tout haut qu'il est toujours plus facile de trouver des boucs émissaires que des solutions.
Ne pas oublier qu'il y aura toujours
- Un Juif pour être « le youpin riche » ou « le banquier rapace ».
- Un Juif pour être « l’assassin du Christ » en oubliant que Jésus était juif…
- Un Arabe pour être « le voleur de ma mobylette ».
- Un rebeu pour « agresser un vieux ».
- Un noir pour « glander au lieu de balayer».
- Un étranger pour « profiter des allocs ».
- Un chômeur pour « frauder la Sécu ».
- Un Chinois pour nous « voler nos emplois ».
- Un Polonais pour « réparer nos robinets à la place de nos plombiers».
- Un Rom pour « piquer notre larfeuille ».
- Un musulman pour « prier dans la rue ».
- Un « fondamentaliste terroriste ».
Bref, il se trouvera toujours quelqu’un pour prétendre, comme Tristan Klingsor dans son « Shéhérazade » que
« Je voudrais voir des assassins souriants
Du bourreau qui coupe un cou d’innocent
Avec son grand sabre courbé d’Orient. »
Bref, tant qu’à touches plus ou moins discrètes -en fait souvent épaisses-, il se trouvera des malades qui ne conçoivent le monde que comme un ramassis d’étrangers dont on doit au mieux se méfier et que l’on doit au pire haïr, les choses empireront.
Tant que l’on exploitera les craintes des plus faibles pour désigner à la vindicte publique « l’autre dangereux », le beur de base sera indûment contrôlé.
Tant que l’on exploitera la détresse du chômeur pour désigner « le Noir qui pique son emploi » -en oubliant que la seconde précédente on lui reprochait de ne rien foutre et d’exploiter la CAF-, la haine de l’autre croîtra.
Quand on pense que toutes ces « ficelles » sont tirées à loisir par certains qui n’ont guère en vue que la prochaine échéance électorale, et que ces « certains » ne sont pas avares des leçons d’une morale qu’ils piétinent allègrement…
Ce n’est même pas la peine qu’ils aient honte, on a honte pour eux.
Ils me font honte…
08:21 | Commentaires (6)