dimanche, 22 juillet 2012
L’été 1963...
Cet été 1963 me vit de nouveau, et pour la dernière fois sans les parents, chez ma tante en Bourgogne.
Tous mes amis étaient maintenant « casés », pas avec les amours précédentes évidemment et il n’était pas question, sauf à risquer une bagarre, de ne pas respecter la recommandation biblique qui dit de « ne pas convoiter la femme de son voisin ».
Beaucoup se marieraient plus tard avec les mêmes.
Sauf à étendre le champ de nos promenades, une dure période de solitude se profilait et menaçait de gâcher mes vacances.
Je fus sauvé –et elle aussi- par l’arrivée chez « la Madeleine », une vieille amie de ma tante, de deux filles, à Madeleine confiées par la famille « parisienne ».
Pourquoi « parisienne » ? Parce qu’en fait ces deux filles n’étaient pas des Parisiennes mais habitaient du côté de Clichy. Fausses Parisiennes !
Ces deux filles étaient deux cousines plutôt jolies, mais je trouvai l’une vraiment très jolie.
Du moins correspondait-elle à mon goût en matière de filles.
Elle avait les yeux clairs et les cheveux châtains, de ceux qu’on dit « auburn ».
Manifestement, à défaut d’être fidèle à une fille, j’étais –et suis toujours- fidèle à un genre de fille.
Mon regard, suite à mon expérience malheureuse en chimie, avait quelque chose qui n’était pas sans rappeler celui de Jean-Paul Sartre et je me dis que l’affaire était pour le coup mal engagée. Il allait falloir ruser …
Tel le loup de la fable « Le cheval et le loup » je me dis « rusons donc » et espérai, priant un dieu auquel je ne croyais pas, ne pas finir, comme ce loup, avec « une ruade qui vous lui mit en marmelade les mandibules et les dents » .
Bref, en tournant quelques compliments pas trop flagorneurs et considérations bienvenues je commençais d’intéresser la belle.
Une chose fut absolument décisive pour le succès de mon entreprise.
J’avais eu cette année-là un professeur de lettres un peu cinglé qui, sous n’importe quel prétexte, vous collait « dix sonnets pour vendredi prochain !»
Vous vous mouchiez un peu bruyamment en classe ?
« Dix sonnets sur les trompettes de Jéricho, monsieur Le Goût ! Et pas dix fois le même ! ».
De plus, ce fou avait une culture encyclopédique ce qui fait que toute tentative de « pomper » sur un poète ayant vécu et écrit entre Aristophane et Blaise Cendrars se soldait pas une colle pour tricherie et dix sonnets de plus.
Cet entraînement efficace à la versification sur n’importe quel sujet me rendit le plus grand service.
J’avais pu observer que les filles -et, soyons honnêtes, les garçons aussi- adorent qu’on leur parle d’elles.
Si en plus c’est en vers, le succès est assuré…
Le but des gamins de nos âges, contrairement à ce que nous nous racontions entre nous, n’était pas « d’accrocher une conquête à notre tableau de chasse », non, nous étions simplement –comme si on pouvait dire «simplement» en la matière…- amoureux.
Et nous espérions tous, quoi que nous en disions, qu’elles étaient aussi amoureuses de nous que nous l’étions d’elles…
Certaines choses semblaient immuables dans la Bourgogne de ma tante, ce qui facilita les choses.
Jacques S., était toujours passionné par le Tour de France et la grande sœur d’Arlette.
Et, toujours comme tous les ans, les roseaux étaient en tas le long du canal.
Nous nous y promenions, je n’osais pas encore lui prendre la main, me contentant de l’écouter et lui disant des bêtises qui la faisaient parfois rire.
Un après-midi, c’est elle me prit la main –encore ? Eh oui, j'ai toujours été timide !- et nous passâmes le reste de la journée à marcher le long des chemins.
Mon dieu ! Que nous avons marché ! Si on nous avait payés au kilomètre, nous serions devenus millionnaires dans la semaine.
14:45 | Commentaires (7)
Commentaires
là, on reconnait de vrais émois! la suite en devient presque moins importante!
Écrit par : emiliacelina | dimanche, 22 juillet 2012
c'est vrai ça : on marche beaucoup au début !
Écrit par : liliplume | dimanche, 22 juillet 2012
Les filles ont toujours su faire marcher les garçons
Écrit par : mab | lundi, 23 juillet 2012
C'est touchant et très évocateur ces longues marches main dans la main...
Écrit par : lakevio | lundi, 23 juillet 2012
Au début les filles vous font marcher mais après elles vous font courir !! prochaine étape !
Écrit par : maevina | lundi, 23 juillet 2012
elle lit tout ça heure Bleue...? hihihi...C'est très bon la marche quand t'es môme car après en vieillissant on ne marche presque plus...! tu es toujours aussi timide...? j'adore cette période de nos vies...
Écrit par : mialjo | lundi, 23 juillet 2012
J'ai beaucoup sourit aux "kilomètres de marche" c'est tellement mignon
Écrit par : ange-etrange | vendredi, 10 août 2012
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