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dimanche, 11 mars 2012

Lemmy public numéro un…

Je vous ai déjà parlé de mon père ?
Pas trop. En revanche, je vous ai dit que ma mère l’appelait « Lemmy ».
Et aussi que je vous dirai pourquoi.
« Lemmy » fait partie d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Celui de Peter Cheyney, de « La môme vert de gris » et de « Les femmes s’en balancent ».
Celui aussi des films traçant les aventures de Lemuel Caution, dit « Lemmy Caution ».
Et c’est à lui que faisait référence ma mère quand elle appelait mon père « Lemmy ».

Mon père ce héros au sourire si doux, était, jeune homme, doté d’un caractère ombrageux. Cinquante trois mois de campagne, entamés avec le débarquement en Tunisie et terminés en Allemagne vous forgent un caractère.
Promenade de santé ponctuée par le débarquement en Sicile, le débarquement en Italie, la bataille de Monte Cassino, le débarquement en Provence et la bataille des Vosges qui lui a laissé son plus mauvais souvenir –soixante deux jours sans se laver, au fond d’un trou gelé dont on ne pouvait sortir la tête sans se faire canarder-.
On comprend bien que ça agit sur le caractère et que les médailles récoltées sur les champs de bataille n'y changent rien...

Mon père donc, au sortir des rigueurs de l’hiver –là je pompe honteusement La Fontaine-  aperçut ma mère et « fit une fixette », comme disent les djeun’s.
Comme « il la kiffait grave » et qu’elle était d’accord, ils décidèrent de se marier.
(En fait, j’appris plus tard que, tout comme au boulot et contrairement à ce que prétendit longtemps ma mère, l’acompte est l’âme de l’entreprise familiale.)

Bref, la veille du mariage, déjà, « Lemmy » pointait sous le père du goût-des-autres.
Ma mère dut aller le chercher au commissariat car il avait baffé un type.
Pendant notre prime enfance, elle dut le calmer, le cajoler –il a fait des cauchemars épouvantables jusqu’au milieu des années cinquante- et faire attention à ne pas susciter l’attention d’autres mâles dans la rue…
Il était, selon elle, l’Eddie Constantine –immortel interprète du rôle de « Lemmy Caution » - du quartier.
Le seul souvenir que j’aie de ce rôle fut de voir mon père traverser la rue pour demander des explications  à un homme qui avait eu l’imprudence de regarder ma mère avec trop d’insistance depuis le trottoir d’en face.
Heureusement, il était doté d’un assez solide sens de l’humour .
Humour hélas pas toujours apprécié à sa juste valeur.
Comme je le racontais vendredi à Lakevio.
En face de la librairie d’Heure-Bleue, il y avait une boulangerie.
La boulangère avait non seulement des écus mais un sens de l’humour assez mince.
Surtout quand il s’agissait d’argent…
Elle aimait néanmoins assez mon père, bon client grâce à la gourmandise maternelle.
Un jour, dans cette boulangerie, un homme eu le mauvais goût de tomber raide mort devant la caisse.
La boulangère, s’épancha auprès de mon père.
- Vous vous rendez compte Monsieur le père du goût, c’est mon premier mort !
- Hmmm…
- A votre avis, pourquoi est-il mort comme ça ? Dans ma boulangerie !
- De quoi est-il mort ?
- D’une crise cardiaque, ils ont dit !
- Oooohhh… Alors c’est en voyant le prix de vos gâteaux…

La boulangère lui fit la gueule pendant au moins six mois...

jeudi, 08 mars 2012

La femme est l’avenir de l’homme… politique !

Tous les ans on a droit à l'antienne sur la loi qui sera votée pour consacrer l'égalité entre hommes et femmes.

Comme si on n'avait pas déjà tout un arsenal législatif qui interdit toute discrimination en fonction du sexe, de l'ethnie, de la religion, etc.
D’autant que, à ce que j’ai pu constater, les hommes ont plus besoin des femmes que l’inverse.
Rien qu’à voir l’énergie que l’on met à vous courir après…
Je me demande même pourquoi on fait tant d’efforts pour « pécho » comme disent les djeun’s.
En fait, je ne me le demande pas. C’est sûrement la seule occasion où l’homme fait preuve de discernement. Il sait qu’il aura besoin aujourd’hui de quelqu’un pour refaire le lit –la cuisine, on ne compte plus trop dessus…-, de quelqu’un demain pour le soutenir dans l’épreuve du chômage –elles ont l’entraînement-, de quelqu’un pour servir de garde malade après-demain et enfin de quelqu’un pour suivre leur cercueil à la fin –faut toujours quelqu’un pour nous surveiller-...

Finalement, non seulement nous avons plus besoin de vous que vous de nous mais, vous nous câlinez à peine sortis de vous, vous nous maternez jusqu’à notre envol, puis vous nous recâlinez jusqu’à la retraite et vous finissez par nous servir de garde-malade et nous remontez le moral quand la fin approche.
Heureusement, nous pouvons nous venger du bien que vous nous faites en  vous maltraitant au boulot, en vous baffant à la maison, en vous violant dans les caves, en vous tuant « pour l’honneur », cette chose étrange que les hommes placent chez eux entre leurs deux poumons et chez les femmes entre leurs jambes .
Vous nous précédez et vous nous survivez.
Vous commencez seules et finissez seules.
Nous, nous sommes accompagnés tout au long du chemein.

Donc, cette unique « journée de la femme » alors que ça dure toute la vie, c'est se foutre de nous.

Enfin, surtout de vous, Mesdames...

mardi, 06 mars 2012

Les mères veillent.

Vous ai-je déjà parlé de mon père et de sa propension à avoir la langue pointue et sa tendance à préférer perdre un ami plutôt que se taire ?

Oui, il me semble…
Pourtant, en fouinassant dans le coffret « Les années Salut les copains. 1959…1969 » offert par les enfants, je suis tombé sur une perle : « La plus belle pour aller danser » de notre Sylvie Vartan nationale et internationale.

Il m’est revenu, à l’entendre, une de ces scènes familiales qui vous marquent une adolescence.
Alors que nous nous échinions mes sœurs et moi  sur nos devoirs – surtout la sœur du milieu, très fâchée avec les leçons, à tel point que la benjamine et moi-même nous rappelons encore les leçons de la cadette- la radio passa le succès du moment.

Ma mère cousait – elle cousait beaucoup, souvent et très bien-.
Mon père lisait – il lisait beaucoup, souvent et, je crois, très bien-.

La radio fit soudain abandonner les devoirs aux uns sans faire broncher les parents.
Nous écoutions dans un silence que mon père aurait bien aimé nous voir observer pendant les informations…
Et quand l’immortelle Sylvie chanta « Je fonde l’espoir que la robe que j’ai voulue et que j’ai cousue point par point » ma mère ne put se retenir et pouffa « Eh bien, ça doit être du beau boulot… ».
Ça aurait pu s’arrêter là si Mademoiselle Vartan n’avait persisté dans sa chanson avec « Si tu veux ce soir cueillir le printemps de mes jours ».
Mon père eut à peine le temps de lever le nez pour dire quelque chose que ma mère hurla « Lemmy tais-toi !!! ».
J’avais quatorze ans, la cadette treize ans et la benjamine onze ans.
Ma mère n’avait jamais été partisane de l’éducation sexuelle des enfants et elle connaissait assez mon père.
C’est un minimum pour quelqu’un qui vous a fait trois enfants.
Elle savait donc que mon père allait sortir une de ces réflexions un peu lestes qu’il affectionnait.
Avec le recul de l’âge, et ayant su par la suite ce que mon père allait raconter sur la précocité du printemps des jours de la gent du « show biz », je dois reconnaître que ma mère a été prudente.
Je vous raconterai –peut-être- la prochaine fois pourquoi ma mère appelait mon père « Lemmy ».